tag:blogger.com,1999:blog-73045944432716574402024-02-08T05:08:12.608-08:00LE SÉMINAIRELE SÉMINAIRE ───────────────────────────── « avons discuté ça oui avons discuté » - C. B.Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.comBlogger18125tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-36036245271284945882014-09-06T06:18:00.003-07:002014-09-08T00:02:15.243-07:00S 16<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>QUEL GESTE (TECHNIQUE, D'HUMEUR, ÉTHIQUE, ETC.) SYMBOLISERAIT LE PLUS VOTRE ÉCRITURE ?</strong></span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Audrey Whynot</strong> : L'écriture a-t-</span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">elle des symboles ? Bonne question.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Thierry Roquet</strong> : L'amorti de la poitrine et la reprise de volée de mots en pleine lucarne.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Une éjac faciale évidemment.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Autant ta métaphore, Thierry, est concise et me parle, autant la tienne, Walter, manque de précision.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Eh bien je sens le même plaisir à écrire qu'à jouir, souvent en tout cas. Et <em>Pen is Envy</em> est le prochain thème de <span style="color: #948bc4;"><a href="http://mgversion2datura.blogspot.fr/" target="_blank">mgversion2>datura</a></span>.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Christine Saint-Geours</strong> : Le gommage.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Audrey Whynot</strong> : Comment noter l'improvisation (modes, outils, nécessité) ? Gavant.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Tous mes textes parlent de sexe, presque tous. Mon passé britannique de michetonneur est là. Dans les derniers recueils parus dont <em>12x13</em> ce weekend, il n'y en a pas beaucoup qui échappent à la règle. La présentation par l'éditrice de <em>Crossing Puddles</em> (<em>La traversée des flaques</em>) qui paraîtra en décembre chez <span style="color: #948bc4;"><a href="http://www.robocup-press.com/" target="_blank">Robocup Press</a></span> fait clairement référence au sperme, omniprésent. J'écris vraiment comme je jouis. Ma poésie sent la sueur, les sécrétions corporelles, tout autant que des draps trop utilisés. Le geste symbolique de mon écriture est bien une éjac. Et faciale parce que ça se lit. J'ai toujours voulu en mettre plein les yeux.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Voilà, j'ai enfin eu une réponse bien développée. Et j'apprends des trucs, et c'est ce que j'attends quand même un peu de vous tous, oui, un peu.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Walter Ruhlmann</strong> : « Let me cup my mouth / gaping for the dew drops spurting, / erupting from the fruit / not forbidden but blessed instead / by the four Erotes. » Extrait de <em>Bring It Close to My Lips</em> paru dans <span style="color: #948bc4;"><a href="http://www.madhattersreview.com/issue15/index.shtml" target="_blank">The Mad Hatter Review</a></span>, 2014.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Dominique Boudou</strong> : Un geste absent, peut-être, ou coupé ; les mots en prenant la place, ou essayant de la prendre, plutôt. Voilà probablement, pour moi, la question la plus difficile du Séminaire.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais quelle réponse, Dominique. Ça me fait penser à un texte que j'ai lu chez quelqu'un (mais qui ? la profusion FB...) ici il y a peu. Il faut que je le retrouve. A vrai dire je serais bien incapable pour le moment de précisément répondre à ma propre question. Tout ce que je sais c'est que je vais toujours vers le moins.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Guillaume Alain</strong> : Au début l'humeur, comme « au début l'émotion », mais certainement pas l'éthique, les idées, le discours précédant le mot, parce qu'alors là, pour la poésie, <em>no way</em>.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : D'abord ce serait marcher mais pas comme on flâne, plutôt comme une bête brute, avec effort et sans question, en quête d'épuisement. Et puis, je verrais bien un geste de sculpteur. Ce serait tailler dans la masse, raboter, polir, agréger, façonner comme de la glaise... Oui, je vois bien ça comme ça... Et sinon j'ai adoré les réponses de Walter.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Moi aussi je les aime, les réponses de Walter... depuis qu'on est allés plus loin que son premier jet...</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Brigitte Giraud</strong> : Pas d'éthique. Un « geste émotionnel », de concentration pour s'abstraire, et entrer ailleurs. Comme retourner ses paupières vers l’intérieur, pour faire apparaitre quelque chose. Il y a un mouvement, de voix dedans, du langage qui cherche une sortie, on ne sait pas ce qu’elle sera, rien n'est prévu par avance. On a envie de défoncer des portes. On y met de la rage. On tâtonne dans les mots. Pour les faire parler.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : « On a envie de défoncer des portes. On y met de la rage. » Oui, Brigitte, Sôseki dans <em>Je suis un chat</em> évoque le « coup de sang » nécessaire de l'écrivain. Je voulais au départ séparer dans mes suggestions le geste émotionnel de celui d'humeur, mais après y avoir réfléchi un peu, j'en suis arrivé à la conclusion qu'ils finissaient toujours par se confondre. Il s'agit après de faire basculer ce pan souvent négatif de l'énervement en un autre plus positif. Mais il arrive que cet énervement (aussi souvent peut-être) soit directement positif.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Brigitte Giraud</strong> : La rage, c'est ce devant quoi on est. Parfois il est possible de rien. Avec soi et avec l'écriture. Soi est une bonne matière pour le « coup de sang ». Après on se débrouille. On triture une pâte... Plein les doigts, j'aime ça.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />[Lacune.]</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Murièle Modély</strong> : « et je crois / merveilleuse foi / que ma bouche saura tout maîtriser / planter son fanion rose / humide / tout en haut de la hune / je crois qu'à la ligne et au point / la langue suce dissout / le réel »</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />[Lacune.]</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Ce moi, Murièle, pour ma part, me semble dans la chair comme un objet s'égare au fond d'une doublure de manteau quand on a la poche trouée. Mon geste doit donc être un geste de fouille(s) (j'ai fait des études - sabordées évidemment - d'archéologie... Je sais donc depuis longtemps comme tout ça se recoupe) et de retaille, de réajustement... Sinon, Sôseki, dans ce texte, rappelle que le sang est la dernière survivante des quatre humeurs auxquelles croyaient les Européens. Les bile (génératrice de colère « lorsqu'elle coule à l'envers »), atrabile (« qui émousse les nerfs »), flegme (cause de la mélancolie) ont plus tard été écartés à cause du progrès de la science.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Christine Saint-Geours</strong> : Un petit côté obsessionnel, non ? Enfin en ce qui me concerne.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Christine, l'écriture est la reine de mes TOC. Et pas prête d'être détrônée.</span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-70649903526482180952014-09-06T03:51:00.002-07:002014-09-07T02:55:48.183-07:00S 15<br />
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<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>AFFIRMERIEZ-VOUS COMME DOSTOÏEVSKI QU'UN ÉCRIVAIN NE POSSÈDE AUCUNE IMAGINATION ? OÙ TROUVERAIT-ON CETTE PART D'INVENTION ALORS ? CHEZ LE LECTEUR ? INVOLONTAIRE - OU INDIRECTEMENT DESIRÉE - DANS LES ACCIDENTS DU LANGAGE ? EXISTE-T-ELLE ?</strong></span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Cécile Guivarch</strong> : J'aime bien les accidents du langage.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Catherine Ferrière Marzio</strong> : Je dirais qu'il ne la possède pas mais en bénéficie.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Dominique Boudou</strong> : L'imagination n'intervient pas forcément dans l'écriture mais « j'imagine » mal qu'un écrivain en soit totalement dénué. Disons que l'imagination est une composante parmi d'autres, dont les accidents du langage que vous évoquez, les trous dans le discours, les galeries souterraines, les racines et les radicelles qui tissent des tapis de rhizomes dans l'en-dessous...</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Cécile, et ce sont eux qui nous font franchir les obstacles et parfois un cap, qui redonnent un souffle là où le chemin commençait à lasser... Catherine, il est même possible qu'il ne bénéficie que du seul moyen d'en agencer les manifestations. Parce qu'il est dur de ne pas prendre appui sur la réalité, dur d'imaginer quelque chose qui n'a jamais existé, sans un seul élément qui se rattacherait à une chose connue. Rien n'est totalement imaginé. Je crois que cette part d'imagination, Dominique, existe, oui, c'est indéniable, mais on la trouve plutôt dans l'articulation d'une matière que dans la source brute de cette matière. Il faut un appui. Je n'ai aucun exemple d'une écriture sans appui.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Christine Saint-Geours</strong> : Dans le lecteur, nécessairement. Je dirais plus, je pense que tout écrivain (même le pire - s'entendre sur le pire…) a son lecteur qui débusquera l'imagination de l'écrivain pour se l'approprier.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Cécile Guivarch</strong> : Est-ce de l'imagination ou est-ce notre inconscient ?</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Catherine Ferrière Marzio</strong> : Comme l'idée d'un quelconque agencement m'agace : mot de gérant de grande surface. Fuir tout commerce avec ce vocabulaire !</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : « Organisation » aurait été pire, non ? Et non, pour moi ça ne sonne pas comme ça. Faut dire, je ne fréquente pas beaucoup les commerces. Donc je persiste et signe. Et je parle bien sûr de l'imagination et non de l'inconscient, ce sur quoi on peut agir (un peu), et non ce par quoi on « est agi » (beaucoup).</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Catherine Ferrière Marzio</strong> : Ici même nous commerçons pourtant... mais soit.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Brigitte Giraud</strong> : Je ne crois pas avoir beaucoup d'imagination, je crée des liens plutôt entre l’éprouvé et son énonciation, ce qui (à mon sens) va nécessairement dire d'autre chose, faire apparaître d'autres plans, d'autres niveaux d'écriture et bifurquer où on ne sait pas d'abord. Alors l'imagination pourrait se tenir là, dans cette échappée ailleurs, énoncée pour échapper encore dans ce qui sera énoncé d'un éprouvé qui... la plume est indocile et on tient les rênes pourtant... quand on tient quelque chose qui nous semble digne de tourner autour. Moi j'aime bien, tourner autour d'un axe, un sujet, comme d'un mot et le creuser.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Guillaume Alain</strong> : Dans les accidents du langage il y a plutôt trouvaille qu'imagination, du moins tant que ce n'est pas l'idée qui précède le mot, mais le mot par sa rondeur, sa musique, sa couleur amène un autre mot, et de leur collision dans le meilleur des cas apparaît une forme que le lecteur prendra peut-être pour de l'imagination… Mais bon, laissons l'imagination aux romanciers et à leurs lecteurs-clients pas encore adultes qui ont encore besoin qu'on leur raconte des histoires avec tous les bons ingrédients de la narration qui les bercera, les caressera dans le bon le sens du poil et gardons, sans élitisme aucun, l'écriture-peinture-musique, celle qui demeure au plus proche de notre condition commune, qu'on l'approche, la retrouve ou l'appréhende par le regard, l'œil de l'écrivain, du peintre, pas du raconteur d'histoires.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Le Séminaire est une épicerie fine, Catherine. Et c'est là où je commerce le mieux - c'est pour dire... Encore une fois, je suis d'accord avec votre vision de la chose, Brigitte. Créer « des liens plutôt entre l’éprouvé et son énonciation », oui, c'est à peu près ce que je voulais dire, avec ce mot qui agace Catherine. Et c'est dans cet acte de liaison que l'imagination entre en jeu, je crois... C'est amusant de voir, Alain, à quel point on peut être berné souvent par un auteur. Quand une œuvre est éclairée par un entretien, une biographie ou un essai. Ce que l'on croit imagination peut être issu d'un fait bien réel et vice versa. Il y a une part du réel qu'on ne veut pas toujours accepter, à ce qu'il semble, comme il y a une part fictive que l'on tient aussi à croire. Pour « écrire droit » de toute façon il faut presque à chaque fois tordre. Christine : Je crois d'ailleurs que l'imagination tourne à plein régime durant la lecture. Lorsqu'un lecteur évoque ce qu'il voit dans un de nos textes, ça peut aller loin, très loin. Nous entraîner dans quelque chose qui nous est étranger et dont on est pourtant la source. Et cette possibilité même fait que notre sentiment d'échec, ou de réussite, aussi relatif qu'il soit, s'inverse.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Fabrice Farre</strong> : L'accident du langage peut mener loin son auteur (puis le lecteur), tout comme l'accident d'une image qui arrive sans l'avoir demandé : un lieu, un visage, lesquels s'associent « à cause » de tel ou tel mot lié avec un autre. Sans donner le terme savant, une simple erreur de parcours jusqu'au but recherché donne parfois tout autre chose. J'écris par ce que je suis dans l'erreur, par exemple, ou parce que je ne sais pas le faire autrement. Ah non, cet aspect-là du « hasard » ne fait pas du tout sérieux. Peut-être, mais avant d'écrire, il y a si peu d'éléments à l'esprit, voire : il n'y a rien du tout. C'est, en certaines occasions, ce rien qui donne le détachement à l'égard des choses, c'est avec ce rien que le texte est bouclé. Est-ce que l'imagination, à proprement parler, n'existe pas sans tous ces « chemins de travers », évoqués ici ou là dans notre conversation ? Elle est plutôt chouette, cette idée que l'imagination soit une invention, au bout du compte. Tiens, je vais aller écrire.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Dominique Boudou</strong> : On peut dire à Catherine Ferrière Marzio que le mot agencement fait aussi partie du langage de la philosophie, bien avant l'apparition de la grande distribution.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais oui, Fabrice, si cette petite discussion t'y incite, c'est une bonne nouvelle. Mais répondre ici de façon aussi complète c'était déjà écrire un peu, non ? Et je relève tout particulièrement trois choses dans ces mots. Cet aspect du « hasard » ne fait pas sérieux ? Mais je pense que personne ici ne te jettera la pierre. Qui n'a pas écrit ainsi parfois ? Et oui, ce « si peu d'éléments à l'esprit » c'est encore une chose partagée, j'en ai bien l'impression. Philip Larkin disait quelque part qu'il lui venait d'abord un seul vers, et puis l'idée vague du poème. Je me suis tout de suite identifié à ces prémices. Quant à cette idée que l'imagination soit en effet une chimère, je trouve ça presque rassurant. Et cela confirmerait cette intuition que l'on a d'être l'instrument autant (voire moins) que celui qui le tient… Oui, Dominique, j'ai failli, j'ai failli... Et c'est un mot que j'aime... J'ai une fois agacé, à ma plus grande surprise, un ami en utilisant le mot « capital » dans son sens « primordial ». Une explication ? Il était dans une période très communiste. Sa réaction excessive m'a d'abord amusé puis à son tour agacé (ou le contraire), mais pour finir instruit. Et je ne me permets ici aucun parallèle, Catherine.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Cécile Guivarch</strong> : Je ne crois pas non plus à l'imagination, mais bien à ces accidents d'image et de langage. Nous écrivons à partir de faits réels, et même si on peut croire qu'ils sont imaginés, ils ne le sont pas toujours, ils dormaient quelque part, c'est pour cela que je parle d'inconscient, car pour moi ce qui vient de l'accident de langage, de l'image ou de l'imagination est quelque chose qui ne demandait qu'à surgir. Rien n'est vraiment inconscient en fait !</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Cécile, mais j'avais compris ça comme ça. Du coup c'est peut-être plus une histoire de subconscient que d'inconscient, vu que c'est là, que ça affleure.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Cécile Guivarch</strong> : Oui voilà. C'est ce que je voulais dire.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Catherine Ferrière Marzio</strong> : « Cet agencement merveilleux de nos organes... » (Guillaume de Saint-Thierry)</span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-28152875266085160462014-09-06T02:47:00.004-07:002014-09-06T03:18:08.881-07:00S 14<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>CETTE PERMÉABILITE AU RAYONNEMENT DU LANGAGE N'EST-ELLE PAS À FORCE UN ÉCLAIRAGE ÉPUISANT ?</strong></span>
<strong><span style="font-family: Trebuchet MS;"><br /></span></strong></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Serions-nous poètes autrement ? Je crois pour ma part que l'utilisation d'une grande gamme de mots et le jeu autour de ces mots illuminent oui, et le trop plein de lumière est à redistribuer. Enfin je crois...</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Anna de Sandre</strong> : Non.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais n'aimerait-on pas glisser un peu sur les mots parfois ? Avoir l'esprit reposé du verbe de temps à autre ?</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Anna de Sandre</strong> : Pas en ce qui me concerne.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Nous le faisons. Souvent même à lire ce qui est publié.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Jamais de trop-plein ? D'autres activités ne sont-elles pas un peu sacrifiées, du moins « mutilées» ? Parce que lire, écrire, ça prend pas mal de temps. Les journées sont courtes.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Dominique Boudou</strong> : Comme Anna, non. Je serai épuisé à ma mort, pas avant.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Francesco Pittau</strong> : Pareil. Écrire c'est avoir envie d'écrire davantage.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Volontairement ? Je ne crois pas que ce soit toujours le cas. Ça peut être une manie dont on voudrait se débarrasser. Et ma question n'évoquait pas vraiment le geste d'écrire mais plus précisément ce grand attachement à la langue que nous semblons partager. C'est à dire celle dans l'écriture et la lecture évidemment, mais aussi et surtout celle plus triviale, « quotidienne », tout ce qu'on entend et qui nous marque à cause d'une acuité verbale grandie par un exercice régulier.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Anna de Sandre</strong> : Oui, j'avais compris et je maintiens.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Anna, mais c'est encore monsieur Pittau qui biaise.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Dominique Boudou</strong> : Peut-être faudrait-il parler de ce « rayonnement » du langage, qu'on a fait magnétique dans les années vingt et électrique dans les années soixante-dix. (<em>Les champs magnétiques </em>/<em> Manifeste électrique aux paupières de jupe</em>). Mais on l'a fait froid aussi avec <span style="color: #948bc4;"><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Bulteau" target="_blank">Bulteau</a></span>. Un rayonnement du dehors et du dedans, ensemble. C'est pour ça qu'on s'en lasse pas.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : On peut entendre cet « épuisant » de la question comme « qui ne laisse aucun répit ». Donc pas de lassitude mais un engagement tellement intense qu'il laisse quelques gentilles séquelles à long terme. Merci, Dominique, je connais très bien le bouquin de Breton/Soupault, un de mes premiers livres de chevet, même si je ne le lis plus trop, mais pas ce Bulteau, connu de Burroughs apparemment. « Un rayonnement du dehors et du dedans, ensemble. » On peut développer ça, oui. A ce propos me revient cette citation de Henry Miller : « [...] lire un texte phosphorescent à travers des lunettes de soudeur. »</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Francesco Pittau</strong> : Le rayonnement du langage, je sais pas bien ce que c'est. Je me contente d'essayer d'écrire quand j'ai une « idée » qui me passe par la tête.</span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Brigitte Giraud</strong> : Je crois que « naturellement» on fait des choix, on lit plein d'écrivains et on prend en soi ce qui convient à un moment pour nous-mêmes. L'écriture est dans un temps, dans une histoire. On a une mémoire enfouie de tout ce qu'on a lu et c'est très bien ainsi. Il reste tant à lire encore. Entrer dans une bibliothèque, c'est se dire, « je ne pourrais pas lire tout ça, jamais, et des beautés m'échapperont ». Alors que ça rayonne, partout, tout le temps, la découverte est inépuisable !</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Brigitte, et je dirais que maintenant c'est le livre qui vient à moi plus que l'inverse. J'ai appris à saisir les rayons que les hasards heureux me tendaient. Mais sinon, dans une conversation tout ordinaire par exemple, personne ne ressent les mots avec plus de force qu'à l'époque où l'habitude d'écrire n'était pas encore en place ? Et jusqu'à, pourquoi pas, en être même un peu ridicule ? Il m'arrive de retourner une phrase entendue dans tous les sens. Il y a de ces phrases qui restent. Des fois on sait pourquoi, et d'autres fois non. Vous sentez-vous à l'abri d'une sorte de « déformation professionnelle » ?</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Guillaume Alain</strong> : L'écrit, c'est l'art majeur puisqu'il conjugue la musique, la couleur, l'image et ce que peut suggérer de caché, d'enfoui derrière cette même image, et celui qui cherche forme ou sens à travers les mots, qui pense mot, n'est pas plus épuisé que celui qui pense couleur comme le peintre, qui pense agencement scénique comme le metteur, qui pense son comme le musicien, tous sont « habités » - oh, le grand et gros mot creux ! désolé - et la lassitude n'apparaît que lorsque la forme, elle, n'apparait pas ou de façon insatisfaisante. La quête du mot est plutôt en soi un exercice revigorant, presque un réflexe, un jeu libérateur où l'on finit toujours par ramener un petit quelque chose. En revanche en tant que lecteur récepteur, comme pourrait le souffler l'image du topic, l'écrit est la plus grande des libertés puisqu'on peut refermer la page et la rouvrir à tout moment, contrairement au film, à la symphonie ou au théâtre qui exigent une continuité d'attention, qu'on y soit perméable ou non.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Francesco Pittau</strong> : Le dessin n'est pas un art inférieur à l'écriture. Il est même plus ancien que l'écriture.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Brigitte Giraud</strong> : « Il m'arrive de retourner une phrase entendue dans tous les sens. Il y a de ces phrases qui restent. » Oui c'est vrai, ça. Je fais pareil. Puis par jeu, drôle de jeu, il me plaisait de placer une phrase qui n'avait rien à voir avec des gens (les instits dans la cour par exemple) pour voir l'effet, par plaisir pur, ou provocation, ou... Est-ce que le rayonnement allait épuiser l'éclairage, en quelque sorte ?</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Il y a des jours où je me sens totalement imperméable au « rayonnement » du langage, voire des semaines. Vraiment coupé. Incapable de lire quoi que ce soit, d'écrire encore moins (comme en ce moment). Est-ce épuisement d'avoir trop écrit, trop lu ? Alors épuisé oui, au sens où il n'y a plus rien. L'envie demeure, les émotions déclencheuses aussi, mais pas le moindre mot. Une sorte de dégoût même, mêlée à de la peur je crois. Peut-être la trouille de se trouver débordé par cette part de folie que l'engagement dans l'écriture porte en soi.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, la peinture est la grande sœur de l'écriture, jusqu'à preuve du contraire, Francesco. Ah, Brigitte, le coup de la phrase un peu incongrue, j'ai toujours adoré Et c'est un jeu qui peut entraîner des réactions assez étranges, et intéressantes. Merci, Rodrigue, tu m'apportes un peu de réconfort là.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Dominique Boudou</strong> :<strong> </strong></span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Je crois qu'il faut d'abord refaire la distinction entre le langage et la langue. Le langage est un matériau sonore émis par un locuteur. Objet de communication, il favorise les échanges de la vie ordinaire dans tous ses états. Il est partagé par de nombreuses espèces animales sur notre planète, notamment les oiseaux. Comme tous les matériaux, il produit diverses vibrations dont le mouvement ondulatoire interagit avec l'environnement. La langue est l'esprit de ce matériau qu'est le langage. Elle en agence les éléments et produit ainsi une infinité de possibilités pour dire, ou écrire, les perceptions, les émotions, les sentiments... Elle en démultiplie les rayonnements et donc les interactions avec le monde intérieur comme le monde extérieur. Deleuze évoque cela dans la conclusion de son ouvrage intitulé Qu'est-ce que la philosophie ? Il s'agit bien d'une architecture multipolaire soumise aux attractions magnétiques du dehors et du dedans et les figures engendrées, conceptuelles ou non, évoquent les myriades du cosmos. La littérature est à cette image. Ses rayonnements criblent de part en part les individus qui essaient de l'approcher, en lisant ou en écrivant. Et c'est vraiment d'essai qu'il s'agit. Raté le plus souvent. La plupart des poètes d'aujourd'hui, empêtrés dans des éléments de langage, peinent à accéder à une langue singulière. Un seul Thierry Metz existe. Un seul Paul de Roux. Une seule Duras. (Si, si, il y a bel et bien de la poésie dans l'œuvre de Marguerite.) Mais pourquoi tant de ratés ? Je pense que Gombrowicz, parmi d'autres, donne une réponse satisfaisante. Il dit que ce n'est pas lui qui écrit. Il dit que c'est la littérature qui écrit à travers lui. On aurait tort de voir là une posture. Cet aveu est le fruit d'une longue très longue pratique de la lecture et de l'écriture et il a en effet conduit son auteur à d'incessantes phases d'épuisement. L'épuisement de la lucidité. Reprenons Alain Jouffroy et reconnaissons que nos mots sont toujours en retard sur leur rayonnement quelle qu'en soit la vitesse. Mais, captifs que nous sommes de la langue à inventer, n'abandonnons rien de notre chemin, ne déposons pas l'arme chargée de futur qu'est la poésie. Et les oiseaux tiendront des conciliabules. [Billet de Dominique Boudou en réponse à cette question 14 initialement paru sur son blog <span style="color: #948bc4;"><a href="http://dominique-boudou.blogspot.fr/2014/05/le-seminaire-de-stephane-bernard.html" target="_blank">Jacques Louvain</a></span>. Merci à lui.]</span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-11987344164201176942014-08-20T12:49:00.001-07:002014-09-04T09:16:28.084-07:00S 13<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; font-size: small;"><strong>TENTEZ-VOUS DE METTRE VOS TEXTES
EN AVANT ? OU RESTEZ-VOUS EN RETRAIT ? EST-CE UN CHOIX ? UN TRAIT DE VOTRE CARACTÈRE ?</strong></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : En avant
de quoi ? En publication ?... Sinon, oui, j'essaie d'être lu. Même si je ne fais
pas assez d'efforts pour ça.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
Francesco, si vous cherchez à ce qu'ils soient lus.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Oui, mais
pas assez d'efforts pour ça.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Je poste
des textes sur Facebook, en propose parfois à des revues mais attends souvent
d'être sollicitée... Avant d'envoyer à un éditeur cela marine longtemps
aussi... En gros, Facebook je trouve cela bien car immédiat... Avec réaction
des lecteurs.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Moi,
j'avoue, j'ai toujours écrit pour être lu et quitte à passer pour une catin de
la poésie, je me suis toujours arrangé pour que ça se passe ainsi. « I'm a poetry whore » disait Benjamin E.
Nardolilli. Je suis pareil.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : On écrit
tous pour être lus. </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Bruno Legeai</strong> : Une question
qui me traverse parfois. Là par quoi je ne suis pas un artiste (poète,
photographe) c'est qu'il m'importe assez peu au fond d'être lu ou ignoré (sans
nier le plaisir que cela procure). Ce que je fais est le fruit d'une nécessité
d'expression et non un souhait ou un désir de communication. Pour en revenir à
une session précédente, par exemple, écrire avec le doigt sur une plage déserte
et laisser l'eau lisser le silence est bien assez. Pas besoin de lecteur, de
témoin, encore moins de le photographier ou retranscrire. L'instant.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Bizarre
de parler de putasserie quand on veut être lu. Mais bon, ça fait partie de
l'idée de poésie pure, une idée qui m'a toujours paru digne de je ne sais quel
élitisme.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : C'est
vrai, alors disons que pour enfiler la métaphore, j'ensemence tous les <em>media</em> à
ma portée de ce que j'écris.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Je suis
plutôt en retrait donc. Mais aime mettre les autres en avant (grâce au site <span style="color: #948bc4;"><a href="http://www.terreaciel.net/" target="_blank">Terre à ciel</a></span>).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, bien
sûr. Mais après il y a une certaine hantise, Francesco. Chez certains du
moins. On espère tous être lus, mais cela ne suffit pas, on veut aussi être
appréciés.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Moi je
publie quand je peux. Quand on veut bien de moi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ah
élitiste, que nenni ! Poésie de dockers, d'ouvriers, de michetons,
d'allocataires, c'est ce que je lis et ce que j'essaie d'écrire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : D'ailleurs,
dans cette histoire de retrait - où je me situe - n'y a-t-il pas plus d'orgueil
finalement que dans la mise en avant - qui elle est simple vanité ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Oh ben
même chez les dockers y a de l'élitisme. C'est pas une question de classe
sociale.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Orgueil et
préjugé, pour citer Austen. Préjugé des supports ou de soi-même, de ses
qualités d'auteur. Se mettre en avant c'est aussi prendre des risques, et de
fait, c'est aussi du narcissisme, et l'indifférence blesse la fierté. Elitisme
chez les dockers ? Comment ça ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Et
évidemment, je n'use pas péjorativement du terme « orgueil ».
L'orgueil a ses tares, mais c'est aussi lui qui entretient notre singularité. Oui,
parfois jusqu'à la bêtise, c'est vrai… </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Il est
cependant vrai que les nouvelles technologies permettent cette mise en avant,
cette autopromotion, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ad nauseam</i>
d'ailleurs parfois.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : On peut
être lu aussi sans se mettre en avant, sans faire de publicité et finalement
n'est-ce pas une meilleure reconnaissance ? Car n'est-ce pas cela que nous
cherchons : reconnaissance, estime des textes.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je suis d'accord
avec ce que vous dites sur Facebook et les blogs, etc. C'est vrai que ça permet
un regard neuf sur son parcours, et les petits commentaires permettent de tenir
dans les mauvais moments, les périodes où on veut baisser les bras. Mais il
faut aussi relativiser certaines envolées.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> :
Compliqué : on écrit pour être lu et je ne vois pas de honte à cela. « Se
mettre en avant », cela peut sonner comme péjoratif (tout dépend des
moyens employés). On cherche des lecteurs oui (à travers une publication d'une
maison d'édition ou d'une revue... internet, c'est encore autre chose !). Il
est très difficile de se distinguer dans la masse de livres qui sort chaque
année et on est bien petits face aux mastodontes de l'édition (surtout quand on
écrit de la poésie ou des nouvelles). Attendre qu'on vienne nous chercher ? Un
luxe... ou un leurre ! Je préfère prendre les devants.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Eh oui
Cécile, mais dans toute cette masse de textes il faut réussir à se mettre en
avant, prendre exemple sur le modèle anglophone, ils sont bien moins pudique,
plus sûrs d'eux-mêmes, on n'est d'ailleurs jamais mieux servi que par soi-même.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Oui,
montrer cela permet de progresser. J'ai beaucoup montré aussi dans des espaces
restreints ou à des amis d'écriture avec l'attente d'une lecture attentive et
critique, mais après, pour envoyer à des revues ou des éditeurs je mets
toujours un temps énorme.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Intéressante
question, Stéphane. Comment répondre honnêtement ? J'ai créé mon blog après
avoir tâté du forum d'abord par facilité de traitement (pour les corrections, etc.)
puis insidieusement pour le partage, en espérant avoir des retours constructifs
(euh, là, j'étais carrément dans l'utopie même si les compliments sont
plaisants à recevoir ce n'est pas ce qui motive mes scribouillages). Mais un
peu comme Cécile, j'apprécie la lecture d'autrui, ces contemporains qui veulent
se faire entendre, que je retrouve d'ailleurs surtout sur leurs blogs moins
parasités par des infos hors sujet (ici la poésie) ou des pubs. Et puis parmi
mes auteurs de prédilection, vient le « manque ». J'attends la version
papier pour avoir ce contact intime et rassurant à portée de ma main, de mon
humeur, et je voudrais parfois de toutes mes forces que ces poètes du web
soient publiés dans des ouvrages qui ne soient plus virtuels, même si je devais
alors pour les obtenir me serrer la ceinture ! Question de génération peut-être
... Alors je me dis qu'heureusement qu'ils se battent, qu'ils s'obstinent,
qu'ils s'autofinancent parfois pour stopper ma transformation en Nouille aigrie
et frustrée parce qu'ils m'apportent plus que tout ce que je pourrais jamais
espérer traduire avec mes propres mots.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ça ne
m'est arrivé qu'une fois en francophonie. J'étais scotché : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le livre à disparaître</i>,<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i><span style="color: #948bc4;"><a href="http://romaingiordan.wix.com/romaingiordan" target="_blank">Romain Giordan</a></span>.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Oui,
Walter c'est surement une question d'assurance.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : C'est la question
qui titille !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Mais cela
arrive qu'on vienne vous chercher ! Ne jamais dire que cela ne peut arriver !...
Tiens, Murièle, je pourrai bien te solliciter pour Terre à ciel !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Mais là
aussi, je me porte en faux (ça se dit ça ?), La Nouille Martienne. Pourquoi les
média en ligne auraient moins de valeur que les média imprimés. Tout est bon
pour la publication d'un texte, d'une œuvre, etc.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Walter
ce n'est pas que cela a moins de valeur mais pour moi, c'est moins pratique car
je suis restée volontairement loin de tous les « média » ou supports
informatiques pendant des décennies, et même maintenant seules les obligations
professionnelles m'ont condamnée à internet et à l'ordinateur (fixe même pas
portable !). Je n'ai toujours pas de téléphone portable, pauvre Nouille
retardée que je suis.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Non,
Walter, La Nouille ne dit pas que le support virtuel a moins de valeur. Mais je
la comprends, car il n'y a pas le même affect qu'avec le support papier...
Sinon, je remarque tout de même qu'il y en a pour qui la
« visibilité » compte plus que pour d'autres. Je me range du côté de
ceux qui se contentent de peu. Je crois que quelques bons lecteurs réguliers
suffisent. Vous connaissez la phrase de Valéry…</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Et
puis imaginons une panne générale d'électricité ? Que devient alors ta source ?
Et qui nous dit que demain, on ne sera pas censuré ou l'accès
« réservé » à certains privilégiés ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Mais non,
La Nouille Martienne, self-estime! C'est pas évident de se mettre au tout
numérique, tout digital, je comprends ça. Mais tu vois, tu dis
« condamnée », alors que j'aime à penser que c'est une chance. J'aime
les livres (imprimés) mais je lis et publie sur tous les supports accessibles.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Non,
Stéphane, j'ai pas révisé mes classiques avant de venir au Séminaire… Bon bah
vive les ronéo alors !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Par
contre je reconnais que les revues numériques autorisent et libèrent la poésie
contemporaine lorsqu'elle a besoin de construction architecturale, de
perspectives photographiques et autres mélanges extraordinaires. J'admire alors
sincèrement les œuvres créées mais ce n'est pas mon univers, qui se limite,
hélas, aux mots sur la ligne.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je préfère être lu plusieurs fois par le
même plutôt qu'une seule fois par plusieurs.</i> </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ah ouais…</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je
préfère être lu.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : Elle est là,
la question : à partir du moment où on écrit, on se met en avant (même si on se
cache).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
voilà, Fabrice soulève ce (semblant de ?) paradoxe. C'est pour ça que j'aime
aussi la vision qu'en a Bruno. Un acte qui peut être secret, loin du monde, un
petit rituel intime. C'est d'ailleurs ce que l'on pratique tous de temps en
temps. Des trucs qu'on ne montrera jamais. Trop personnel, ou étrange.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Quand on
me donne du fric, je montre tout.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : Écrire dans
son coin, oui, aussi. Mais le lecteur, même imaginaire, est toujours là. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vade retro lector</i>, mais il s'en va pas.
Bon, je vais aller consulter…</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : C'est bon,
Fabrice, votre rendez-vous, c'est ici.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je préfère être lu plusieurs fois par le
même plutôt qu'une seule fois par plusieurs. </i>S'il s'agit d'une citation de
Paul Valéry, perfectionniste s'il en est, je me doute que la lecture d'un même
qui lit tous les niveaux et relit encore et encore apporte plus de
satisfactions à l'auteur que plusieurs qui se contenteraient de survoler
l'écrit (stop : préjugé !). Un peu comme passer à toute vitesse devant un
paysage pour le plaisir de la vitesse mais sans les joies profondes de la
contemplation. Maintenant c'est revenir à l'orgueil dont parlait Stéphane car
toutes les poésies méritent autant de lecteurs que possible et certainement pas
d'être élitistes dans leurs choix.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : Merci,
docteur. C'est très gentil de m'accueillir. C'est là, dans la tête.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Le
lecteur fait ce qu'il veut avec un texte : il le survole, il l'approfondit (si
c'est possible), il en fait des papillotes, il le met au four, il le fait
bouillir, etc. C'est pas le problème de celui qui écrit.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : De toute
façon, un poète ne peut pas avoir tellement de vrais lecteurs (j'entends par
« vrais », pas des occasionnels qui jettent un œil vite fait, à qui
ça plait mais pas en profondeur). C'est déjà un petit miracle qu'un même texte
puisse parfois toucher des dizaines de lecteurs.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : C'est
pas un miracle, peut-être est-ce la matérialisation du talent tout simplement !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : Au départ on
écrit par goût, parce qu'on aime ça, je crois. Puis il y a un besoin de
s'adresser à quelqu'un : c'est comme un potier, on va pas garder tous ces
machins en stock dans la cave, ce serait bête. Il faut vendre ou donner ce qui
peut l'être en espérant surtout que ça décore le salon de quelqu'un.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Je
rejoins également M. Pittau sur le libre arbitre du lecteur mais l'auteur (je
pense aux rendez-vous poétiques, aux diverses manifestations de lecture et de
rencontres) a aussi un retour.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : La
Nouille, je ne vois aucun élitisme dans le fait d'espérer quelques réguliers.
Et en dehors de sa sphère si possible. Et puis petit miracle quant au talent
alors, parce qu'il y en a qui en ont et qui n'obtiennent jamais autant de
« succès » (eh oui, le succès commence avec peu chez le poète).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Et je
doute que si le lecteur se sert de vos écrits comme papier cul cela quelque
part et quelle que soit l'opinion que vous avez de lui, ne vous fera pas un
petit effet (aparté à M. Pittau).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Le
lecteur fait ce qu'il veut. Je m'en fous. C'est son affaire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : On peut
toujours s'imprimer un blog sur papier Moltonel, c'est pile le format déroulant.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, je
suis d'accord avec Francesco. Le lecteur a carte blanche. Après il est pas
obligé de m'en rapporter les aspects désagréables autres qu'une critique
négative mais raisonnable, constructive et non destructive.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Écrire
pour être lue, ben oui. Être édité, c'est bien une démarche personnelle qui va
en ce sens. Et c'est cadeau, toujours. J'ai refusé une fois d'être éditée. Le
manuscrit était accepté par Paul Sanda, mais mon père, entre l'envoi du texte
du texte et la réponse, était tout près de sa mort. J'ai donc refusé. Puis quand
j'ai été à niveau « disponible », ce n'était plus possible parce que
l'éditeur montait la maison du Surréalisme. Ce texte a été pris ailleurs, par
<span style="color: #948bc4;"><a href="http://www.pleinepage.com/" target="_blank">Pleine Page</a></span>. Finalement c'est une belle histoire, je trouve. Plein de gens
m'ont dit que j'étais folle à lier quand j'ai refusé à ce moment-là. Qu'on
vienne me chercher, pour une revue numérique par exemple, c'est très flatteur.
« Paysage écrit », à paraître bientôt, est venu vers moi. D'autres aussi.
C'est étonnant. Ce que je ne sais pas faire, c'est mettre en avant, moi, mes
livres parus. A tort peut-être, je ne sais pas. Quand il y a une actualité,
oui, mais ensuite ils vivent tout seuls, ils s'en vont ailleurs. Et les promouvoir,
moi, sur Facebook précisément, me pose problème, je ne sais pas très bien
pourquoi. J'ai l'impression peut-être de faire de la retape. En revanche,
j'aime mettre en avant les textes des autres, dans des conversations, des
lectures, des ateliers d'écriture, sur mon blog, des trucs comme ça.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Le
succès en poésie peut être confidentiel. On ne parle pas ici de littérature
commerciale, mais je crois que beaucoup d'ouvrages disparaissent de la mémoire
collective à jamais, ou presque, alors que les poèmes, les grands, qui touchent
l'émotion chez chacun et chez tous, entrent dans le Parthénon des inoubliables
mondiaux. C'est le temps qui signe.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je me
reconnais bien dans ce que dit Brigitte, et bien que je n'ai aucun livre à mon
actif... Et non, La Nouille, avec Hugo par exemple, le Parthénon des
inoubliables conserve de belles daubes quand même. Je ne crois pas qu'un poème
reste parce qu'il est bon. Non, il y a d'autres raisons, hélas… Autre question
: pensez-vous qu'avoir « son » lectorat - aussi mince soit-il -
puisse rendre paresseux quant aux publications ? Je dis ça, parce que c'est un
peu ce qui m'arrive des fois. (Je ne remercie pas mes lecteurs, hein... je
plaisante, restez, ou plutôt devrais-je dire : reste.)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : La poésie
c'est comme tout : y a des lecteurs différents qui ne cherchent pas tous la
même chose. Perse ou Char, par exemple, ça me casse les burnes grave, ben, y en
a qui les lisent. Tant mieux pour eux. Y a pas de Poésie, y a des gens qui
écrivent et qui, parfois, rencontrent un lecteur ou plusieurs, ou pas du tout.
Rien de très grave dans tout ça, sauf pour l'ego de celui qui écrit… Et j'écris,
peu importe le lectorat. Même rythme.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Je trouve
juste ce que dit La Nouille... Des tonnes de textes disparaissent de la mémoire
collective et seuls une poignée restent… On se doit d'écrire ce que nous avons
à écrire et si nos textes doivent devenir quelque chose ils le deviendront et
pas forcément en déployant tout l'artifice marketing. Si un texte doit être lu
il le sera. Enfin, c'est ma conviction.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, on
peut noter à ce propos que le succès renforce toujours un plus grand désir de
succès chez certains auteurs et qu'ils ont - comme toute personne soumise à son
désir - l'air bien malheureux parfois. C'est une quête qui peut en faire perdre
sa dignité, son bon sens, et pour des serpentins et un feu de paille. Il faut
garder la tête froide entre les sessions d'écriture. Garder en mémoire que
c'est ce qui est en train qui compte.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Et c'est
tant mieux. Écrire, c'est une nécessité ; publier c'est un métier. Pas mélanger
les deux.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Avoir son
lectorat c'est aussi ce qui permet d'avancer, pousse à oser, non ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Vous êtes
certain, Francesco, que publier soit un métier ? Mais publier à partir de quoi
? Une revue ? Une maison d'édition ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Bien sûr
que publier c'est un métier. Je vis de ça depuis plus de vingt ans.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Bien sûr.
Je sais, vous, c'est votre métier, mais par exemple quelqu'un comme Murièle ou
même Cécile, qui a des livres ? Un livre de temps à autre, ce n'est pas un
métier ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Ben si,
c'est un métier tout de même : ça implique une filière et des compétences
éditoriales, etc.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Donc
c'est pas trop mal tout ça. Ça m'amène à une question que je voulais poser
depuis longtemps. Est-ce qu'un livre est ce qui rend quelqu'un officiellement
poète (celui qui n'en a pas demeurant un simple amateur qui écrit) ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Non ce
n'est pas le livre qui « rend poète ». Heureusement !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Disons que
cela officialise. Et avec Terre à ciel
je peux dire que j'en lis des amateurs…</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
c'est aussi mon avis, Brigitte. Et pardon pour cet « officiellement ».
Et puis je ne vois pas trop les compétences supplémentaires à acquérir pour
publier un livre ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Se faire
publier n'est pas un métier.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : D'accord,
Cécile, mais des mauvais livres de poésie sont publiés et donc « officialisent »
de mauvais auteurs ? Ou cette « officialisation » ne peut être
valable que par rapport à certaines maisons ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> :
Malheureusement.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Par
contre, je pense qu'un éditeur, même « occasionnel », est toujours
dans un métier.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Oui je
pense aussi qu'il y a de bonnes et moins bonnes maisons.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Là il
faut de véritables compétences techniques et aussi commerciales.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Mais c'est
plutôt la question de savoir : qu'est-ce qui fait de nous un poète ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Se faire
publier n'est pas un métier, mais publier, passer un contrat, regarder ses
droits d'auteur, ça relève d'un métier, de la connaissance d'un réseau, d'une
manière de faire… Rien ne fait de nous des poètes. Pour l'instant, on se
contente d'écrire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Merci, Cécile…
mais alors là, mystère...</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Mystère
intégral !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Francesco,
vous savez que vous êtes un des rares ici à être dans cette situation. Mais ce
que je voulais dire c'est qu'on peut aussi choisir de ne pas en faire un métier
tout en y travaillant avec le plus grand sérieux.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Il y a
bien encore à dire !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Pour
résumé, il y a l'artisan déclaré, l'intérimaire et le stagiaire. </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Bruno Legeai</strong> : Intéressant
de relire le sujet initial qui n'a que deux heures. Cela fait maintenant une
heure qu'il est surtout question d'édition du texte. Se mettre en avant, c'est
obtenir son nom sur une couverture ? On a un peu parlé de blogs, le web se
limite-t-il à cela ? Quasiment pas un mot de lectures, de festival etc. En tant
que non poète et non autre chose, je trouve cela assez étonnant.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
voilà, si nous réagissions à ce que vient de dire Bruno. C'est vrai que tout ça
n'a pas été évoqué. Et que ce sont de tout autres facettes. Laissons l'aspect
juridique derrière nous.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Oui il y a
les lectures et festivals. Certains auteurs sont invités partout. D'autres sont
moins visibles. Je trouve cela toujours étonnant... </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Perso, je
ne demande jamais rien. Je pense que les organisateurs n'aiment pas. Mais je me
trompe peut être.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je ne
suis pas étonné : comme les autres nous sommes soumis à l'offre et à la
demande. On nous invite quand nous plaisons (pour de bonnes ou de mauvaises
raisons) et on nous invite pas (pour de bonnes ou de mauvaises raisons). Le
reste, c'est du vent, de la littérature. Y a pas d'obligation de nous inviter
ou de nous lire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : D'ailleurs,
c'est encore une histoire de caractère, ces lectures publiques, ces rencontres
aussi. Je sais que je serais terrorisé à l'idée de devoir rencontrer des
personnes qui viennent pour moi. Peur de décevoir, d'avoir l'air loin de ce que
j'écris et qui leur a plu. Déjà quand ma fille fête son anniversaire, ses potes
de classe me font flipper avec leurs petites paires d'yeux qui rôdent.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Pour avoir
été invitée plusieurs fois, ces moments sont très riches, intenses en émotion
et quand des auditeurs viennent échanger, il n'y a pas de meilleure
reconnaissance.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Je cite La
Nouille Martienne plus haut : « Je crois que beaucoup d'ouvrages
disparaissent de la mémoire collective… », d'où l'intérêt d'éditions en
ligne comme le <span style="color: #948bc4;"><a href="http://www.gutenberg.org/wiki/FR_Principal" target="_blank">Projet Gutenberg</a></span>. Mais pour raccrocher avec le propos actuel, je
crois qu'il s'agit d'être désinhibé, décomplexé. Stéphane, un enseignant ne
peut pas avoir peur de décevoir son auditoire. Certains savent que je suis prof
d'anglais et je pourrais rapprocher la participation en classe avec la mise en
avant d'un texte : se mettre en avant, participer, se mouiller, le grand
plongeon quoi !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Faut pas
jouer les mijaurées, puis c'est tout. Les gens viennent écouter, donc ils sont
bien disposés.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : On en
revient presque à la première session concernant la lecture de ses textes...
Oui oui, mais me concernant, c'est un peu plus grave que ça. C'est un état
presque clinique. Et puis vous discutez de quoi avec les lecteurs/auditeurs ?
Pas uniquement de vos livres ? Ils ont envie de connaître un bout d'arcane, non
? La personne réelle qui se cache/révèle dans le texte qu'ils ont aimé ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Hein ? Et
encore quoi !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Ah, vous
encaissez juste l'argent…</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je lis,
je raconte une blague à Toto et basta !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Des fois
je pense à organiser une lecture publique à la biblio du Reposoir. Point à la
ligne</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : C'est
quoi, Walter ?... Et je parlais de vos lecteurs adultes, Francesco.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Ben
pareil. On peut parler d'un tas d'aspects de l'écriture mais pas de raison de
parler de soi. On parle texte, pas biographie.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, mais il y a
des choses entre l'écriture et la biographie.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Vous vous
compliquez l'existence. On n'est pas obligé de <em>tout</em> dire. On répond comme on
veut.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Bon, je
vais essayer de placer deux trois trucs avant que la discussion parte dans
trois directions différentes. Sur la question de base, j'ai beaucoup proposé
aux revues au début. Besoin de savoir si ce que j'écrivais tenait un peu la
route, avoir des retours, vérifier que les premières fois n'étaient pas des
coups de bol. En fait, je crois que ça a duré jusqu'à ce que je sache qu'un premier
livre allait exister. Dès lors j'ai plus tellement ressenti ce besoin. En tout
cas beaucoup moins. Je me dis en même temps que bon, c'est pas le tout d'être
édité, va aussi falloir quand même en vendre un peu quand il va sortir (même si
je me fais pas trop d'illusion sur les deux cents du tirage) et donc se ménager un peu
de visibilité, d'où quand même quelques propositions aux revues.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Exactement,
Rodrigue.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : J'ai pas
de livre, mais je ressens déjà ça. Mais c'est parce que je me positionne bien
plus haut que j'aurais pu l'imaginer à l'époque où je commençais à imaginer des
choses réalistes. Et puis je crois qu'il faut peut-être aussi savoir placer ses
textes où il faut. Peut-être peu mais mieux. Oui, c'est quand on sait que des
personnes dont on apprécie le travail commencent à apprécier un peu le vôtre qu'on
se sent un plus « détendu ».</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Bruno Legeai</strong> : Je ne suis
plus certain si c'était Neruda qui dans sa jeunesse lisait, hurlait presque sa
poésie sur les piquets de grèves offrant aux ouvriers, sinon l'argent qu'ils
demandaient, la poésie dont ils avaient besoin. Parce que valoriser un texte
n'est pas nécessairement valoriser l'auteur, mais une cause. L'exemple
ci-dessus, mais ils sont nombreux à avoir donné de la voix poétiquement lors de
la guerre d'Espagne. Et c'était autre chose que de la propagande.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
Bruno. J'ai d'ailleurs vu et entendu - mais pas compris évidemment, je ne parle
pas la langue - un poète ukrainien dernièrement lire un de ses textes, c'était
télévisé. Je ne comprenais pas mais j'imaginais bien ce qu'il pouvait dire. Un
peu... Et je pense qu'un texte ne doit non seulement jamais passer après son auteur,
mais que l'auteur doit « s'abstraire » autant que possible. J'ai même
un fantasme parfois, que les noms des auteurs disparaissent des couvertures.
Est-ce qu'on y perdrait (je parle en tant que lecteur ici) ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : Oui, c'est
intéressant l'idée que l'auteur soit inconnu, Stéphane. Je crois même que cela
remettrait certaines pendules à l'heure. Après tout, c'est le texte qui importe
au bout du compte. Même, les mots auraient, du coup, toute leur force puisque
nul ne pourrait les attribuer à Untel.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> : Je suis
une personne dans le retrait. Je parle peu même quand je pourrais avoir quelque
chose à dire. Je m'efface et « on » m'efface. Alors, mettre mes
textes en avant, faire le forcing pour être publié tous les ans, sûrement pas.
Mais attention, je ne suis pas moins orgueilleux que quiconque, aucune grandeur
dans mon attitude. Elle est un état, rien d'autre.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
Dominique, c'est ce que je tentais de préciser plus haut. C'est parfois même un
acte d'un plus haut orgueil. Ne pas descendre au niveau d'un certain commerce.
Et puis parfois encore, c'est presque physiologique : on est comme ça et on n'y
peut rien... Fabrice, oui, j'aime assez pour cette raison la force qui se
dégage de ces fragments antiques anonymes. Et puis ces vers devenus proverbes
dont on ne sait même plus qui les a réellement écrits. Après il y aurait un
changement radical. On ne dirait plus j'aime untel, mais j'aime ce livre-là, et
du coup difficile de trouver un « frère » au livre aimé.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Mais
alors quid de la fameuse « patte », ce style, cette plume sa façon
d'exprimer ces thèmes. Est-on dans l'incapacité totale de
« reconnaître » un auteur derrière son écrit comme on reconnait un
bon vin ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ouais,
très francophone quoi ! Tout le contraire de l'idée de croire en soi, de se
vendre, de s'afficher, de se dire que si on fait les choses, on peut les faire
bien et les promouvoir, les diffuser d'abord... Y croire et en avoir en fait.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : On vit en
société. On écrit vers les autres, sinon ça reste une masturbation
insoupçonnée. J'ai rien contre mais le mythe « artiste » qui souffre
dans son coin, j'avoue que je ne peux pas.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Et alors ? Je
suis français, et j'en ai marre d'entendre ce genre de trucs. Si on est comme
ça on est comme ça. Moi, je crois en rien.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je crois
<em>en</em> rien...</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Stéphane,
je trouve juste dommage que tant de talents s'ignorent (je pense aux quinze
invités de <em>X & Compagnie</em>) et ne croient pas suffisamment en eux pour aller
au front, croire en soi, s'aimer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oh, mais
tu te trompes, je crois en ce que j'écris, je sais que ça tient assez la route
souvent. Mais c'est juste l'objet livre, l'idée de recueil que je vois pas bien.
Je n'écris pas avec l'idée d'un livre, jamais. C'est la pression sociale
finalement qui m'incite à y penser. Mais je ne dis pas que je n'ai pas envie de
livre. Je dis qu'un poème pour moi est une entité, est autonome dans son
fonctionnement... Sinon pour l'énervement je m'excuse (vous avez l'habitude
maintenant), mais tu évoques souvent le mode anglophone et je ne vois pas
pourquoi on devrait faire un complexe vis-à-vis de ça. Et pourtant je lis majoritairement
de l'anglophone.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Mais parce
que sur dix-huit ans de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mauvaise graine</i>,
les anglophones m'ont ouvert l'esprit et m'ont bien plus incité à poursuivre, à
croire en ce rêve doux-dingue d'éditer une revue. Sans compter d'écrire. Parmi
les talents qui se sont présentés à moi ou vers lesquels je suis allé, il y a
toujours eu une idée plus « professionnelle » chez les anglophones que
chez les francophones, ce qui ne m'empêche pas de les publier, quand ils
veulent bien. De mon dernier appel à textes, j'ai trente propositions (en six
jours), vingt-huit anglophones, deux francophones... Et tout le monde est
renseigné de la même façon.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Ils sont
plus nombreux aussi. </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Belges,
Suisses, Québécois, Afrique, Asie du sud-est, Pacifique, Indo-océaniens... Bon
certes on est loin des huit cents millions ou un milliard d'anglophones (je dis
ça, je sais pas combien ils sont mais à la louche je dois pas en être loin).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : C'est un
truc évidemment ancré, le dénigrement du Français vis-à-vis de lui-même, je te
l'accorde. Mais tu vois, par exemple, l'Américain, le Britannique n'ont jamais
peur d'arborer les couleurs de leur pays sur leur sac à dos de voyage, mais
quand un Français fait ça, on le prend pour un putain de nationaliste, et moi
aussi c'est ce qui me vient à l'esprit. C'est une image qui symbolise quand
même la chose. On dirait que la culpabilité judéo-chrétienne a atteint ce pays
plus que d'autres. Le Français s'en veut. Et on a toujours des raisons de s'en
vouloir, mais bon... Il faudrait « se passer l'éponge » de temps en
temps aussi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Parce que
la France est la fille de Rome... Je déconne. Je le disais cet après-midi mais
j'ai pas vu de réactions : je ressens la même chose vis à vis de l'enseignement
des langues, de l'anglais en ce qui me concerne : participer et oser parler une
langue étrangère en revient à se rendre ridicule. J'ai parfois l'impression que
même dans les revues installées, ou chez les éditeurs moyens,
écrire/éditer/être édité et lu reste une grande farce. Éducation, Histoire
nationale, morale, je ne sais pas d'où ça vient, mais c'est vrai que parfois,
il faudrait qu'on se décoince, mais oui, tu as raison, nous sommes ainsi faits.
Moi je dis non ! J'ai beau être français de naissance et francophone, cette
manière d'être me dépasse et me fait fuir.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je crois
que c'est un peu comme une membrane cette culpabilité. Je la dois à mon
éducation. Je n'ai reçu aucun enseignement aussi précis et complet. Aussi
efficace et actif. Il y a une époque où elle était destructible mais je n'avais
pas encore la force ou la vision assez ajustée pour réussir à l'annihiler.
Aujourd'hui j'en ai probablement la capacité, le pouvoir, mais elle est devenue
comme de la pierre. On se dit « c'est des conneries tout ça, va
au-delà », mais y a rien à faire, ça bouge pas, ça dit rien, ou plus
grand-chose que l'on croit, mais c'est là, ça barre le chemin.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Mais faut
pas croire, c'est une lutte de tous les jours, lutter contre la culpabilité,
l'un de mes thèmes majeurs. Tiens, je reviens à mes textes…</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Oups, c'est
animé ce soir, et pas eu le temps de tout lire. La seule et unique raison qui
justifierait ma « mise en avant » en lâchant mes trucs rapides et
imparfaits sur Facebook, outre le fait d'être apprécié par des personnes dont
je sais qu'elles ont l'oreille et la narine fines et me confortent parfois dans
le fait que je tiens peut-être un petit bout de quelque chose, ce serait d'être
lu par une personne – mais cette dernière étant absente de Facebook, la
probabilité est quasi nulle –, lui donner en quelque sorte de mes nouvelles. Là
demeure mon principal réacteur.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Ce n'est
donc pas le manque de foi en mes textes, mais en ce qui les entoure qui pose
problème. « Pourquoi publier un livre quand on me lit déjà un peu ? »
Ce genre de choses. « Je ne crèverai pas le plafond, alors à quoi bon
? » (C'est bien je fais tout ici : le mauvais psy, le patient paresseux et
même le canapé.)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ah si,
Stéphane, pour revenir à l'idée de recueillir les textes dans un livre, la
forme d'expression choisie, prose ou poésie, cela permet d'approfondir ce qu'un
seul texte ne saurait faire. Enfin c'est ce que je m'évertue à faire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Ah
Stéphane, moi je crois que tu en crèves d'envie de publier ! Forcément on en a
tous envie, et on attend que ça, quand on a un texte auquel on croit.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
Brigitte, mais je me sens plus calme, donc ça me taraude encore un peu, mais
plus tant que ça. Et puis je ne trouve pas beaucoup de cohérence dans ce que je
fais, je ne vois pas vraiment de voix particulière. Chez la plupart d'entre
vous c'est assez évident à distinguer. Et donc ça répond aussi un peu à Walter.
J'ai du mal à trouver une ligne. Mais j'en ai une, j'en parlais avec Rodrigue
tout à l'heure en « off ». Ce qui m'a peut-être relancé sur la chose.
</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Et en
travaillant autour d'un thème, tu trouverais cette cohérence.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Tu te
trompes, Stéphane, pour ta voix. On ne peut pas juger son écriture.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Eh oui !
D'où l'intérêt de les partager, de les soumettre, de les mettre en avant pour
avoir un retour.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oh non,
jamais de thème ! Quand j'envoie un truc pour le thème d'une revue c'est
que j'avais déjà le texte ou que je comptais déjà bosser sur ça. Rodrigue, je
sais bien, mais quand même, il y a une unité bien visible à eux-mêmes je pense
chez certains… Enfin, on sait tout de même si on a pondu un truc qui tient ou
si c'est un truc à la noix.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Non, mais un
thème central pour un livre.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Oui, je
sais, Stéphane, mais je partage ce que dit Walter sur le fait de travailler sur
un « thème », on en parlait tout à l'heure.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Je sais
pas, des fois j'ai proposé des textes sans être convaincu et ils étaient
acceptés, et inversement.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
j'avais bien compris, mais mon thème en général c'est de ne pas en avoir. Ou
alors c'est moi tout simplement puisque je ne connais rien d'autre.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Tirer un
fil, et le tenir. L'écriture est un guide.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Mais se
prendre comme sujet n'est pas une mauvaise idée non plus, je peux citer un
grand Américain sans me faire enguirlander ? </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je
connais ça, Walter. J'ai même été déçu souvent par le comité de lectures, parce
que je trouvais que mon texte était naze, finalement… Si ton Américain c'est le
Buk, tu vas te faire rouspéter… </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ah ça non,
y a peu de chance que je le cite celui-là, beurk ! Walt Whitman, que je cite sur mon blog : « </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">I celebrate myself,
and sing myself, / </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">And what I assume you
shall assume, / </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">For every atom
belonging to me / </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">as good belongs to
you. » </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">(« Je me chante, et je me célèbre, / </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">car ce que j'endosse vous devez aussi l'endosser, / </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">car chaque atome qui me compose / </span><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">est aussi le vôtre. »)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Bruisserait-il
une vague beurk-Buk… Si oui, il serait séant de l'étayer par des contre
exemples.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;"><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Elizabeth Bishop, Margaret
Atwood, Sylvia Plath, Seamus Heaney, T.S. Elliot, e.e. cummings, Langston
Hughes, William Carlos Williams...</span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Oui mais
la plupart de ces noms sont antérieurs à Buk, et j'entendais par mon propos des
gens, soit du temps de son vivant, à son plus vif, soit de maintenant.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Pas de
souci, Walter, j'aime Whitman. C'est aussi ce qu'on trouve chez Pound, au
début. Et puis j'aime tout ce genre-là... Pas de frontière si ce n'est celle
entre ce que je trouve bon et ce que je trouve moins bon. Tous les poètes ont
mon estime à défaut d'avoir à chaque fois mon admiration.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Bishop, Atwood, Plath, Heaney
</span>sont<span style="mso-ansi-language: EN-US;"> </span>contemporains<span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">.</span></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais
qu'est-ce que tu n'aimes pas chez Buko ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Son
alcoolisme, sa façon de faire croire que c'était un mec qu'en avait bavé alors
qu'en fait ce n'était pas le cas, son style narratif abrupt et sans réel fond.
Tous les autres ont dit tellement plus et si bien. Et puis tu risque de t'énerver
encore une fois, le fait que les auteurs contemporains francophones ne voient
toujours que par lui alors qu'outre-Atlantique, les plus jeunes (nos âges je
suppose : quinqua, quadra, trentenaires) sont heureusement passés à autre
chose pour la plupart. Mais j'ai l'esprit ouvert et le prochain recueil que je
publierai de Daniel Flanagan est clairement bukowskien.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Difficile de
reprocher l'alcoolisme, c'est un procès que l'on pourrait faire à beaucoup de
monde dans les cercles de poésie si procès il devait y avoir.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais tu
ne m'énerves absolument pas, je suis assez d'accord avec toi, en partie. Mais
il a tout de même écrit des merveilles. Le problème selon moi, c'est que son
éditeur (Martin) lui a laissé beaucoup trop de marges au niveau des
publications. Pas si bien trié que ça. Pas mal d'ivraie dans le grain. Après,
je ne juge pas des souffrances des autres. J'en ai déjà parlé, je ne veux pas
revenir là-dessus.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Je ne fais
pas le procès de l'alcoolisme mais même Cavanna n'a pas supporté son manque de
respect et de civisme sur le plateau d'Apostrophe. Et puis pourquoi se mettre
dans des états pareils sous prétexte d'écrire. Je bois des coups comme tout le
monde et je me suis mis minable plus d'une fois, mais je n'en ai jamais fait un
credo. S'en amuser oui, mais s'en mettre plein la ruche juste pour l'acte...</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : J'ai pas
vraiment été sobre pendant plus de vingt piges, je n'ai jamais emmerdé les autres
plus que je le fais aujourd'hui. Peut-être que c'est la mise en avant de son
ivrognerie que tu lui reproches, d'en faire une sorte d'héroïsme. Et c'est vrai
que de ça on en revient. Ce n'est pas le Buko que je préfère mais une nouvelle
comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un homme </i>aussi ivrognesque et
violente soit-elle est d'une grande puissance, et elle dit une grande vérité.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Ceci dit
notre Blondin national était peut-être encore plus kamikaze, plus « trou
noir » que Buk, car il se mettait en danger social. Distribuer son argent
aux passants dans le métro, se fracasser la tête en faisant le saut de l'ange
du haut d'une table de bistrot… j'en passe. A côté Buk me paraît moins
desperado, disons plus comptable de ses ivresses… la ligne recherchée au bout
du dernier verre.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Un peu
mais franchement, et j'étais justement en train de relire certains de ses
textes, juste pour m'assurer que je n'avais pas rêver au départ, m’étais pas
gourer : j'aime vraiment pas ce qu'il écrit ni comment il l'écrit. Après,
des addictions, qui n'en a pas, et oui elles font/peuvent faire pour tous les
artistes/auteurs un thème (on y revient). Ecrire sous anxio ou antidépresseurs,
parler de sexe (that's me!), de nourriture, de boissons... ça peut faire de
belles créations. De l'héroïsme, faut pas exagérer… L'art total, Alain, en
quelque sorte ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais je
le critiquais pour cette manière d'en faire un héroïsme. A ce propos Carver est
très clair. Question : Pourquoi l'alcool chez les écrivains ? Réponse : Pas plus que chez
les médecins et dans les autres professions.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Sans
parler des profs… à la vôtre !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je ne bois
pas d'alcool. Que de l'eau. La liaison poésie/alcool est aussi abusive que
celle de sainteté/abstinence. C'est juste du cliché. Y en a qui boivent et qui
n'écrivent rien. Et inversement.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Sinon pour
revenir à ce que disait Stéphane. Disant ne pas voir la nécessité d'être publié
car déjà lu. Te dire que le livre c'est comme un aboutissement, que c'est une
grande émotion, que les textes prennent une autre dimension. Et quel étonnement
quand des gens que tu ne connais pas ou que tu ne soupçonnes pas te disent
t'avoir lu.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Pour mes
poèmes/jeunesse j'ai été invité en Suède. Ils les apprenaient dans des classes
de français. C'est bizarre comme sensation. Les textes ont changé. Ils ne sont
plus à nous.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Ce
qui amène la question : qu'est ce qui fait un bon livre de poésie, celui
dont le lecteur ne peut pas se séparer ? Celui dont l'auteur avait rêvé ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Cécile,
je comprendrai sûrement mieux un de ces jours.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Mais rien
ne fait un bon livre de poésies, sauf l'auteur à l'instant où il le fait. C'est
de l'impondérable, de l'inattendu. On n'en sait rien.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oh, La
Nouille, une question comme celle de Cécile tout à l'heure j'ai l'impression…
Pas de réponses... Si ? Dur.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Oui, quand
quelqu'un lit un de mes textes j'en suis émue... Le texte n'est plus à nous.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : On sait
déjà pas ce que c'est qu'un bon poème, alors un livre...</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Je pense
que c'est le lecteur qui décide que le livre est bon. L'auteur n'a pas son mot
à dire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Et
sur quoi s'appuie le lecteur pour déclencher son achat ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais il y
a quand même des lecteurs dont on ne prend pas l'avis très au sérieux ? Ne nous
voilons pas la face. Tous les avis ne sont pas équivalents. Certains sont pipés
et on le sait.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Le lecteur
achète car ce qu'il en feuillette ; ce qu'il en lit, le résumé le rejoint.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Une
rencontre, un extrait lu ailleurs, le bouche à oreille, le hasard d'une étagère
avec de trop rares « vrais » libraires, et oui Cécile, ce choc
émotionnel incompréhensible qui fait que cet extrait, ce poème touche aux
tripes et donne envie de ressentir encore.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Après cela
dépend du lectorat qu'on souhaite avoir. Mais quand on écrit on ne pense pas au
type de lecteur qu'on aura.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Non, mais
là on parle du regard sur le livre fait. Je ne pense à rien qu'à écrire quand
j'écris. Et puis je pense à dix personnes grand max quand je publie en ligne ou
en revue. Je ne pense pas à d'autres personnes.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Je
trouve que c'est lié, la pulsion d'écrire et puis l'autre, celle de lire de
(re)trouver une émotion commune.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Moi
j'essaie d'imaginer la tête du premier lecteur, c’est-à-dire l'éditeur.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Quand
j'écris, je pense à écrire, parce que ça m'amuse. C'est un chouette
divertissement de feignant et en plus parfois ça rapporte du fric. Le reste,
c'est du blabla.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Une fois
le livre fait... Cela ne nous appartient plus et ce sont les lecteurs qui en
feront ce qu'il doit devenir. Si bons lecteurs : parfait. Si mauvais lecteurs :
c'est embêtant. Et si pas de lecteur, c'est qu'il y a problème.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, mais
à force d'écrire, je crois que l'on perd tout de même une chose dans la lecture
mais qui est remplacée par une autre. La naïveté laisse place à plus de
profondeur.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Je ne
parie pas sur le seul lecteur pour l'avenir d'un livre. Pour en revenir au
sujet, se mettre en avant peut aider, activer ses réseaux de connaissances, contacter
les bibliothécaires, etc.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Bah sur
qui alors ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais non,
je vois ce qu'elle veut dire. Evidemment qu'il faut au moins un lecteur pour
qu'un livre vive.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Provoquer
la rencontre du livre et du lecteur, voilà le défi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : On sait
quand c'est mauvais, mais quand c'est bon on peut pas expliquer pourquoi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Ah si, un
peu quand même, non ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Villon
n'a jamais publié.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : C'était
moins facile à l'époque.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Rutebeuf
non plus. Et la thématique du livre est une vieille lune héritée des branleurs
du dix-neuvième siècle.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Mais
quelqu'un l'a fait pour lui sinon vous ne pourriez pas le citer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : A la page
« Éditeurs » du bottin c'était pas la foule.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : On a publié
des textes en se foutant du « livre ». Cette histoire de « livre »,
ça me fatigue. On rassemble des textes et puis c'est tout. Quand y a trop
souvent le même thème on s'emmerde. Faut un livre diversifié, avec des sujets
différents, c'est une question de « spectacle ». On fait du
divertissement au fond. On essaie de plaire. On y arrive parfois, souvent non.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Mais
Villon vivait au crochet de mécènes, et ne jouons pas sur les mots quand on
parle livre on sous-entend obligatoirement de nos jours un recueil sur un
support quel qu'il soit. Voir l'engouement pour les e-books.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Ah, bah
là je suis vraiment d'accord avec monsieur Pittau. D'ailleurs je disais à
Rodrigue cet après-midi que la seule manière de recueillir qui me conviendrait
c'est celle de George Oppen, avec des textes très variés dans leur forme et
leur contenu, mais la voix est toujours là.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Oppen,
c'est très bien.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui,
c'est assez inusable en plus. Et puis j'aime l'idée qu'il reprenne certains
textes dans d'autres volumes, retravaillés, déplacés.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : C'est du
bricolage, de l'à peu près, du bidouillage, des repentirs, etc.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Et il s'y
connaissait en bricolage. Il savait faire un bateau.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Julien Boutonnier</strong> : Bon,
j'arrive un peu tard sans doute… J'essaie de faire lire mes textes pour nouer
mon désir intime d'écrire au collectif, au social. Parce que comme ça je me
sens vivre un peu plus. C'est plus intense, et plus juste aussi, mon jour, ma
vie, comme ça. Donc oui les textes en avant. Parce que ça brûle aussi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Non non,
il n'y a pas d'heure. Merci, Julien !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Merde, il y a
trop de questions/réponses et je prends le train en marche… Ben ouais, moi
j'écris pour être lu, comme presque tout le monde quoi. Et aussi,
éventuellement, pour que quelques vieux ennemis en pissent leur cervelle par
les trous de nez. Facebook et le blog m'ont rendu, non pas orgueilleux (je
l'étais déjà), mais plus courageux sur ce que je fais. Le cap du premier roman
aussi... Ce qui fait respirer, c'est le lecteur inconnu qui dit qu'il a aimé.
Ce qui fait relativiser, c'est ce même lecteur qui dit « ouais, bof, et
alors ? » Avant publication, en revue ou autre, il y a en moi un mélange de
rage pure et une force de honte et de contention au moins égale à la rage.
C'est peut-être le truc « français », comme évoqué plus haut. D'un
autre côté, je suis assez clair avec moi-même sur ce que j'attends de mon
travail, alors mon souci, c'est davantage la qualité que la visibilité.
Éventuellement, quand la qualité me semble là mais pas la visibilité, je rage
sec pendant quelques jours et je repars à l'aventure.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Bon, ben
c'est très bien tout ça ! Clair, précis et vif. Vous voyez, Al et Julien,
l'avantage de ne pas répondre à la question à l’instant où elle est posée,
c'est que vous évitez magistralement le HS et la dérive (bien que j'adore ça
tout autant, hein).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : Comme
beaucoup d'autres questions du Séminaire, j'ai l'impression (donc c'est
subjectif) qu'elle rejoint cette question du « pourquoi écrire ? », en tout cas
cela rentre en jeu dans la réponse à cette question-ci… J'ai parcouru plus ou
moins vite ce qui a précédé et vais rejoindre beaucoup d'avis… Selon l'objectif
de l'écriture, ce qu'on fait du texte ne sera pas forcément la même chose. Je
ne cataloguerai pas (déjà fait ci-dessus). Néanmoins, rien n'était assez fixe,
j'écrivais d'abord pour me départir, mettre à distance. A partir de là, il n'y
a pas d'intérêt à partager. Sauf qu'à écrire, se pose des questions sur la
forme, ce que ça pourrait hypothétiquement « valoir », surtout quand on est
très grand lecteur (poésie y compris)/amateur de littérature (à en baser ses
études jusqu'à en avoir jusqu'à plus soif). Donc on partage par curiosité, puis
progressivement, plus ou moins par ego. Et si on arrivait à publier un livre ?
Puis se passe ce qu'a décrit Rodrigue, etc. Non pas que je ne sois pas content
(heureux, plutôt) d'avoir publié (merci Walter !). Mais finalement la question
de la valeur perdure (et là j'en fais râler quelques-uns). Je me rends compte
que paraître n'est pas un objectif (du tout), ni important (quoique très sympa
), et le partage fait est « sobre » (je pense), un rythme qui correspond
finalement à ce qu'on est. N'est-ce pas, Stéphane ? (association à la
manière de partager et non à la sobriété, hein...) Le partage est une mise à
distance de soi supplémentaire, on espère juste qu'il rencontrera l'intérieur
de quelqu'un, quelque part, l'espace du temps qu'il faut pour cliquer sur « partager », et les deux minutes qui suivent. On espère plus fortement rencontrer quelque chose lorsqu'on lit le texte ou le livre d'un auteur. Parce
qu'en définitive, s'il nous plaît/parle, c'est qu'on y a croisé quelque chose
de nous-même à l'intérieur (miroir, peur, inassouvissement, envi, convergence,
etc.). Néanmoins, je ne te suis pas sur l'avis propre que l'on a de sur ses
propres textes. Je suis souvent surpris de constater que les plus « appréciés »
sont ceux sur lesquels je n'aurais pas parier un kopeck, pas ceux sur lesquels
j'ai souvent passé du temps (ainsi finalement, ceux-ci, à quoi bon?). Je renvoie
au dernier article de Jean-Marc Undriener sur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fibrillations</i>, qui sans le savoir, à mon humble avis, donne le sien
sur le sujet. En résumé, écrire pour se départir, lire pour (se) rencontrer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, je
connais ce qu'en pense Undriener. Par contre je n'ai jamais dit qu'on pouvait
connaître le destin d'un texte, son potentiel chez le lecteur. J'ai dit que
l'on savait si un texte était un peu raté ou relativement réussi. Il y a des
poèmes que je considère comme très réussis qui ne plaisent toujours pas (du
moins aucun retour), ça ne change pas l'idée que je m'en fais. Il y a des trucs
que je trouve tout de même assez merdiques et c'est pas trente lecteurs (trente,
ça n'arrive jamais, hein, je m'emballe) ravis qui me feront changer d'avis. Des
trucs envoyés parmi d'autres dans un moment un peu laxiste. Bon... Il y a aussi
un truc dont on aurait pu parler, c'est des prémices de la monstration. Par
exemple, je sais que beaucoup imaginent que j'ai commencé par un blog, alors
que j'ai publié des tas de trucs les six années précédant sa mise en place (dans
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Verso</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Diérèse</i> principalement). J'ai ce blog depuis quatre ans et des
brouettes. Badin, encore tenancier de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">N
4728</i> en 2004, quand j'y publiais mes tout premiers textes, m'avait assez
vite parlé d'un livre possible. Que j'en tenais le début d'un en tout cas. Puis
ce fut Martinez, monsieur Diérèse. J'ai un peu éludé... J'ai pourtant longtemps
désiré un putain de bouquin avec mon nom en lettres de deux mètres. Ça a l'air
si incroyable de ne pas vouloir de livre (ou plus) ? Comme si c'était une sorte
de comédie risible, ou une amère provocation due à une forme de frustration.
Mais non. Je suis impulsif autant que cérébral. J'ai laissé reposer. Cette
course à la publication déjà ne me plaît pas. Je découvre depuis quelques mois
la chose « en live ». Je trouve ça un peu excessif. J'y ai beaucoup
réfléchi ces derniers mois, et encore depuis mes derniers mots. Mais non, je ne
vois plus. Vraiment. On dirait que ça signifie « monter en grade ».
Un seul bon poème écrit me suffirait. Et quand je parle de livre ici je veux
dire écrire une suite de textes qui s'assembleraient pour former un tout, avec
une sorte de début et de fin, je ne sais. Non. Pas question. Ce serait sombrer
dans le factice, faire du remplissage en ce qui me concerne. Mais si cela
signifie compiler des textes de manière intelligente en vue de produire un
effet plus grand, alors oui, pourquoi pas. Je ne lis jamais un recueil de
poésie du début à la fin. J'ouvre, je pioche, je relis. Il y a parmi mes
recueils préférés des poèmes qui m'ont encore échappé j'imagine. J'aime relire
deux strophes que j'aime particulièrement. Je peux les relire trente ou cinquante
fois presque de suite. Je psalmodie ce que je lis comme ce que j'écris. Je ne
suis pas sûr de chercher une rencontre dans la poésie. Je recherche une part de
moi qui serait peut-être aussi ailleurs, et mieux éclairée... Ceci dit, je
m'égare, mais c'est une question intéressante, cette histoire de lecture.
Comment lit-on un livre de poésie, tous, dans notre coin ? (N'y répondez pas
trop maintenant, ça pourrait bien être un prochain sujet du Séminaire.)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : Quand je
parle de rencontre, c'est de soi (d'où le « (se) ») bien entendu. Quant
à la destinée, non, je n'en parle pas non plus, je dis juste que finalement, la
qualité d'un texte, c'est une idée somme toute subjective (mais oui, c'est quand
même plus facile de reconnaître quand on a écrit une merde qu'un bel objet).
Publier un livre, oui, ça a souvent l'air d'une course. D'où les fabrications-maison,
prendre son temps, être d'un bout à l'autre de la chaîne, construire une
cohérence de bout en bout, jusqu'au choix du papier ou du type de reliure.
Parce qu'un livre, on oublie que c'est aussi un objet, pas seulement un contenu
(mon côté fétichiste peut-être). (J'oublie là l'e-book, mais que
voulez-vous...)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Non,
décidément, pour moi un livre de poésie ce n'est pas ça. Je ne comprends pas,
j'entends parler de livres, de livres, toujours de livres, mais on ne parle
jamais vraiment de poèmes. Alors on va me dire, oui, mais un poème, on ne peut
pas vraiment en parler, en parler c'est le réduire, voire le détruire un peu.
Mais le but d'un poète, c'est quoi ? Ecrire un livre ? Non. Ecrire des poèmes.
Je n'ai pas lu beaucoup de recueils qui sont bons d'un bout à l'autre. Et c'est
pas le but. On ne peut pas « réellement » aimer tous les poèmes d'un
livre. Je ne sais pas, tout ça me fatigue. Ce côté artisan. On a un truc à dire
on le dit, point. Si je n'ai pas grand-chose de plus à dire, pourquoi me forcer
à développer un truc ? (Bon, en plus je viens de lire <span style="color: #948bc4;"><a href="http://www.fibrillations.net/n017-a-propos-du-talent" target="_blank">le bidule d'Undriener</a></span> - je ne l'avais pas lu celui-ci - et
ça donne assez envie de se défenestrer... Car si juste.)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : Justement,
attention, tu ne confondrais pas livre et recueil ? Ça ne peut pas être très
court ? Sans pour autant que tout le poème soit bon... Mais un livre ne peut-il
être de deux pages ? (Bon, je vais te fâcher, à insister…) Bref, le livre
englobe alors l'enveloppe et le contenu, même s'il n'est qu'un poème, même s'il
ne tient que sur une ou deux pages.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Non, pour
moi deux pages, ça ne fait pas un livre. (Sauf si c'est des pages d'un kilomètre
à la Kerouac. Que je n'aime pas trop au passage.) Là pour moi, c'est une
plaquette, un fascicule. On peut dire que c'est un livre, mais pour moi c'est de l'ordre d'une certaine préciosité. Quant à la différence entre recueil et
livre, je sais bien sûr la faire. Je suis plus proche de l'idée du premier
concernant la poésie, mais encore plus d'un truc plus organisé peut-être mais
absolument pas linéaire quant à la forme ou le propos. Sinon, écrire quatre-vingt
poèmes du même tonneau, pour moi, là c'est du roman. (Et tu ne me déranges
pas<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>même si j'ai l'air d'être levé du
mauvais pied...)</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Oui, mais
du coup au lieu de choisir le genre fiction, c'est tout dans la sonorité, et
c'est ce que j'ai fait sur tous les derniers recueils : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Post Mayotte Trauma</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Maore</i>
(sur mon expérience mahoraise), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Carmine
Carnival</i> (sur le vampirisme), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">The
Loss</i> (le décès de mon père et la chute que cela a engendré), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Crossing Puddles</i> (mon nomadisme) et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">12x13</i> (qui reprend toute l'année 2013,
mais c'est une commande <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kind of Hurricane
Press</i>). Et le recueil en cours d'écriture, pareil : des dragons au sens
étymologique du terme et mes cinq points cardinaux : amour, rêve, luxure,
culpabilité et rage. Un ou des fils conducteurs, mais des poèmes qui tiennent
chacun tout seul. Chacun respire à sa manière et vit de son côté, mais ensemble
ils forment un tout, un ensemble, un monde, un recueil quoi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Ok ok. Le
truc c'est que je devrais me contenter de vous écouter répondre aux questions,
au lieu de parler et de me ridiculiser à essayer de vous convaincre que ne plus
tellement être accro à l'idée d'un livre n'est pas un état maladif. Je croyais
que la poésie c'était la liberté, mais je vois que le milieu a ses codes et
qu'un type qui écrit des poèmes orphelins restera un type qui écrit des poèmes
orphelins. J'ai déjà obtenu ce que je rêvais d'obtenir. Quelques-uns ici ont
apprécié une fois ou deux un de mes textes, voilà, des gens intelligents et
talentueux. Ça me suffit. Mon blog me suffit. Être publié dans une revue de
temps à autre me suffit. Je ne suis pas là à mendier une publication. Si vous
pensez ça, je ne pourrais sans doute rien y changer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Écrire est
une liberté magistrale avec ce que l'on fait, sans ce « vouloir plaire »
et à qui d'abord ? Sans recette (surtout pas), et les codes que tu perçois,
faut juste glisser, c'est pas important, vraiment pas. Suivre son chemin,
bidouiller ses trucs avec son questionnement à soi sur ce qui est écrit. Mais
écrire avant tout. « Poète », je n'aime pas ce mot. Y a rien à
mendier. Mais on est un peu dedans, cette foutue création qui passe par les
mots, un peu chevillée à soi quand même, alors parfois on ne sait pas quoi
faire avec ça. Je crois qu'il y a des étapes, que rien n'est vain, que tout
sert toujours, que l'essentiel est de progresser (ou de croire ça) sur sa
trajectoire. Alors on est lucide. On a parfois envie de plus rien, de n'écrire
plus jamais. Parce que personne n'est un robot programmé pour un truc, et qu'on
se sent vide, épuisé. Que des textes sont tellement percutants que c'est
désespérant. Parce qu'on porte cela très haut. Écrire ce n'est pas rien. On
aura beau s'en défendre, on n'y croit pas. Parfois on n'y arrive pas. Le Mur
dont parle Emaz. Toute cette impuissance du Mur, même quand on s'appelle Emaz,
et ce n'est pas une posture de sa part, il n'a pas besoin d'être poseur, s'il l'a
jamais été. Tu as tes raisons. Manquerait plus qu'on ne les entende pas !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : C'est fort,
ce que dit Brigitte. C'est juste. Pas de pathos, pas de mystères
jusqu'après-demain. Oui, les choses comme elles sont. Tu vois, Stéphane (tiens,
je finis par te tutoyer, sans doute parce que Brigitte explique les choses du « tu »
et que toi tu es dans le vouvoiement, à l'égard du poème, ou plutôt du « livre »),
ton acharnement à dire « non, non, je ne comprends pas, ce n'est que du
remplissage », etc. me laisse penser que quand même toutes ces choses te
tracassent. Est-ce un oui inavoué ? Loin de moi l'idée de te convertir ! Je
n'en ai ni le talent ni la prétention, je fais seulement ce que j'ai à faire.
Je n'ai pas de conseils à donner, je m'y prendrais mal. On rejoint aussi l'idée
de Francesco qui pose les choses un peu dans le même esprit au début de la
conversation. Je crois, Stéphane, que tu auras gagné par ce Séminaire, la
franchise de Brigitte et Francesco qui savent si simplement te confier les
choses. C'est une grande chance, oui, je le crois sincèrement.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> : Ma petite
idée par rapport au livre ou au poème. Je pense que chacun de nous peut écrire
dans un but différent. Dans mon cas je n'écris pas des poèmes mais un recueil.
Car j'ai tant de choses à dire sur un sujet qui me travaille que quand je
commence à écrire j'ai déjà en tête tout un recueil. Que ce soit pour parler
d'exil, de mes grands-parents durant le franquisme, etc. Et actuellement du
travail des femmes, ou de l'évolution des correspondances à travers le temps et
les nouvelles technologies. Bref, j'écris des recueils pensés et avec un fil
conducteur. À l'intérieur ce ne sont pas des poèmes mais des fragments du
poème. Mais je conçois que nous n'avons pas tous la même façon d'écrire. L'important
n'est pas dans la mise en avant, dans le livre, etc., c'est plutôt de faire ce
qu’on a à faire. Écrire. Chacun à son rythme, chacun à sa manière. Et de ne pas
le faire seul. À compter d'un lecteur on peut dire que nous n'écrivons pas seul
! Après cela convient bien à certains. D'autres veulent aller plus loin. Et
l'essentiel c'est de se sentir dans son élément.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : La
franchise de Brigitte et Francesco n'a pas attendu le Séminaire pour me
parvenir, Fabrice. Je n'ai pas beaucoup de certitudes, mais la chance de tous
vous avoir ici en est une grande et évidente.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : Je ne suis
pas dans la confidence, Stéphane. Je me mêle certainement de choses qui sont
personnelles. En tout cas, le plaisir est partagé.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais non
mais non, Fabrice. Aucun souci.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Je
pensais à un truc hier, à propos de faire un livre. Ou plutôt d'écrire des
textes comme un ensemble (livre ou pas livre, hein), c'est que ça laisse sa
chance à chacun des textes de porter une ramification potentielle qui pourra ou
pas se prolonger dans un autre, jusqu'à épuisement du filon. En tout cas perso,
envisager l'écriture comme ça plutôt que comme des éléments clos et épars m'a
ouvert des perspectives que je ne soupçonnais pas avant de m'y essayer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Éric Dubois</strong> : Je mets mes
textes en avant sur les réseaux sociaux ; on me le reproche souvent, on me dit
que je suis narcissique.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Éric, ça
tient peut-être un tantinet aussi à tes selfies.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> : En retrait.
Question de tempérament.</span></div>
<br />Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-19047118056863328262014-04-26T15:47:00.000-07:002014-09-04T07:12:53.601-07:00S 12<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>DANS CE PETIT MONDE DE LA POÉSIE, PENSEZ-VOUS APPARTENIR À UNE FAMILLE, À PLUSIEURS ? SE RECOUPENT-ELLES ? OU VOUS SENTEZ-VOUS PLUTÔT « SATELLITAIRE » ? À QUEL POINT CETTE POSITION VOUS INFLUENCE-T-ELLE ?</strong></span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne
Desroziers</strong> : La famille, c'est le lieu de toutes les névroses. Je me
garderais bien de trouver une seconde famille, j'ai assez à faire avec la
première. Je me sens parfois des affinités avec certains écrivains, j'éprouve
de l'admiration aussi pour des écrivains disparus ou contemporains (que je
connais un peu personnellement ou dont je ne connais que les livres).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille
Martienne</strong> : La grande famille des transparents, des anonymes, des sans
collier... mais surtout celle des nouilles (martiennes si possible) !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Que du satellitaire pour le moment donc... J'en suis aussi.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> :
Poésie noire et ou narrative.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> :
Totalement satellitaire. Anti-Bukowski et compagnie quand tous mes contemporains
n'ont d'yeux et d'oreilles que pour lui. Plutôt post-moderne, réalisme
fantastique, symbolisme, rien qui ne branche tellement mes congénères
francophones... Alors je veux vous lire Anna de Sandre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> :
Oh, merci de votre intérêt. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Merci, Walter et Anna. Mais vous avez peut-être une famille sur un autre plan ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> :
Ah oui, et poésie jeunesse également... J'aime les poèmes de Murièle Modély, </span><a href="http://koukistories.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Kouki Rossi</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, Al Denton, Stéphane Bernard,
Dominique Boudou, Francesco Pittau, </span><a href="http://labedan.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Daniel Labedan</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, </span><a href="http://isabonat-luciani.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Isabelle Bonat-Luciani</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> et </span><a href="http://etc-iste.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Thomas Vinau</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, pour citer les vivants qui fréquentent Internet.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
J'aime Bukowski parce qu'il m'a décrassé du romantisme et compagnie. Mais je n'ai
plus d'affinités avec lui quant au style. Plutôt carvérien, même si ce n'est
peut-être pas visible. Je dirais que je suis quelque part entre la poésie
directe et la masturbation métaphysique<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>En tout cas je ne vire aucun genre, sauf peut-être l'Oulipo.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :
D'accord avec Marianne, déjà bien assez à faire/se départir de sa famille, pour
s'en rajouter une autre. D'accord avec La Nouille aussi, et je rejoins Anna (zut,
ça deviens très consensuel tout ça). Bref, des affinités avec des écritures (qu'on
croise tous, à force de finir dans les mêmes auges), un peu avec les auteurs,
même si finalement je n'adhère pas forcément à l'ensemble de ce qu'ils
écrivent. C'est pédant si je parle d'autosuffisance, mais dans le sens
d'indépendance. S'inspirer-ressentir, mais rester (le croire), rester un
maximum autonome et indépendant (libre ?).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Les familles, j'aime pas. Je préfère les satellites mais ils donnent le
tournis. Disons que j'ai quatre ou cinq poètes que je mets au-dessus de tous
les autres, dont Thierry Metz, Antoine Emaz, Vanderkrisch, Paul de Roux. Quant
aux anciens : Rimbaud, Lorca, Follain, Guillevic. Et puis tous ceux que je ne
connais pas. Allons, j'arrondis : une vingtaine de noms en comptant ces
inconnus, passés et à venir. J'essaie de fuir leur influence sans y arriver
toujours. Jamais je ne me mettrais à écrire juste après avoir relu Emaz ou Metz.
Jamais.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
C'est vrai qu'il y a des auteurs qui nous tiennent trop, et qu'il faut attendre
qu'ils s'éloignent pour ne pas risquer d'être leur marionnette un peu hébétée.
J'avoue qu'il m'arrive d'éviter certaines (re)lectures quand je sais que
l'instant d'écrire rôde (comme un éternuement, dirait Claudel).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Sans doute très satellitaire et pour tout dire, ne suis pas sûr d'écrire tout à
fait de la poésie, aime bien faire descendre un texte en bas de la page avec le
plus de rythme possible et en ce sens plutôt dans l'orbe de Bukowski qui m'a
impacté, horrible mot à la mode, comme beaucoup d'autres avec sa puissance de
« camarade vitamine », de <em>booster</em>, de <em>pusher</em>, de « osez », de
« try », même si tu te casses la figure, bref un désentraveur, une
<em>key of ignition</em>.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Si si vous en écrivez, Alain. Sans aucun doute. Et effectivement, c'est des
types comme le Buk, Brautigan et Carver (et dire que je viens de découvrir
seulement Shepard) qui m'ont désinhibé. Qui m'ont fait « oser en
écrire ». Du moins recommencer à tenter d'en écrire, et cette fois sans
tambour ni trompette.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> :
Je dirais que c'est un tas de racines emmêlées.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Je dirais que je lis des tas des conneries... Pas famille, sauf celle que je
choisis et qui m'engage. En écriture c'est idem, et pas de copinage !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> :
Je n'ai pas envie de faire partie d'une famille en écriture, je n'aime pas les
clans et les chapelles et je suis même incapable de dire qui pourrait faire
partie de telle ou telle « famille ». Par contre, les lectures me
nourrissent, les bonnes comme les mauvaises.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Pas de clan, non. Si j'en avais voulu un, je jouerais dans un groupe de rock. Mais des affinités, évidemment.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> :
<em>Familles, je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possessions
jalouses du bonheur.</em></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cécile Guivarch</strong> :
Oui, des affinités dans l'écriture, oui, bien sûr. Se dire « ça,
j'aurais aimé l'écrire. »</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> :
Le digérer et se l'approprier pour en faire un thème à soi.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
C'est bien ce Séminaire, je trouve, très bien même.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
On retombe toujours dans la psychanalyse. Inévitablement.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Les gens disent leur famille, leur petit cercle, trouvent que ça les rassure.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
J'aime trop de textes de trop de gens. Je ne me sens d'aucune famille.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, pareil, Francesco. D'ailleurs il y a une chose que j'ai encore du mal à
comprendre : les revues/éditions de poésie ciblées. Je serais éditeur, je
n'éditerais que ce que je trouve bon, sans ligne particulière. Je pense qu'une
maison doit refléter celui qui la tient plutôt qu'une ligne comme un fil à la
patte.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Je déteste les revues ciblées.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christine
Saint-Geours</strong> : A partir de quel moment se considère-t-on comme appartenant
au « monde » de la poésie ? Écrire (ou essayer) d’écrire des poèmes fait-il de
vous un poète ? Un ami poète m’a dit un jour que la poésie est un état, une
façon de vivre, il m’a parlé de son « bordel poétique » difficile à vivre au
quotidien. Alors appartenir à une famille en plus ! En 2011, j’ai rencontré
</span><a href="http://andresneuman.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Andres Neuman</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> que j’admire pour son
intelligence, sa luminosité, ses dons d’écrivain polymorphe (et son charme !). Il
était accompagné d’</span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Eduardo_Berti" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Eduardo Berti</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> et de son traducteur J.M. Saint-Lu ; la discussion
a très rapidement dévié sur l’étonnement des Sud-Américains (ils sont argentins
tous les deux) devant à la « sectorisation » qui existe en Europe dans le
milieu littéraire (et artistique en général). Chacun là-bas passe, sans complexe
de la poésie au roman ou à la nouvelle voire la micro-fiction. On lit et on
entend dire que la poésie est marginalisée, qu’elle n’a pas droit de citer.
N’est-ce pas en premier par la faute de (certains ?) poètes qui se
marginalisent en voulant faire croire qu’elle n’est pas accessible et qu’il
faut être « initié » (votre « petit
monde »). Je plaide (et je ne suis pas la seule) pour une poésie décomplexée,
la preuve mes CP apprennent à écrire et à lire en poésie principalement et ils
en sont gourmands. J'espère qu'adultes ils ne considéreront pas le poète qu'ils
croiseront comme un hurluberlu ou un marginal en dehors des
« réalités » du monde .</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> :
La seule famille à laquelle j'aimerais appartenir est celle des poètes qui ne
pètent pas plus haut que leur cul et ne nécessitent pas un bac + 8 en
masturbation intellectuelle pour être compris. Je n'aime pas trop ce côté
« la grande famille restreinte de l'élite culturelle » que se donnent
souvent la poésie et la littérature en général. Paraît-il même que c'est à
cause de ça que la littérature française ne s'exporte pas (de source peu
fiable...).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
C'est bien pour ça que j'ai toujours eu une grande attirance pour la
littérature américaine. Et ici, on ne se masturbe pas ! (Sauf moi - un peu.)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> :
En fait, comme tu disais, tant que ça donne du beau, tous les moyens sont bons,
hein.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> :
Onanisme littéraire... J'en jouis... Pardon. Bon, ceci dit, si je puis me
permettre, c'est pas tant européen que juste français, même pas francophone.
Cette façon pédante et académique que nous avons de toujours tout considérer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Ma seule famille c'est mes enfants. Pas de famille poétique. Quant au
« petit monde de la poésie », clairement, j'en suis pas. Déjà assez de
mal à me débattre avec l'écriture, la plupart du temps sans savoir si ce que je
fais vaut un pet de lapin, et à deux doigts de tout arrêter. Satellite, oui
pourquoi pas ? Mais à l'orbite très irrégulière.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Ben moi je me retrouve carrément chez pleins d'apatrides de la littérature.
Dazai pour la négation de soi, </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mircea_C%C4%83rt%C4%83rescu" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Cartarescu</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> et </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kazuo_Ishiguro" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Ishiguro</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> pour la mémoire qui fait
des boucles imparfaites, Fante père et fils pour « la vie est un jeu, j'ai
choisi de jouer en mode hardcore », Pizarnik pour sa nuit infinie, et
Burroughs pour le pur délire, et de manière générale les Américains du Sud
comme du Nord pour des raisons proches de celles évoquées par Stéphane. Cela
fait une famille, finalement, ma famille, dans laquelle chacun est le satellite
de l'autre. Il n'y a pas de soleil collectif, ou de planète centrale, à part le
fait de s’asseoir à une table avec une feuille et un stylo (ce qui est déjà un
point commun que peu de personnes d'une même famille de sang ou de cœur
partagent).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, Al, et dans ce sens, j'ajouterais peut-être une autre famille : les
Chinois des Tang, cette bande d'exilés (souvent) qui se croisaient parfois et
dont certains étaient les sages maîtres des autres. Cette famille-là et
l'Américaine, sans patriarches, une bande de frères isolés.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Carl Sonnenfeld</strong> :
Oui, satellitaire et singulier qui trace sa route, en lorgnant vers Kerouac et
Tristan Tzara.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-64243593081395042122014-04-09T10:11:00.000-07:002014-09-04T12:02:15.587-07:00S 11<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>PARMI VOS POETES DE CHEVET, QUEL EST CELUI QUI VOUS SEMBLE MALHEUREUSEMENT LE PLUS OBSCUR, LE MOINS LU ? QUELQUES MOTS SUR LUI ?</strong></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Francesco Pittau</strong> : Jude Stéfan.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Paul Jullien</strong> : Ernest Hello - Michaux lui doit tout, limpidité extraordinaire pour une pensée qui ne peut pas être comprise tant elle est totale.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Jude. Stéfan. Oui, effectivement, quelques mots. Merci, Francesco… Je prends quand même, Paul, mais j'avais dit « poète », histoire de restreindre - et surtout parce qu'un poème peut être une porte un peu moins volumineuse à mouvoir pour entrer dans un nouveau monde. D'ailleurs, je veux bien aussi un poème pour faire découvrir l'auteur… Simple à trouver ce Hello ?</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Paul Jullien</strong> : Il est complètement oublié mais réédité par une petite maison d'édition qui a fait un très beau boulot. Bloy en parle dans son brelan d'excommunié sous le dénominatif du « fou » (en présence tout de même, de Barbey d'Aurevilly et de Paul Verlaine). Et pour moi il n'est rien d'autre qu'un poète. User de la matière théologique pour faire de la poésie. J'ai ses livres mais pas sous la main... J'en filerai un bout quand je pourrai.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Donc, ça marche. Je lis Nietzsche, Weil et Bataille comme on lit des poètes, alors je comprends… Et voici un poème de Jude Stéfan (tiré de<em> Povrésies</em>) :</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><em>Trapue Sauvage Noire<br />au redoublement de leurs éventails<br />scandant les véroniques<br />le cheval aveuglé répand ses entrailles<br />avant que par cinq fois l’épée n’effondre<br />la Victime<br />honteusement traînée sur le sable : ce soir<br />elles ouvriront leurs cuisses<br />à la corne effilée<br />elles crieront imitant l’orchestre<br />et demain prieront en mantille ou<br />danseront farouchement le jota<br />sueur et sang, poils et raucités<br />sont leur dot.</em></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Ce texte me fait penser à ces sortes de poèmes qu'il y a dans la trilogie <em>USA</em> de Dos Passos, et que j'adore. Ce recueil - <em>Povrésies</em> - est-il entièrement comme ça, Francesco ?</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Francesco Pittau</strong> : Ouaip…</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Donc une sorte de oui ?</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>La Nouille Martienne</strong> : C'est difficile comme question, Stéphane, car beaucoup de bons poètes sont peu ou mal connus mais comme nous sommes ici entre amateurs éclairés je ne vois pas dans ma chambre (à part les américains en version originale comme Margaret Atwood ou Sylvia Plath - traduite récemment par Valérie Rouzeau -, Alicia Ostriker ou Katrina Vandenberg...) d'auteurs obscurs. J'aime beaucoup Venus Khoury Ghata, Antoine Emaz, Benjamin Fondame, Nelly Sachs parmi d'autres qui restent à portée de mains selon l'humeur et le temps. Parmi les contemporains publiés, je relis parfois Denis Peiron, François-Xavier Maigre, Georges Vernat. Très récemment découverte et appréciée, Denise Desautels ,ou encore Yannick Torlini. Volontairement je tairais, de peur d'en oublier un, ceux et celles dont je fréquente assidument les blogs, parfois sans laisser de trace. Mais, et je pense que cela finit par se voir, je suis absolument fan du poète Ez Nogood, qui écrit comme j'aurais aimé pouvoir le faire et dont je connais une multitude de poèmes par cœur tant le sujet abordé, le style, le rythme, le souffle, la musicalité des mots, le sens, etc., me frappent à l'âme. Qui plus est, il prend aussi des photos pour effacer la frontière entre monde intérieur et monde extérieur. Il faut aller voir et lire <em>L'Etre de Caux</em> ou <em>Jours plissés</em>.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais même éclairés nous avons tous une zone d'ombre qui aimerait avoir sa part de lumière quelque fois. En fait je vous donne à tous l'occasion de gommer, un peu, modestement, une injustice. Un auteur pas seulement bon, mais excellentissime, et qui n'est presque pas lu. Personnellement, que le nom de William Bronk ne soit jamais prononcé nulle part me stupéfie. Ce type est un superbe, immense poète. Un des plus puissants du vingtième.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>La Nouille Martienne</strong> : C'est le problème avec la poésie en langue étrangère (ou ancienne, Sapho me vient en tête) qui implique une maîtrise de la dite langue par le lecteur car les traductions sont rares et souvent insatisfaisantes (poètes chinois ou hindou). Espérer un coup de projecteur sur ces auteurs ressemble à un acte de foi ! Elle reste, cette poésie, dans le domaine du confidentiel. Hélas, sauf à se montrer particulièrement fouineur sur le net qui a ouvert des portes sur les autres univers pour qui sait les trouver.</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /><strong>Stéphane Bernard</strong> : Bronk est bel et bien traduit (et impératif), et si j'étais plein aux as, je financerais un ou deux éditeurs rien que pour traduire l'intégrale d'un paquet de poètes américains : Sandburg, Teasdale, Bronk, Riding, tous les objectivistes, etc. Et puis je passerais à d'autres, ailleurs. J'embaucherais une armée de traducteurs passionnés par les auteurs qu'ils traduisent... Bon, ok, je me réveille.</span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-87735992722405770792014-04-02T11:29:00.000-07:002014-09-04T04:18:08.477-07:00S 10<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>AVEZ-VOUS CONSTATÉ UN « PAYSAGE LEXICAL » QUI VOUS EST PROPRE ? Y A-T-IL DES MOTS OU CATÉGORIES DE MOTS DONT VOUS AIMERIEZ PARFOIS VOUS DÉFAIRE UN PEU ? D'AUTRES QUE VOUS NE VOUS LASSEZ JAMAIS D'EMPLOYER ?</strong></span><br />
<strong><span style="font-family: Trebuchet MS;"></span></strong><span style="font-family: Trebuchet MS;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Je change de paysage lexical régulièrement. Certains mots que j'ai beaucoup
utilisés, je les mets dans un tiroir et je les oublie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
C'est une solution très saine, échanger l'air vicié contre un plus frais.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> :
Je dois faire un effort pour ne pas user et abuser des mêmes mots. Il faut un
juste équilibre entre ce qui relève de la litanie (j'aime l'idée de la
répétition qui charge le mot ou le vide de son sens - selon) et la répétition
mal venue : bon, des fois ça marche d'autres, non. J'aime aussi l'idée que d'un
recueil à l'autre les mots reviennent comme des motifs qui tisseraient ma toile
(là non plus ça ne marche pas toujours). Je dirais néanmoins (en ce qui me
concerne) que je dois surtout travailler à ne pas céder à la facilité. Mais bon,
j'ai des mots qui reviennent tout le temps - et c'est très chiant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je pense que l'on a tous des mots dont on ne peut pas véritablement se
détacher, qui sont pour nous comme les noyaux autour desquels la chair de la
voix s’assemble comme elle peut, les os d'un squelette par définition plus
durable, et le plus intime, sur lequel on cherche à greffer une silhouette
variable, celle qui nous colle au plus près sur l'instant. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ce qui pose davantage de questions, ce serait bien la syntaxe, la nôtre, celle
qui nous empêche de trouver une formulation autre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Tout à fait d'accord, Francesco, gaffe aux plis, toujours. Le piège c'est de
penser s'être trouvé. C'est un truc que l'on retrouve aussi souvent chez les
peintres. Il faut vraiment changer de cheval régulièrement. Il ne faut pas
s'unir avec ce que l'on pense être le plus près de soi, il peut toujours y
avoir plus près ailleurs.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> :
Aller voir ailleurs si on y est. D'ailleurs j'y vais.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Exactement. Et il y a des chances que l'on y soit. J'ose le croire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Ouais, tout ça c'est très variable. Des fois je suis hardcore et j'ai envie
de changer mes mots, en mode recherche expérimentale, d'autres fois je suis
bien dedans, comme une balade dans une forêt que je connais. Quand c'est flou,
je repense à Stephen King qui disait que notre vocabulaire ne doit pas
nécessairement être changé, qu'il faut faire avec ce qu'on a sans forcément
chercher à habiter des champs lexicaux qui ne nous conviennent pas. Le vrai
boulot, c'est de rester dans sa peau sans se répéter, quoi, enfin j'le vois
comme ça. Moi je mets des « putain » partout en ce moment, et je sais
que bientôt ça va se calmer et que je vais pouvoir passer à autre chose.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> :
S'approprier d'autres mots c'est bien aussi, les mâcher, les avaler et recracher
tout ça tout plein de salive.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
« J’ai trop lu de poésie. Combien de fois le mot étoile, le mot lumière, le
mot liberté ? Combien de fois l’amour, l’automne et la beauté ? Le souffle, la
source et la vérité. Ces mots qui tournent dans une ronde folle, passent de
bouche en bouche, de feuille en feuille. Combien de fois le feu et la fumée ?
Les mots sont vains. Ce qui reste de la poésie quand on se tait, voilà sans
doute, une question qui mériterait d’être posée. Que serait le poète sans les
mots ? Un cœur palpitant arraché d’une poitrine, un sexe turgescent, une
fontaine au creux d’une ravine ? Un soleil plongeant dans l’obscur des océans ?
Que serait le poète sans ses mots, le peintre sans sa peinture ? Voilà ce qui
m’intéresse aujourd’hui. » (C.G. in <em>A la loupe</em>, un truc à rester dans mes
tiroirs encore.)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christine
Saint-Geours</strong> : Assez d'accord avec l'idée du carcan dans lequel notre
syntaxe nous contraint quel que soit l'écrit, notes (de chevet ou pas), lettres
(intimes ou administratives).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je crois qu'être poète est une posture - positive - et qu'il existe des poètes
qui n'écrivent pas. Il y a des poètes de la vie comme il y a des poètes des
mots ; il arrive simplement que ces deux espèces coïncident, et qu'elles
coïncident est peut-être le cas de figure le moins rare.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
Pas le moins rare non, vraiment, à mon humble (un peu) avis, le sentiment
poétique est beaucoup plus répandu que le besoin ou le don de l'écrire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Sans doute, sans doute... « il arrive simplement que ces deux espèces parfois
coïncident » corrigea-t-il.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
Non non, ne pas corriger, il y a de la place pour tous les avis !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oh, je ne corrige qu'à moitié : c'est ce que j'avais écrit au début, et puis hop,
je me suis encore emballé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Sophia Sophos</strong> :
Pour ma part, j'aime voir les mêmes mots changer dans mon oreille ou mon regard,
les entendre différemment, les comprendre autrement, parce qu'une expérience
avec l'un d'entre eux me fait en voir une nouvelle facette pour ne pas dire
leur vérité. Prenons par exemple la mer. Mot banal, qu'on charge de poésie, de
tout, de rien, qui ne veut plus rien dire, et qui nous exalte quand on
s'attarde : « Ah, revoir la mer... » Cherchons les situations où la
mer, on s'en fout. Et si je dis : « Derrière la mer, il y a mon
secret », là, le mot résonne d'un écho nouveau. Voilà !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Voilà bien la question la plus difficile depuis qu'existe le Séminaire car il y
a le paysage lexical conscient et le paysage lexical inconscient dans ce qui
est dit et ce qui ne l'est pas. Un regard extérieur avisé saurait mieux que moi
répondre à cette question.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Très juste, Dominique.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Paysage lexical, oui, au sens rythmique et si tant est que je le possède en
propre, ce dont je ne suis pas certain, en tout cas, plus je gribouille, plus
je m'efforce de m'en éloigner et j'aurais bien aimé le maitriser plus tôt, je
voulais parler du tempo célinien et de ses affidés, son jazz-band rapproché, à
savoir Audiard et Boudard dont j'aimerais une bonne fois gommer les échos, les
populismes, mais c'est plus fort que moi, je suis un peu comme cette balle de jokari
au bout d'un élastique, je m'éloigne, je crois couper définitivement le cordon,
mais toujours il y a un moment où l'élastique me ramène <em>back to the roots</em>, vers
ce qui m'a fait vibrer dès le début, le style parlé émotif... Ça m'interdit les
étages supérieurs de la poésie pure et me cantonne au rez-de-chaussée, dans le
poétique, mais ça me va, tant que j'y vois pas le temps passer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Nous resterons de toute façon, tous, plus ou moins, à un certain
rez-de-chaussée. Personnellement, la conscience du plafond ne m'empêche plus
d'avancer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Sophie, il y a certains auteurs qui m'aident justement à renouveler cette
résonance du mot. Je pense d'ailleurs que c'est l'un des aspects les plus
captivants de la poésie d'André du Bouchet par exemple (et pourtant c'est à
peine si j'entre dans trois ou quatre pour cent de ses écrits tant il est aride, mais cela
régénère déjà la perception - toutefois il m'aura fallu des années pour y
entrer, même si peu). Dominique, j'avais pensé au départ évoquer les parts
consciente et inconsciente de ce paysage, mais j'ai finalement opté pour une
question plus ouverte. Mais oui, je cerne déjà un peu le vôtre, de paysage (et
bien que je ne connaisse que vos deux derniers livres et quelques extraits des
autres), il se dégage même assez nettement. Il y a un paysage Boudou.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Effet ou cause (est-ce conscient ?
inconscient ? on y revient, forcément) de votre écriture à la fois économique
et très intense. J'y vois aussi des mots essentiels, élémentaires. C'est une chose
que je ressens mieux que je ne l'explique ici.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
On a des paysages, je crois ça. Une manière d'expression qui est dans le
souffle. Sa façon de faire parler la langue use de « trucs », ce n’est
pas seulement les mots, mais une énonciation qui fera toujours la différence.
Le mot est gagnant quand il va plus loin que lui seul. Alors il me devance. Il
vit tout seul.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
C'est comme l'humour, plein de gens peuvent rire à une plaisanterie, tout le
monde n'est pas capable de faire rire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Parfaitement, Al, « la conscience du plafond ne m'empêche plus
d'avancer », continuer, faire, c'est tout, il faut y aller. Et comme vous
le dites, Alain, il y a aussi ces influences qui collent.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Ne pas avoir peur des mots « simples ». Si c’est celui-là qui est
nécessaire. Être à ras de terre pour aller ailleurs.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Je trouve que l'affaire des influences est une pensée adolescente. Chacun a sa
voix, qui ressemble inévitablement peu ou prou à une autre voix. C'est pas
grave, c'est même sans importance, sauf quand celui qui écrit se met
consciemment sur des rails pour un gain social.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Mais le gain social, on s’en fout, c'est pas le sujet.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ben, on pourrait parler des mots-clés pour plaire. Le champ lexical choisi pour
coller à l'idée de la poésie. C'est pas vraiment à côté de la plaque. Et comme
ce champ lexical préconçu joue sur nos propres choix. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Bien sûr qu'on a tous une note, bien planquée, chez certains elle chantera tout
de suite, immédiatement reconnaissable, pour d'autres il faudra un peu plus de
sueur, d'errance.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ou pas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
C’est bizarre, ce truc, « coller à l'idée de la poésie ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Oui, moi j'ai pas d'idée de la poésie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Moi non plus. Je sais pas trop ce que c'est.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Justement, Brigitte, c'est ce que j'apprécie chez du Bouchet : les mots
simples. Ce sont les plus riches, les plus ouverts. Je ne sais pas si j'irais
jusqu'à dire que je suis pour un « appauvrissement » de mon
vocabulaire, mais jusqu'à une réduction, oui, pourquoi pas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ecoutez, faites pas les innocents, vous savez bien qu'il y a une idée commune
de la poésie, d'ailleurs on peut en faire une caricature. C'est faux de bout en
bout, mais écoutez Grand Corps Malade et vous aurez à peu près ce que c'est que la poésie pour
une majorité de personnes qui n'en lisent jamais. Si vous me demandez ce que
c'est que la poésie, je répondrai que je n'en sais rien, mais c'est une
position de monsieur cultivé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Oui. travailler au rabot, disait Hélène Cadou.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
C'est marrant que vous parliez de ça, Francesco, j'y ai beaucoup pensé hier
soir. Je me disais qu'on avait tous des voix si identiques quand on parle, et
qu'alors l'émotion ressentie à la lecture d'un poème provenait aussi du petit
miracle d'une voix d'un coup tellement singulière surgie des mots écrits.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Bon ben voilà,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>il se trouve juste qu’ici,
on n’est pas une émission de grande écoute.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
« Musique » pourrait en être une approche très approximative et là
toutes les gammes sont ouvertes. Toutefois je me souviens d'une définition
donnée par </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_St%C3%A9phane" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Roger Stéphane</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, homme totalement oublié qui la définissait en deux
tendances, les secs et les mouillés. Sec, Rimbaud ; mouillé, Verlaine.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Sauf qu'on écrit en parlant à des gens et quoi qu'on dise on louvoie entre les
idées reçues, les nôtres, les leurs, et qu'on essaie de s'en tirer plus ou
moins bien. Nous ne sommes pas séparés du reste du monde, juste dedans
jusqu'au cou. Pas une élite.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
C'est comme les grandes tiges et les petites pommes dans <em>L’Homme qui aimait les
femmes</em>.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Si, moi je sais exactement ce que c'est la poésie, c'est un million de
définitions à la fois.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
La poésie, c'est un jeu qui nous amuse en attendant qu'on claque.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, des secs et des mouillés, c'est pas mal ça. Il en faut pour le feu et
d'autres pour l'éteindre. J'aime les deux. Je vaporise... Francesco, vous avez
pas déjà dit ça ici ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Les vérités sont bonnes à rappeler.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Amuser la sève...(je me répète aussi, mais j'aime cette expression de jardin).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
La poésie, pas un vrai jeu pour moi, c’est pas le Bigdil, quoi ! Mais bien d’accord
pour le « avant le trou ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
C'est pas la grosse fête non plus quand j'écris. Alors « s'amuser »
non, mais « se distraire de », peut-être plus.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Jeu quand même au sens de challenge, défi avec soi, genre « tiens je tiens
un petit bout de musique là, est-ce que ça va tenir la route ? on verra ça
l'année prochaine ou dans quelques mois quand le temps nous aura travaillé de
l'intérieur, <em>remodelé</em> », mais jeu un peu moins quand on abandonne un peu de
soi comme une amorce de trace qui peut nous designer dans le regard des autres.
Est-ce bien prudent, raisonnable, n'est-ce pas fuir la responsabilité de vivre,
de se battre avec le réel qu'écrire, ou le contraire, écrire est un combat avec
soi, ses fantômes que beaucoup fuiraient, etc. ? Mille questions où là
« ça commence a n'être plus du jeu ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Mais le jeu, c'est sérieux. Faut voir les enfants jouer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
« Vous savez bien qu'il y a une idée commune de la poésie ». D'accord
Francesco, cette idée commune existe, mais je vois pas ce que ça a à faire avec
la question de la poésie quand on se la pose pour soi, pour sa propre écriture.
On peut avoir conscience de cette idée commune et en même temps on peut dire,
pour soi-même, qu'on n'a pas d'idée précise de la poésie, sans que tout cela
soit une posture élitiste. Je trouve ça plutôt humble au contraire. De toute
façon, osef, on n'est pas des théoriciens ici, ni des critiques.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
On essaie consciemment d'éviter les « clichés » qui font partie de l'idée
commune.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Je suis bien d'accord. Et en même temps, vu où en est la poésie aujourd'hui
dans l'idée commune, c'est plus des clichés, c'est des icebergs. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je suis ok pour votre définition du jeu, mais Francesco, vous avez dit
« jeu qui nous amuse »... Eh oui, je chipote, je chipote... Quant aux
clichés, je m'en fous, j'essaie juste de faire ce que je peux, d'être le plus
précis et le plus honnête. Je n'essaie jamais, mais vraiment jamais d'être à
tout prix différent. La singularité vient en creusant, en bossant, en déchirant
une membrane de plus, et puis une autre, et encore une autre... Ce qu'il y a de
pire pour moi, c'est les poètes qui se battent entre eux. Genre « On écrit
plus en rimes aujourd'hui » ou « Faut arrêter le truc
intello-prétentieux » ou encore « C'est de la poésie, ça ? on dirait
une liste de courses ! ». Enfin, je ne vous fais pas un dessin, vous voyez
exactement ce que je veux dire... L'idée commune concernant la poésie est un
inlandsis, pas étonnant, la matière d'un poème a l'air de si peu, c'est pas
comme la peinture, la sculpture (matière bien réelle, investissement matériel)
ou par exemple la danse (investissement corporel). Quand on ne voit pas le
travail, c'est forcément superficiel...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christine
Saint-Geours</strong> : Les enfants « jouent » sérieusement à la poésie... aussi.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>George Oppen, <em>Chambre d’enfant</em> :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Un ami a visité
les chambres</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
De Keats et de
Shelley</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Près du lac,
observant « qu’il s’agissait de simples</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Chambres
d’enfant », ce qui a eu le don</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
De l’émouvoir.
Certes la chambre d’un poète</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Est toujours une
chambre d’enfant</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Et j’imagine que
les femmes le savent.</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Peut-être une
femme sera-t-elle excitée par</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Un banquier
d’une grande laideur, un homme</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Et non pas un
enfant qui cherche à retrouver</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
Son souffle sur
le corps d’une fille.</span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> :
J'ai des mots fétiches, des paysages fétiches, et un goût trop prononcé pour
les conjonctions de coordination, ce dont en revanche, je me passerais
volontiers.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille
Martienne</strong> : Pour moi, le problème c'est de trouver le mot
« juste » (lexique conscient ou non), celui qui porte au mieux ce que
je cherche à exprimer. C'est beaucoup plus difficile qu'il n'y parait même dans
la simplicité. Un mot est culturellement, historiquement, un menteur, un
conteur, un passeur. Je me méfie particulièrement de leur sens évolutif et des
associations malvenues.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-53860412360649563782014-03-26T10:14:00.000-07:002014-09-04T02:52:06.161-07:00S 9<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>QUEL EST L'ENDROIT (SITE, SUPPORT...) LE PLUS ÉTONNANT OÙ VOUS AYEZ ÉCRIT ?</strong></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS;"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Justin Delareux</strong> :
Un garage, un mur d'école, une grange, une vitrine, une usine, devant une raffinerie,
un train, un camion, un car, un ancien hôtel particulier appartenant à Alice H.,
duchesse de Monaco, et bien d'autres endroits encore. La poésie doit aussi « en
sortir ».</span>
<span style="font-family: Trebuchet MS;"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Trop facile, Justin, tu es aussi un artiste...<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Mais tu as des traces de tout ça ? </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Justin Delareux</strong> :
Bien sûr (</span><a href="http://www.justindelareux.fr/actes-textes/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">ici</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">). Il n'y a pas tout. Mais
quelques restes. Et j'ai vraiment commencé ce genre de chose à la fois contre
le graffiti et pour une poésie hors page (post-poésie comme le dit </span><a href="http://remue.net/spip.php?article2587" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Jean-Marie Gleize</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Une cuisine.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Francesco, je ne vous crois pas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> :
Très très conventionnelle, je n'écris qu'à mon bureau (orienté sud-est m'a-t-on
dit, qui est la bonne orientation feng shui pour moi il paraît, haha...). Sinon,
je réfléchis... Ah si dans une bibliothèque publique (très original pour une
bibliothécaire).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Un jour j'ai écrit sur le dos d'un crocodile qui traversait le fleuve Zaïre,
tandis que des mercenaires me tiraient dessus au mortier.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Ah bah voilà, Francesco, vous dites enfin la vérité. C'est mieux, beaucoup
mieux. (Et vous étiez tout petit je parie ?)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
J'ai menti... En fait j'avais un crocodile sous chaque pied. Mais bon, personne
me croirait.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Murièle, je suis sûr qu'en cherchant un peu, tu vas trouver quelque chose,
parce que la bibliothèque...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
Sur des nappes de restaurant ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
C'est piégeant ta question, Stéphane, parce qu'on se creuse la tête, voyons
voyons on se dit, merde ! j'ai pas d'endroit insolite ! puis on se reprend,
mais si mais si t'en as un, un bureau, un bout de papier dans son lit, du très
banal en somme qui peut devenir insolite, si on le décrète.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, mais je vous rassure, Brigitte, je me fais ça à moi-même. Et je me dis,
mince, j'ai jamais écrit dans un bimoteur en survolant le Grand Canyon.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais pas grave, allez-y, je prends tout. Même
les nappes !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :
Au volant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je me suis déjà envoyé des textos parce que je n'avais rien pour noter... A la
Carver, Cédric ? Voiture à l'arrêt, hein, parce qu'il est interdit d'écrire des
poèmes en conduisant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Les bagnoles, c'est courant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :
Ben euh, non (je sais, pas bien), feuillet coincé sur le volant, volant calé
par les genoux. Sinon, c'est les wc, la balancelle, le pieu, le fauteuil, la
chaise, etc... rien de bien anodin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Le plus marrant, ce serait de connaître les supports utilisés.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
PQ, pourquoi pas ? Si y a urgence.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, la voiture est un « isoloir » courant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Courant aussi certainement, le paquet de
clopes démonté, et oui, Stéphane, le traitement de texte du téléphone.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
PQ, fait... Oui, le paquet de clopes, et le ticket de métro, un prospectus sur
des promos de viande... Une fois, après avoir dormi dans un abri de bord de
mer, n'ayant rien sur moi, j'ai récupéré sur la grève une pierre de craie et
j'ai écrit mon poème sur le bois du cabanon. Et puis je suis revenu pour le
recopier.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Comme lieu : dans le bus, le train, le tram, métro, bref les transports en
commun lyonnais. Pas très original mais bon... Comme support :
l'intérieur de mon paquet de feuilles à rouler, quelques vers.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
« l'intérieur de mon paquet de feuilles à rouler, quelques vers », déjà
tout un haïku, Rodrigue.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Rien d'original en ce qui me concerne. J'écris dans ma tête, un peu, et à la
maison, beaucoup.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Bon, personne ne s'est fait tatouer un de ses super poèmes ? Aucun vers écrit
dans le ciel avec la Patrouille de France ? Le poète est décidément sobre et
casanier.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Bon, bah ce sera retour à la
psychanalyse dès la prochaine session, hein... Tant pis pour vous.)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> :
Lorsque j'ai marché (le premier) sur la Lune, j'ai planté le drapeau breton
(les Ricains se foutent de nous) puis écris un long poème élégiaque de 137248
pieds (taille 47), assis des jours et des jours et des jours (aucune nuit à
l'horizon) sur une flourgue (une sorte de reptile immobile). Eh ouais !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Tu n’as pas croisé Francesco ? Mais la lune, ça a l'air chiant, non ? Et
Monsieur Roquet est breton ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> :
Nan / assez / oui.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Bruno Legeai</strong> :
J'aime écrire avec le doigt sur une plage ou la buée d'une vitre, ce sont de
courts poèmes qui disparaîtront très vite, j'aime que les choses s'effacent
sans traces ou presque sinon que l'instant a été. A noter que la buée revenue
sur une vitre rendra lisible le texte, et ce pendant presque une année si on
ne lave pas les carreaux... Aussi, parfois, à la craie sur l'écorce d'arbres en
forêt à l'écart des sentiers... Bref, écritures cachées, c'est grave docteur
?... Et sinon, mais c'est un peu hors de la question, je capture au stylo des
phrases, fragments, bruits, dans des lieux où je suis. Une « forme poétique
concrète » passant du bruit au papier sans hiérarchie sinon ma perception. J'ai ma pomme écrite en 2011, ici photographiée au sténopé, conservée dans son
bocal <em>Le Parfait</em>, toujours sur le dessus de ma bibliothèque, après
déménagements et autres péripéties :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img height="320" src="https://fbcdn-sphotos-a-a.akamaihd.net/hphotos-ak-prn1/t1.0-9/1622878_713449432038521_305716117_n.jpg" width="247" /></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Ce matin :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img height="320" src="https://scontent-a-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-ash3/t1.0-9/10156103_713452788704852_764128785_n.jpg" width="247" /></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Géniale, cette pomme, Bruno. Elle semble cuite par le temps. Et oui, être une
simple oreille aussi et noter ; je n'ai tenté ça véritablement qu'une seule
fois, durant toute une soirée, la sélection se faisant de manière aléatoire
(mais pas si sûr que ce soit si aléatoire). Quant à l'écriture éphémère, je
crois que ça rejoint l'une des premières sessions. C'est la quête d'une forme
de rature par la nature alliée au temps, peut-être...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Bruno Legeai</strong> :
Tu dois connaître, Stéphane, <em>Le Mangeur de brumes</em> de </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanshan" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Han-shan</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, des poèmes écrits
sur des arbres, des pierres, etc. dans la montagne de son ermitage (VIème/VIIème
siècle) qui ont été copiés/récoltés par les paysans. J'ai découvert ces poèmes,
j'étais gamin, et depuis, j'ai souvent dissocié l'écriture (que je pratique peu
et en dilettante) de la lecture. Cette écriture n'est pas destinée à être lue,
c'est un geste(d'où sa dissimulation ou son évanescence, je ne photographie ni
ne recopie). Et si c'est un geste sans lecture, alors est-ce encore une écriture,
malgré mots et lettres ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Non, Bruno, je ne connais pas. Et comme j'adore les Chinois de cette période,
c'est étrange. Je vais aller voir ça. Merci. Et puis j'aime ce genre de
rituels.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br /></span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-56039218337840155702014-03-19T08:57:00.000-07:002014-09-01T17:46:33.393-07:00S 8<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>CE DIALOGUE DU « PIERROT LE FOU » DE GODARD SE TROUVE TOUJOURS QUELQUE PART EN MOI :</strong></span><br />
<span style="color: #948bc4;"></span><br />
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; font-size: x-small;">FERDINAND - POURQUOI T'AS L'AIR TRISTE ?</span><br />
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; font-size: x-small;">MARIANNE - PARCE QUE TU ME PARLES AVEC DES MOTS ET MOI JE TE REGARDES AVEC DES SENTIMENTS.</span><br />
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; font-size: x-small;">FERDINAND - AVEC TOI ON PEUT PAS AVOIR DE CONVERSATION, T'AS JAMAIS D'IDÉES, TOUJOURS DES SENTIMENTS !</span><br />
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; font-size: x-small;">MARIANNE - C'EST PAS VRAI ! Y A DES IDÉES DANS LES SENTIMENTS !</span><br />
<span style="color: #948bc4;"></span><br />
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>À QUEL POINT SE COUPE-T-ON DE L'AUTRE ET/OU DE LA VIE ET/OU DE SOI QUAND ON ÉCRIT ? PLUS ON Y ENTRE, PLUS ON CREUSE, ÉCRIVANT, PLUS ON S'ÉLOIGNE DE SA SURFACE OÙ A LIEU LE CONTACT.</strong></span><br />
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> :
Quand on écrit des dialogues, j'ai le
sentiment qu'on développe un petit côté schizophrénique (façon d'être dans la
vie tout en y n'étant pas vraiment). Quand on écrit un texte/poème/dialogue/autre
chose, on pense qu'on n'a plus trop besoin d'en parler avec l'autre ; ce serait
une « redite ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je vois le truc, Thierry, avec cette « redite ». Oui, écrire ankylose parfois un peu les
rapports avec l'autre, on s'endort sur son nid, on couve ses mots, persuadé
qu'ils ont aussi éclos chez lui. Cela ne suffit pas toujours. Souvent.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christine
Saint-Geours</strong> : Il y a tant de façons de se couper des autres et/ou de soi,
l'écriture n'est pas la pire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, beaucoup d'autres. Mais ma question n'est pas si négative, je crois. Et
en général cette coupure est accidentelle, un dommage collatéral.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C'est un isolement inévitable
mais qui aspire tout de même à toucher dans la majorité des cas (le contraire
est rare, maladif). Mais ça reste tout de même une demi-chimère. Ce qui est le
plus intéressant avec la poésie - par rapport à d'autres moyen de communiquer,
c'est que c'est bien des fois la flèche que nous pensions ne pas posséder qui
survient et atteint finalement la cible, relativement - si cible il y avait. Et
la quête de cette flèche est un des attraits de l'écriture.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Je ne me coupe de rien, ni des autres ni de moi, ni de la vie ni de la mort. Il
y a des idées dans mes sentiments et des sentiments dans mes idées. L'éprouvé
de l'écriture, avant pendant et après, se situe au cœur de toutes les
variations de la vie réelle et imaginaire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Bon, ben du coup, grâce à vous, Dominique, je vais voir ce qui cloche peut-être
dans cette idée que je me fais de cette coupure. Peut-être que l'état que vous
décrivez est le plus juste et que c'est autre chose qui le parasite.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
En dernier lieu, l'écriture a pour moi un côté bien sale, comme aller aux
toilettes. Donc je ferme la porte. Et il arrive que ça me presse tellement que
je quitte une tablée, une société, ou un truc avec des gens pour aller le faire
tranquille dans mon coin. Quand vraiment j'ai plus de pudeur, je dégaine un
carnet et je fais mon truc sur un bout de table. L'essentiel se passe de toute
façon dans ma tête ; par définition, autrui est exclu... J'aime beaucoup ce que dit Dominique Boudou sur le fait qu'il n'est
jamais coupé du réel dans son travail. Pour moi, ce serait une sorte d'idéal de
vie. Je veux dire, que l'écriture et la vie soient des possibilités conjointes
dans la façon dont je me représente le réel. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, ce que nous dit Dominique m'a fait à peu
près le même effet. Ce qui me questionne depuis, un peu. « Il y a donc un moyen
d'écrire comme ça. » Bon...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Écrire est un truc à soi. On a au moins ça, rien qu'à soi. « Coupé »
fait penser à « coupable ». On écrit seul, on se coupe tout seul.
Envers et contre tout. mais c'est sa cuisine, qui mijote, sans l'urgence de
tout lâcher pour. Parce que la vie n'est pas effondrée. Et que écrire va juste
avec.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Écrire est un plaisir solitaire. On se coupe de rien du tout, pas plus que le
type qui fait ses cent bornes à vélo pour s'amuser.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Francesco, je pense qu'un type qui fait cent bornes en vélo est de toute façon
dans un autre trip que celui qui roule en flânant le long d'un chemin de
halage. C'est un type qui veut des mollets. Quand je marche longtemps, loin,
c'est pour me couper de mes semblables, et je peux même dire que posé sur mes
jambes qui avancent je suis au travail sur mon seul et unique bureau (comme
beaucoup). Le principal vient souvent là. Mais j'ai beau être très concentré,
groggy de moi-même, j'essaie d'être aussi très réactif à ce qui m'entoure - et
j'évite l'humain, si possible. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Sophia Sophos</strong> :
Je dirais plutôt que plus on travaille les mots plus on approche l'autre, ou
l'Autre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, Sophie, on finit par trouver le bon accord à force d'user le crin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Catherine
Ferrière Marzio</strong> : Mais c'est quoi la question au juste : se couper de quoi
? Qui peut prétendre tenir le sécateur ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric
Bernard</strong> : A suivre le fil, connaître un peu certains et repenser aux
sessions précédentes, je me demande si ce n'est pas une question
d'individualité (truisme). Les personnes « naturellement » portées vers
autrui restent relativement ouvertes, et pour caricaturer, les « asociaux » <em>exacerbent</em> leur caractère.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> :
Cédric, entièrement d'accord. Après, il y a pour moi le fait que ce soit un job
comme un autre (ça, ça va faire plaisir à Pittau), et que de manière générale
je n'aime pas être dérangé dans mon travail (a fortiori quand j'ai un job
alimentaire à côté qui m'oblige déjà à beaucoup d'interruptions et de contacts
humains).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, Cédric,<span style="mso-spacerun: yes;"> t</span>u as raison. Ce n'est
pas un problème littéraire mais un problème personnel. Et c'est pourquoi en ce
beau jour de printemps (fenêtre ouverte, ciel bleu, chants d'oiseaux, après des
jours de gris humide intégral), je promets une prochaine session alimentée par
autre chose que mes névroses.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Paul Jullien</strong> :
En lisant vos discussions et surtout ce lien de réel et de vie (pour moi il n'y
a aucune différence : ce serait penser que la matière visible est plus
importante que la matière invisible et dès lors, arrêtons d'écrire) je pense
à ce texte que la revue </span><a href="http://carchim.unblog.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Népenthès</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> avait bien voulu publier et qui me semble
parfaitement dans la discussion :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Un ami m'a dit
un jour, et ce de manière très critique : « Vis, arrête d'avoir l'idée de vivre
! »... Quel joli précepte ! Il semble tellement vrai... Il s'oppose bien sûr à
l'idée de Proust et à son fameux « la vraie vie, la vie enfin découverte et
éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature
». Il s'oppose aussi à ma conception de la vie. Toutefois, comme ces hommes,
comme ces agités de la vie, si je peux les nommer ainsi, je peux comprendre
cette attaque, je peux même en épouser les contours piquants... Et oui,
parfois, et je crois que c'est lors de bons moments, ceux agréables de la
futilité des plaisirs, il m'arrive d'y croire et d'y adhérer... Mais ces
instants-ci sont brefs : le temps d'une soirée, une heure ou deux dans
l'euphorie de l'alcool, les amis surtout et les filles pas bien loin, de bonnes
discussions, un baiser oublié... Brefs et vite regrettés : Les lendemains sont
terribles, la mélancolie me lacérant l'esprit autant que l'alcool le ventre...
Voilà donc la vie, ce présent mort d'être né... L'instant nous échappe de le
vivre, et, parce-que je suis faible, la souffrance m'accable. C’est le deuil,
indiscutablement, inéluctablement. C'est comme si le temps de quelques heures,
j'avais été arraché à ma dimension, suspendu en apnée dans le monde dit « réel
», et que je devais reprendre ma place doucement dans ce qui n'est ni un rêve,
ni une réalité, mais peut-être simplement ma place : celle du présent, et de
son deuil permanent.</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Ce que je sais
viscéralement c'est que je ne me sens vivre réellement que dans cette
antichambre fragile et éphémère qu'est le pogrom du manque, un lieu comme une
gigantesque plage neutre où les grains de sables sont des projections, des
idées vives, des souvenirs ou n'importe quoi, du temps. Là où les agités le
laissent glisser entre les fentes de leurs mains, je peux le modeler,
l'idéaliser, le déformer et le rendre beau à mes yeux. Voilà, le sens de
l'écriture, voilà le sens de la mélancolie. Vivre réellement, c'est à dire dans
tous ses filaments, dans son apogée, là où je deviens héros et les ennemis des
pantins couards, là où il n'y a jamais de nuages dans le ciel de Provence, là
où je suis Dieu - un Dieu triste et fugace mais un Dieu quand même... Le temps
est partout, je ne cesse de me servir de lui, de le broyer, de le concasser,
pour rendre l'éphémère durable. Durable pour les autres, pour les lecteurs,
durable pour le temps lui-même, mais c'est tout ; Dieu meurt de sa création. </span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Parce-que,
malgré cette apothéose, vivre réellement est, pour un mélancolique,
l'impossibilité de vivre le sentiment, l'impossibilité de vivre tout court,
expirer plus d'air qu'il n'en faut et détruire, détruire tous ces dons du
présent, nier la charité du hasard, éradiquer sa propre création, se rendre
soi-même éphémère, pour mieux contrôler et façonner ce que l'on a envie de
garder... Ce qu'on garde, ce sont des souvenirs beaux comme des chapelles, une
nostalgie belle comme une tombe. On peut mourir d'être proustien... Bien que je
sache, que pour tout le monde, c'est pareil : on meurt bien de vivre.</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Il faut savoir cueillir les épiphanies. En cela, je ne suis jamais coupé du
monde. C'est ma cueillette favorite. Et de l'épiphanie, il s'en trouve dans
tous les coins, c'est juste une affaire de circonstances et de déploiement
d'antennes pour qu'elles nous viennent. De toute façon, qu'on le veuille ou
non, la séance d'écriture est tout de même un rituel que l'on se crée - un
d'isolement. Mais je considère mon thé du matin comme un autre rituel. Le mot
« rituel » ne signifie pas forcément en faire tout un plat. C'est juste
un moment que l'on s'accorde avec soi-même, comme dit Brigitte.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric
Bernard</strong> : Les névroses, ça me va, ça me permet de me dire que je suis à
peu près « normal », ou en tout cas, pas tout seul, en fin de compte. Puis
ça entretient une certaine « socialisation » plutôt nécessaire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Les névroses, c'est comme le cholestérol, on en a tous, après c'est une
question de proportions. Et puis tant qu'on arrive à les tenir en laisse.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Oui, mais nécessite au quotidien un entraînement certain en impavidité.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-15682259993621456302014-03-09T16:47:00.000-07:002014-09-04T02:42:48.366-07:00S 7<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif; line-height: 107%;"><strong>C'EST QUOI, POUR VOUS, CET INSTANT - MINUTE, HEURE, JOUR - QUI PONCTUE L'ÉCRITURE D'UN TEXTE TRÈS SATISFAISANT ?</strong></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Je connais pas. J'évacue quand je suis au bout du machin, c'est tout.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Et cette évacuation ne provoque rien ? Même pas une petite joie fugace ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Non, franchement. Je me dis que j'ai fait au mieux à l'instant. Mais c'est tout. Je vois que des défauts.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Jacques Cauda</strong> : Existe-t-il
ce texte satisfaisant ? Peut-être pour le lecteur. Sinon, pour celui qui écrit ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je pense qu'il existe, ce texte, avec ses défauts justement, mais des défauts
moindres, parce que plus tolérables et donc acceptés ceux-là, pour une fois, et
durant un très très court instant. La plupart du temps, c'est vrai, je
préfèrerais me couper les deux bras que de continuer à écrire... Mais à quoi
bon, je sais bien que je continuerai avec un pied ou je ne sais quoi d'autre.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Julien Boutonnier</strong> :
Je dirais peut-être que c'est une joie brève et inquiète, un instant sans
profondeur, précieux, qui passe et s'annule ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : En
général je me sens très mal. Ce n’est pas seulement une posture - je sais que
mon activité d’auteur négatif est remplie de postures. C’est juste que cela me
fait mal dans mon corps. Ma seule satisfaction, c’est simplement quand je
parviens à finir un texte et à avoir envie d’en commencer un autre malgré la
douleur, au lieu de mourir bêtement sur ma chaise. Mais le texte en lui-même, osef.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : C'est
marrant, ça, Al et Julien. Je cherchais ce que je ressentais dans cet instant.
Eh bien je trouve que ça ressemble assez à celui où l'on vient d'apprendre le
décès d'un proche. Une sorte de flottement, du même ordre, mais bien moins
fort tout de même. Disons que quelque chose qui était avec nous nous quitte.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Oui, elle questionne, cette expression de « texte satisfaisant ». A
la fin d'un texte, quand j'ai viré tous les défauts flagrants, plus peaufiné tous
les détails qui m'emmerdaient (sonorité, rythme, sens, émotion,
disposition...), je crois que j'ai juste l'impression que je peux pas faire
mieux, que plus, ce serait pire. Pas l'impression de ressentir de joie, plutôt
un soulagement, une détente. Qui fait vite place à une inquiétude et la
certitude que, de toute façon, si j'y repense plus trop pendant quelques
heures, à la relecture, de nouveaux détails souvent plus justes vont
m'apparaître, qui une fois réglés, pourront clore le texte. Ou pas. En fait,
s'il y a satisfaction, ça vient généralement moins pour moi du texte lui-même
que de savoir que j'ai avancé dans le travail d'écriture.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je n'ai pas honte de dire qu'il m'est arrivé parfois de penser qu'un de mes
textes était parfait. Ce sentiment durait d'une minute à plusieurs jours (mais
si ! - mais c'est juste de l'euphorie en général et cela se paie très fort les
jours d'après). Je pense être un cas clinique.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Mais je crois qu'un texte peut tout de même être satisfaisant parfois.
Sinon pourquoi le publier ?... Et on ne parlait pas de joie, Rodrigue. Donc
pour vous la réponse c'est soulagement, détente. Répit donc, je dirais... Ah si,
c'est vrai, je proposais « joie » à Francesco... Pardon.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Oui, et Julien a parlé de « joie inquiète ».</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : On
peut remplacer « l'écriture d'un texte très satisfaisant » par
« une bonne séance d'écriture » si vous préférez. Et dissertons sur
l'une et/ou l'autre version.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Il faut bien reconnaître que je ne trouve aucune de mes tentatives en écriture
satisfaisante, j'entends un texte aussi court soit-il que le temps rendrait
indéboulonnable, seuls parfois des petits bouts, une phrase par-ci par-là, la
rencontre de deux mots qui sonnent pas trop mal m'arrachent un petit sourire de
satisfaction, me disent que je tiens une amorce de musique, mais comme je suis un aquoiboniste
doublé d'un beau flemmard j'ai bien conscience que tout ça n'ira pas très loin
et que si rythmes, balancements bien syncopés dégringolent jusqu'au bas de la
page sans déhanchés trop maladroits, bon, allez, j'aurais pas trop perdu ma
soirée, en tout cas le temps se sera allongé, déchiffonné, l'angoisse de la
pendule m'aura lâché, et à mes âges, ça n'a pas de prix.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christine Saint-Geours</strong> :
Oh Stéphane, comme je suis heureuse de ne pas écrire et de ne pas ressentir
cette petite excitation aussi trompeuse que rapide... et qui retombe aussi vite
qu'un soufflé mal fagoté !</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Christine, vous savez que vous écrivez drôlement bien pour quelqu'un qui
n'écrit pas. Et oui, l'euphorie est une chose répugnante. Et je n'aime pas la
voir non plus chez les autres, parce qu'on sait comment ça finit. Mais au mieux
nous avons tous droit à un peu de répit, une brève suspension du désir d'écrire,
une station dans le transit.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Il
m'arrive d'éprouver de la joie (fugace, inquiète - pour reprendre Julien
Boutonnier, violente, etc.) à la fin de l'écriture d'un texte, surtout lorsque celui-ci
a été mis en chantier après une émotion très vive, désagréable, anxiogène.
Cette joie est une « revanche » sur mon penchant négatif naturel : j'en
jouis donc (la joie pansement en somme)... puis je vais me coucher/manger/vivre
quoi... et tout reprend sa place, lucidité, remise en question, exigence, etc.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
De toute façon, ce qui compte, c'est le faire, pas le résultat. Le faire on
peut l'apprécier, y prendre plaisir même, mais le résultat, on l'oublie aussitôt.
En tout cas, moi oui.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Je
crois que la joie dont moi je parle, ce n'est pas tant pour le texte que pour
avoir pu faire autre chose qu'une éructation brute de mon émotion. En tout
cas pour moi c'est ça. </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> : Je
suis soulagée quand j'ai une idée potable et quand je vais au bout d'un texte.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
C’est un moment dont je me méfie car il signifie que je suis excessivement
content de moi. Je ne l'en savoure pas moins, tout en me disant que demain ce
sera différent.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Donc cette chose qui est de l'ordre de la joie (même inquiète), du soulagement,
du répit, c'est la petite fête du chemin. La destination c'est la rupture du mouvement
et le retour à l'affreuse réalité qu'on éludait dans l'écriture. Et oui,
Dominique, cette dangereuse euphorie qui ne présage rien de bon en général... « </span><span style="line-height: 107%;">Avoir pu faire autre chose qu'une éructation brute de mon émotion »
dit Murièle. Je me disais du coup : oui, c'est peut-être quand après un plus ou
moins long travail, le texte nous présente quelque chose en son sein d'autre ou
de plus loin que nous, et qui nous chatouille/gratouille l'esprit et/ou le cœur
et fait cette joie dont on peut se demander ce qu'elle est.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Oui, Stéphane, une sorte de... jubilation née d'une découverte presque
fortuite, au fil de l'écriture. Là oui, je connais ce genre de « joie »... Sérendipité.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Merci
pour ce mot que je ne connaissais pas, Rodrigue. Oui, c'est exactement ça.
C'est un peu la quête d'adrénaline du poète.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Ce qui fait continuer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Hélène Dassavray</strong> :
Très satisfaisant ! Tout de suite les grands mots ! Pour ma part des fois
contente, des fois pas contente, l'un et l'autre passent, et sur la planche
remettre l'ouvrage. Je suis d'accord pour dire que la satisfaction est
davantage dans le chemin que dans le but. Mais quand même, parfois, ce petit
orgasme d'avoir réussi à dire exactement ce qu'on voulait de la façon dont on
le voulait, non ? Pas vous ? Cela noté, c'est aux lecteurs de qualifier un
texte de satisfaisant, non ? Pas vous ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Si si, c'est ce que je disais au tout début. Un petit miracle arrive de temps à
autre. Mais plus souvent quand ils s'agit d'un court aphorisme que pour une
nouvelle... Et heureusement, oui, qu'il y a de vrais bons lecteurs pour nous
dire si c'est bon finalement, sans quoi... Et la vie est bien faite puisque
nous en sommes aussi.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Après tout écrire
apprend surtout à mieux lire. Ça au moins j'en suis convaincu.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : Le
mauvais poète, quand il termine un mauvais poème, bon ben il est content. Alors
que le bon poète, quand il termine un bon poème, bon ben il est pas content.
Mais c’est un bon poète, quoi.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Je
suis satisfaite d'un texte, il me semble l'avoir en bouche. Je le chuchote, le
malaxe. Puis le lendemain, c'est autre chose. Je reprends, je pinaille. Peux
tout aussi bien le balancer. Je ne pense jamais aux lecteurs, moi. Parfois, ben
je retouche rien. Il est comme il est... et dure de me plaire.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : Il
y a un moment assez agréable où on a l’impression d’avoir fini un poème pas
trop mal, c’est un peu comme de contempler un puzzle, un lego achevé. Voire,
dans le meilleur des cas, d’avoir retrouvé une sorte de formule magique à
prononcer. Bien sûr ça ne dure pas. Après coup on trouve toujours une pièce
rentrée à coup de marteau, l’ego se casse la figure et la formule magique ne
produit que des petites larves rampantes et pathétiques.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Eh bien moi, il y a des textes que je trouve encore très bons dans ce que j'ai
écrit il y a longtemps. Certains tiennent (oh, une poignée). Mais vous voyez,
ensuite, les lecteurs, tout ça, je ne sais plus trop quoi en penser certaines
fois, parce qu'il y a aussi des poèmes que je déteste dont on me fait sans
cesse des « louanges »... De toute façon, si je me force à publier
parfois dans des revues (et je me force vraiment, ce n'est pas de la
coquetterie), et en ce moment si je tente de pondre un livre, c'est pour
essayer de donner un sens plus épais à ma vie, une vie dont je ne tiens plus
aucun fil entre les doigts si ce n'est quelques lignes bien faites parfois.
Mais il y a beaucoup de poètes ici, de vrais poètes, ce que je ne suis pas.
Je n'ai jamais l'idée d'un livre en tête par exemple. Juste des fragments
produits par une habitude contractée il y a deux décennies. Je suis juste un
type qui écrit un truc de temps en temps, mais qui fuit le moment d'écrire
comme la peste. Et même s'il y a ces fameux textes qui tiennent avec le temps,
j'ai beau les trouver encore bons, ils me sont tout de même assez étrangers
(ceci expliquant peut-être cela). Et des fois j'aurais aimé ne jamais commencer
(je peux même, je crois, retirer le « des fois »). Donc ce moment de
« joie » qui conclut une bonne séance, c'est un peu comme ce stade
atteint dans la drogue ou l'alcool : celui de l'angoisse absentée.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Je ne suis jamais content. J'oublie ce que j'ai écrit et je recommence.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Francesco, c'est « drôle » cette idée d'oublier ce qu'on a écrit.
Pour ma part, je vois de plus en plus chaque texte comme un élément d'un
immense puzzle en train de se faire et dont le travail d'élaboration participe
à ce que sera le suivant. Comme si c'était le chemin en train de se faire et
qui permet au pas suivant d'avancer.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je me
relis jamais, c'est peut-être pour ça.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : Ce
qui me surprend aussi dans votre point de vue, Francesco, c'est qu'en plus
d'oublier (ça encore, je pratique parfois) vous ne semblez ni content ni
mécontent de ce que vous écrivez. J'avoue que ça me paraît inconcevable. Je ne
sais pas comment formuler ça, êtes-vous une machine, ou un maître taoïste ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
J'ai expliqué plus haut que j'aime le « pendant ». Après ça
m'intéresse plus trop. Je suis une machine taoïste.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Même ce mot de « pendant », j'ai du mal à le concevoir. En tout cas
c'est très éloigné de ce que l'écriture me fait vivre. Beaucoup de mal à
déterminer un avant, un pendant et un après, vu que chaque texte est comme qui
dirait accroché au précédent et au suivant, même quand j'ai l'impression qu'il
est fini (ce qui prend un sacré bout de temps).</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Tout ça dépend de ce qu'on écrit. Si on écrit par rapport à sa propre
écriture ou si on écrit par rapport au monde. Ma propre écriture m'intéresse
comme on nettoie un outil, pas plus. Et en plus, j'avoue que je me fiche de
« faire œuvre » ou pas. C'est pas mon problème. S'il y a un lien entre
tous mes textes, ça ne me paraît pas extraordinaire, ce serait même logique,
puisque je les écris. Mais cette concaténation se fait toute seule. Je
voudrais l'empêcher ou la contrarier que je n'y arriverais pas, sauf à changer
de personnalité. Le «faire» m'intéresse, le reste me laisse
indifférent. Pour ça que j'écris beaucoup sans doute.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
C'est intéressant comme « vécu » A vous lire, Francesco, j'ai l'image
(n'y voyez rien de gênant) d'une poule qui a pondu un œuf, qui a sorti de lui
une chose qu'elle (la poule, hein) ne pouvait pas ne pas sortir mais tout à
fait distincte de lui, d'elle (la poule, je sais plus...). Alors que dans le
mien, de vécu, j'ai l'impression plutôt d'objectiver une part de moi plus ou
moins consciente, parfois que je ne savais pas posséder. Mais qu'une fois
devenue objet, ça continue à travailler dedans, sous une forme légèrement
différente, remaniée.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je tente depuis un temps déjà de ne plus séparer écrire sur le mécanisme
d'écrire et l'écriture sensitive du monde où l'homme s'invisibilise, se retire.
Parce que cette séparation est vaine, qu'au bout du compte c'est encore moi,
cet oiseau que je peins : il est entré dans ma cage mentale et je l'hybride
inconsciemment ou non à ce que je suis. Et donc pour moi, l'outil est autant le
monde que la matière sous l'outil.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> :
Je me fiche de « faire œuvre », c'est aussi mon sentiment.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Faire œuvre ? Pour moi, un texte, c'est un jalon, une station du chemin
marquée, où je me souviens ainsi être passé, ou bien un bois flotté où je
m'accroche pour avancer. Même pas très bon, il reste une petite étape dans ma
vie. Une carte postale envoyée à ma mémoire et qui traîne dans un de ses
tiroirs, ou, quand il est pas trop mauvais, sur la porte du frigo.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Écrire, c'est s'octroyer un instant d'amusement. On se distrait. On jubile de
manier tout ça, puis on va boire un coup au bistrot, on papote, on joue au
baby-foot, on rentre, on mange, puis tiens, une idée, alors on écrit un peu,
puis on allume la télé pour les infos. Zut, où j'ai fourré cette feuille où
j'avais jeté quelques lignes ? je la retrouve plus. On verra demain. Le
lendemain, on se lève, on petit-déjeune, on regarde son courrier, on bricole
pour le boulot. Et la feuille de la veille est oubliée. Voilà. Et puis c'est
tout.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
« Écrire, c'est s'octroyer un instant d'amusement. On se distrait. On
jubile de manier tout ça... » Je ne peux m'empêcher de penser à ce que me
disait </span><a href="http://www.fibrillations.net/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Jean-Marc Undriener</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> sur les auteurs, parfois talentueux, qui font de la
poésie comme d'autres du macramé ou des Tours Eiffel en allumettes.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> :
« Des Tours Eiffel en allumettes » : je me reconnais assez là-dedans.
Avec une tendance légèrement ultra-obsessionnelle.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
La poésie c'est du macramé. Je me sens pas spécialement touché par les dieux
parce que j'écris. C'est d'abord « de l'amusement », un plaisir
solitaire. il faut arrêter de mythifier la création en en faisant une espèce de
quête. C'est du bricolage avec des mots. On essaie de faire un joli objet, un
objet que les gens auront peut-être envie de lire, de fouiller, de retourner,
de poser sur la cheminée (ou sur le micro-ondes). Et de temps en temps, ils
jetteront peut-être un œil dessus pour voir s'il n'est pas fendillé ou terni
par la lumière. Point. Rien de plus. Rien de moins.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Vraiment, Francesco, je donnerais une partie de mon âme pour voir ça comme
vous. L'écriture a été depuis le début une armure contre mon milieu, et
renforcée encore pendant de très longues années par l'alcool et la drogue.
Je ne peux guère atteindre facilement cette « légèreté » dont vous
parlez. J'ai appris avec le temps à me contenter des mots, mais je ne sais plus
si ça a été un choix ou si ça s'est imposé à moi comme le moindre mal. Vous
voyez, moi je prie pour que ma passion pour la poésie tienne. Il me serait
dangereux que je la perde.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> :
Je préciserais au discours de monsieur Pittau qu'en ce qui me concerne, et bien que la
Poésie soit pour moi de l'oxygène dans ce monde de fous, je n'essaie pas de
faire « joli » mais de faire « vrai » à travers les mots, c'est
l'émotion (la sensation du vivant) que je recherche avant tout. J'exprime ce
que je ressens par écrit parce que « les autres » (en tout cas dans mon
entourage) malheureusement n'en ont rien à foutre des mystères du langage. J'ai
des plaisirs immenses à découvrir certains poèmes (ceux des autres), à les lire,
à les dire. J'oublie rapidement mes propres écrits (finis ou non, d'ailleurs),
je suis comme une poule qui accouche de son œuf un peu partout et l'oublie
aussitôt pour aller picorer quelques vers, plus substantiels, ailleurs. Du
partage, j'attendrais plutôt des critiques chirurgicales afin de m'aider à
trouver la juste dimension (mais existe-t-elle ?) du mot. Certes je suis une
Nouille mais une Nouille consciente de la vanité de sa quête et de ses propres
limites. Je regrette simplement que la vie simple ne suffise pas et qu'on
cherche par tout moyen à laisser une trace en oubliant d'être, tout simplement.
Mais est-ce du partage et de la communication si on refuse de ressentir l'autre
plus que de s'écouter soi-même ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je ne publierais rien (et je le fais déjà si peu) si je n'espérais pas un
minimum que ces mots qui m'ont soulagé dans cet exercice de l'écriture ne
pouvaient agir également un peu dans ce sens chez mon contemporain par cet
autre exercice qu'est la lecture. La reconnaissance n'est qu'un feu de paille,
dont je me fous le plus que je peux, mais la rejeter quand elle vient c'est
aussi faire preuve d'un orgueil ingrat. Artaud n'était que dans lui-même, mais
quand je le lis (oh, pas tout) ça me fait du bien, alors... Quand on s'écoute
très très profondément, ce que l'on entend, c'est je crois ce qu'entend l'autre
tout aussi profondément. Nous avons tous le même noyau et c'est ce noyau qu'il
faut atteindre. Et je n'ai jamais eu l'intention de traîner dans les salons. Et
surtout je ne vois pas en quoi écrire signifierait automatiquement vouloir être
reconnu. Après, qu'une personne qui écrive soit un peu vaniteuse, très
orgueilleuse, ce n'est pas une nouveauté. L'artiste et le poète partagent des
défauts des politiques mais en usent avec plus de générosité. Ou alors ce ne
sont pas des artistes, mais des poseurs.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : On
ne laisse jamais une trace d'écriture de façon anodine. Je crois qu'il y a des
livres plus importants que d'autres, ce ne sont pas de « bons » livres,
pas de « beaux » livres, mais des livres nécessaires, au moins pour
soi. Et parfois ça nous déborde. D'où « l'engagement »de l'écriture.
On se guérit rien, on ne soigne rien, l'écriture n'est pas un médicament. Mais
quelque chose advient. Pour soi et pour d'autres aussi parfois. Une sorte de
lucidité dans une matière poreuse qu'est vivre. Et ce n'est jamais rien, ça.
Jamais rien. Il y a des « sujets » qui secouent, celui qui écrit et
celui qui reçoit. Ce ne sera pas vain alors.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Et bien sûr que ça ne guérit rien, mais ça suspend un peu. On ne sait trop
quoi, mais on n'y échappe pas, ou plus.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Je
suis très sensible à ce que dit Stéphane, sur le soulagement que l'on peut
trouver dans l'écriture, soulagement dont on peut attendre qu'il soit aussi
éprouvé par ceux qui nous lisent - avec une variété d'autres émotions, bien
sûr, les textes monochromes n'étant pas faits par et pour tout le monde. Même
en tant que petit fabricant de macramé, j'ai par exemple envie d'arriver à une
description satisfaisante - non, mieux, parfaite - de la mélancolie ou de la
douleur telles que je peux les vivre. Ce n'est pas seulement pour m'astiquer le
manche sur mes problèmes, c'est aussi pour transmettre et soulager. Quand j'ai
découvert Styron, Dan Fante, </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Osamu_Dazai" target="_blank">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Dazai</span></a>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, leur lecture a été une consolation pour
moi. J'aimerais donc m'améliorer en tant qu'artisan de la mélancolie pour
offrir une telle consolation à d'autres. Car après tout, si je ne recherchais
pas une certaine qualité de l'émotion, je ne serais pas lecteur non plus. En
parlant de « manche », je vous convie à la lecture du petit texte
<em>Aviation</em> de </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Santiago_Gamboa" target="_blank">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Santiago Gamboa</span></a>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, paru dans l'un de ces <em>Lexiques nomades</em>
que Bourgois édite à l'occasion des Assises du Roman. Je crois que le texte se
termine sur cette phrase (de mémoire) : <em>Tous ceux qui écrivent devraient
le faire comme si leurs mots s'adressaient à un pilote luttant seul contre une
violente tempête.</em></span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> : Alors
puisque tu cites Fante comme un modèle, Fiston, ce dont je te félicite, j'en
profite pour te suggérer qu'il serait bon que le lecteur trouve davantage
d'humour dans tes textes.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Fondamentalement, on sait tous qu'on soigne un truc en écrivant : on serait
bien, on irait se balader dans les sentiers, s'allonger sur les <em>playas</em> de
Marbella et on jouerait Mozart sur un ukulélé parce que c'est plus marrant qu'avec
un orchestre symphonique.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Mais
je note, Maman, pour l'humour. J'en parlerais au machin sombre, orgueilleux et
déplaisant quand il se réinstallera derrière sa machine à écrire... Francesco, quand
je lis tes commentaires, jusqu'à présent j'avais justement l'impression que tu
étais notre référent anti-pathos. Zut alors.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
J'ai déjà changé d'avis. Je reviens à ce que je disais avant. En fait, on écrit
pour se marrer comme avec le ukulélé évoqué plus haut.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> :
Souvent Pittau varie bien fol qui s'y fie... Ah non je me goure.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Au fond, doit y avoir des tas de raisons inavouées et inavouables pour
lesquelles on écrit. Moi, j'espère recevoir un César. Et vous ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Qu'on écrive parce qu'on a des fêlures, des cicatrices plus ou moins, c'est
évident. Qu'on le fasse pour soigner quoi que ce soit, je sais pas. Toujours eu
du mal avec cette idée de l'écriture comme thérapie personnelle. En même temps,
dans la mesure où ça fonctionne en partie avec des zones peu conscientes de la
psyché, indirectement ça doit agir comme tel, parfois.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Moi,
c'est parce que j'ai été recalé en première année de Médecine... Merde alors,
Rodrigue, moi c'est exactement l'inverse, plus j'écris, plus je me bousille. </span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Bah, les cicatrices, faut savoir les taquiner sans les brusquer, sinon ça
saigne. Quoi qu'un peu de sang d'encre, ça fait de jolis textes.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ça fait mal aux dents, mais c'est bon d'avoir mal aux dents... J'aime pas la
poésie.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Doit-on aimer la poésie pour (essayer d') en faire ? Pis c'est quoi la poésie ?
Et à quelle heure qu'on mange ?</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
On doit la mépriser même.</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Là, je suis pas loin de vous rejoindre, Francesco. Entendu que je ne confonds
pas la poésie avec le travail d'écriture. Mais je me rends compte que je sais
réellement pas ce que ça veut dire « la poésie ».</span></div>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span><br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ça veut pas dire grand-chose, sauf si on se rapporte à la définition du Petit Robert.</span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-48243498317917326192014-02-26T12:54:00.000-08:002016-09-27T01:01:56.628-07:00S 6<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>POUVEZ-VOUS AIMER L'AUTEUR SI VOUS N'AIMEZ PAS L'ÊTRE HUMAIN ?</strong></span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS;"></span><span style="font-family: Trebuchet MS;"></span><br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> : Oui.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Si
je ne le connais pas « en vrai », c'est possible, après j'avoue, qu'un
type/une fille détestable ne m'incitera pas à fréquenter plus avant ses
œuvres. Mais je peux reconnaître la qualité du travail.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Merci, Thierry, pour cette réponse lapidaire ! Au fait, je n'osais demander des
exemples, mais... je veux bien.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> :
Drieu, par exemple.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, pareil, il ne nous laisse pas le choix. Difficile de se passer de l'œuvre
(que je découvre depuis peu) mais le personnage n'est guère recommandable.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> :
Moi aussi je réponds oui sans hésiter : l'exemple de Céline bien sûr, grand
écrivain mais « petit » monsieur (il n'y a qu'à lire sa correspondance
ou regarder des documentaires sur lui).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Oui,
Céline est un bon exemple.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, Marianne, c'est je pense le premier qui vient. Mais pour des raisons plus
légères (une certaine antipathie, etc.), qui d'autres ? Je dirais Houellebecq que j'ai détesté
longtemps sans même l'avoir lu (excepté son premier roman). Puis j'ai compris
que son malaise face aux médias et la déformation habituelle de ces derniers
étaient en partie responsables de cette répulsion. Maintenant je l'ai lu quasi intégralement
et je trouve que c'est un excellent écrivain (et très bon poète - mais beaucoup
de trucs pas très potables aussi, les éditeurs entretiennent le mythe). Mais
pas sûr de vouloir être ami avec lui. Et même si son mal-être jeté à la face du
monde me touche.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> :
Christine Angot est assez antipathique quand elle intervient dans les médias,
elle est souvent moquée (par Jourde et Naulleau en particulier) et j'avoue que
j'ai été étonnée d'aimer un de ses livres quand un ami me l'a fait lire !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Merci, Marianne, excellentissime exemple. J'éprouve encore ça vis-à-vis d'elle
(d'affeux passages télévisuels), mais peut-être que grâce à vous je tenterai.
Je crois que certains devraient encore plus que les autres éviter la télé.
Les gens de télé détruisent le fragile et ridiculisent le fort. L'humiliation
est leur gagne-pain.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Je
ne supporte pas Angot et n'aime pas ce qu'elle écrit, il y a une cohérence.
Pour Céline, l'homme, est imbuvable, mais son écriture est fabuleuse. On ne
peut gommer ni son voyage ni sa « nuit ». Et le paradoxe est chiant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Quand la politique se voit dans l'œuvre, non. Céline avec son style effondré,
sa syntaxe qui dégouline et qui ressemble à la bave égocentrique qu'il déverse
sur les gens, me tombe des mains. Donc, je lis pas. En plus, ça m'ennuie. Alors, c'est rédhibitoire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Oui.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Très bien, très bien, merci ! mais on s'éloigne un peu de la question tout en
se rapprochant du point Godwin à vitesse grand V.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Donc, à part LFC ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Chardonne.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je sais que je vais avoir l'air de chipoter, mais comme les écrivains « à
période fasciste » sont évidemment détestables, si nous parlions de ceux
qui le sont d'un point de vue non politique ? Qu'est-ce qui peut nous agacer
chez un écrivain ? Allez, chez un Sollers par exemple ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
BHL, non. Nabe, non. Houellebecq, non.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Pour les mêmes : NON... (peut-être)... oui.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Mais BHL est un homme de lettres, ce n'est pas
un écrivain : «&nbspIl monte de la grammaire à l'œuvre, au lieu de descendre
de l'inspiration au style&nbsp» comme disait Vigny.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> :
Ma première impulsion fut de répondre tout simplement oui mais la question est
délicate. L’œuvre (écrite, peinte, musicale, etc.) une fois aboutie dépend elle
encore de son auteur ? Certes, la compréhension profonde vient parfois de la
connaissance de la vie de l'auteur. Pensez par exemple au tableau de Guernica de
Picasso. Ces évènements qui l'ont à tout jamais influencé, marqué, le message
qu'il souhaite délivrer. Pourtant, l'art est Émotion. Quand je lis un poème,
quand j'écoute une musique, quand je regarde un tableau, ce qui vibre en moi, ce
n'est pas mon intelligence mais quelque chose de primal tout juste teinté
d'éducation. Que connait-on d'un auteur ? Jeune, on m'avait affirmé que
Lewis Carroll avait été soupçonné de pédophilie. Je n'ai pas connu Lewis
Carroll, ni Pétrone qui aimait les petits garçons, mais <em>Alice</em>, <em>La Chasse au
Snark,</em> son ouvrage sur les jeux de logique, le <em>Satyricon,</em> m'ont toujours suivie.
Aimer sans condition l'art mais non l'artiste. Par contre il est plus aisé
d'admirer (et non aimer) un auteur dont on sait qu'il a assumé ses choix que
l'on partage ou pas ses engagements.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Je dissocie. Toujours. N'oublions pas que Baudelaire et Flaubert pouvaient être
des individus horribles, à resituer dans leur époque bien sûr.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Très bien, cette opinion, La Nouille. Oui, je crois que l'œuvre n'appartient
plus vraiment à l'auteur quand elle est diffusée (elle se diffuse, mais sans
perdre, en gagnant toujours). Elle n'a pas tant besoin d'un nom. Mais il vrai
qu'il éclaire quand on y cherche, pour le meilleur et pour le pire. Et
concernant Pétrone, que j'admire également, comme tous les Latins que j'ai lus
jusqu'ici, je lis justement un très instructif essai de Pascal Quignard sur la
sexualité à l'antiquité et sa représentation dans l'art (<em>Le sexe et
l'effroi</em>). Ce n'est pas comparable. La morale et les codes de la
sexualité étaient vraiment différents. Et Dominique a raison de le souligner,
un comportement dans une époque inconnue de nous est difficile à juger. L'homme
a évolué, et aussi pour le meilleur et pour le pire. Mais il est vrai, on a
beau dissocier, certaines mises à jour faites sur un auteur peuvent un peu nous
refroidir. Disons qu'il est dur de s'en défaire, cela poisse sur les mots.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
On lit avec nos yeux d'aujourd'hui, donc on juge avec nos yeux d'aujourd'hui,
c'est normal. D'ailleurs, on parle de littérature pas de politique. De toute
façon, les auteurs « politiques » ne m'intéressent pas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, par exemple poésie et politique... Quand Oppen s'est mis à en faire il a
arrêté d'écrire. Idem pour Rakosi. Quant aux yeux, on fait ce qu'on peut, même
si je crois que c'est pas une mauvaise chose d'espérer faire toujours mieux et
de pousser l'empathie aussi loin que l'on peut dans le temps et dans l'espace.
Sinon, il faudrait simplement se taire. Ce qui est une éventualité que je me
réserve précieusement. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
Difficilement, mieux vaut pas connaitre parfois. En même temps le truc est un
peu schizo. L'auteur c'est la personne et la personne c'est l'auteur, le
talent n'est pas gage de beauté intérieure.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Mais la vie change la personne. Je ne suis pas si sûr qu'il me reste
l'intégralité de ce que j'étais à vingt ans. Et puis on essaie toujours de laisser
derrière soi sa quintessence plutôt que ses tares. Le cœur et les actes ont
entre eux bien des obstacles et les nerfs. Quand on cherche vraiment dans la
vie d'un auteur, on trouve presque toujours de quoi être un peu déçu. Même le
pire des salauds est capable de briller (et ce n'est même pas rare).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Paul Jullien</strong> : Et
inversement, on trouve toujours quelque chose de brillant chez tous les
salauds. Je crois que c'est justement d'en arriver à polir les monceaux de
merde qui se sont incrustés dans les stigmates et les interstices de l'affreux
et du criminel, à trouver son diamant, qui est la raison ultime de l'écriture.
Celui qui écrit, il me semble, est toujours l'être des bonnes intentions et qui
ne voit pas l'enfer que son extrémisme construit.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Je crois que le débat dévie : on ne parle que des idées politiques, pas de la
morale du monsieur ou de la dame.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Ecrire, c'est toujours tenter de sauver : quelque chose, soi, l'autre. Parfois
à n'importe quel prix.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Ecrire, c'est s'amuser d'abord.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Paul Jullien</strong> : Oui,
avec sérieux.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Pour vous, Francesco. Mais, sauf si « s'amuser » tient pour vous dans
d'autres définitions que l'usuelle, ce n'est hélas pas mon cas la plupart du
temps. Mais vous sauvez tout de même des instants en vous amusant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Paul Jullien</strong> : Les
enfants jouent avec beaucoup de sérieux. Pour eux, toutes ces choses sont
graves.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
A ce propos, j'ai découvert il y a peu cette belle expression de jardinage :
amuser la sève. Je ne m'amuse pas, je m'occupe à me libérer. Et mince, la
guerre, encore... « Amuser la sève : laisser à l'arbre plus de bois et de
bourgeons que de coutume. »</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Hélène Dassavray</strong> :
Pour répondre à la question, parfois oui, parfois non. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> :
Test : si je vous offre un livre sans signature que vous trouvez excellent et
qu'ensuite je vous révèle le nom de son auteur et horreur et damnation, il
s'agit d' un personnage que vous m'avez toujours dit détester. Que faut-il en
penser ? Question : Pourquoi certains auteurs se sentent-ils obligés de prendre
un pseudo pour écrire ? Sociétal ? Culturel ? Schizophrénie évolutive ? Jeu
mercantile ? Je pense aux femmes poètes ou écrivains qui ont été obligées
longtemps de se faire passer pour un homme afin d'être publiées (les sœurs
Brontë) ; je pense aux auteurs qui veulent aborder un sujet incompatible avec
leur lectorat habituel (<em>J'irai cracher sur vos tombes</em>) ; je pense aux nombreux
avatars du net. Ce qui reste est ce qui compte, c'est l'écrit, et l'impact
sur le lecteur. L'usage qui en est fait. Faut-il brûler (censurer) les écrivains
parce qu'ils nous sont odieux ? Je penche plutôt pour brûler les conneries qui
passent pour de la littérature de nos jours et qui nous sont imposées par le
lobbying publicitaire et autres effets de mode journalistiques.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je pense qu'il ne faut rien brûler. Ni le bête, ni le méchant, ni l'affreux, ça
serait enlever des pièces au dossier de l'humain. Les parjures sont toujours
conservés. Comme les armes des crimes. C'est encore une facette du réel - comme
le rire - qui nous différencie des autres espèces : ce très chéri mensonge et
le calcul violent (quoique celui-ci, chez certains animaux...). Quant à ce
« test », j'ai déjà pratiqué avec des citations, et oui, les a priori
sont bien là, souvent. Nous fonctionnons plus ou moins tous comme ça. Nous
devons encore travailler.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Moi,
les auteurs comme personnages me font rêver. Je veux dire, les auteurs
exécrables comme personnages exécrables de leur propre travail. Le </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Watakushi_sh%C5%8Dsetsu" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><em>watakushi shosetsu</em></span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> est un très bon exemple de cela. On a tendance à fustiger l'auteur et
à aimer le livre, mais il existe ce point où l'auteur, comme personne humaine
et réelle, est ce qu'il est à cause de son travail littéraire. Et inversement.
Lovecraft est l'exemple le plus proche de nous, et c'est d'ailleurs la raison
pour laquelle Houellebecq, qui a consacré un de ses premiers livres à
l'Américain, rejoint aussi ce pôle étrange. Angot écrit correctement une fois
sur dix, il y a facilement cinquante pour cent de gras dans chacun de ses romans. A regarder
chez les auteurs féminins, je préfère </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Kane" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Sarah Kane</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, </span><a href="http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/pizarnik/pizarnik.html" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Pizarnik</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, et les autres
"folles". Elles nourrissent au moins mon imaginaire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Très codifié apparemment, ce genre, Al. Je vais regarder de plus près.
Est-ce proche de l'autofiction ? Sinon, tu as raison pour Houellebecq. Et ce
qui est drôle dans son dernier roman, c'est justement le personnage de
Houellebecq. Et il ne s'épargne pas (enfin j'espère, sans quoi...).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Oui,
ce genre est très codifié. J'ai échoué dans mes tentatives de le comprendre
complètement. Je le trouve proche de l'autofiction, sans le narcissisme à la
française. En se permettant de se remettre en question via les références à
d'autres genres et auteurs, et en se permettant certains éléments de fantaisie,
le <em>watakushi shosetsu</em> est aussi davantage que l'autofiction. Je n'ai pas lu le
dernier Houellebecq. Je pense que cet homme souffre, et qu'il est précisément
détestable à cause de cela... Je voulais dire « détesté », mais le lapsus
est intéressant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Comme je le disais plus haut je l'aime beaucoup maintenant en tant qu'auteur,
et comme poète. Il est très doué dans le genre anticipation. Et c'est parfois
très beau. La fin du dernier est magnifique. Il y a celui-là et <em>Les
Particules</em>, les autres ne sont pas aussi bons. Mais ce qui me
dégoûte avec ces saloperies de médias, c'est qu'en exemple de sa poésie ils
prennent toujours un poème porno bien nul et pas du tout représentatif. On peut
trouver ses thèmes écœurants mais il me semble maladivement honnête et
ça, ça marche pour moi... Quant à nos amis japonais, ils sont les rois de la
codification, donc pas étonnant que le <em>watakushi shosetsu</em> soit un genre
difficile à s'approprier.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Il
est des êtres dont j'aime entendre le discours mais dont l'apparence physique
me donne de l'urticaire, quand elle révèle une suffisance une arrogance de
classe, ainsi j'ai plaisir à écouter Sollers à la radio, beaucoup moins à la
télé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Sauf quand c'est un pli dont ils ne peuvent se défaire, qu'ils remarquent et
qu'ils traitent avec autodérision. Sinon, oui.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> :
Donc, pour en revenir au propos initial, pour moi c'est oui, on peut aimer des
écrits, des paroles de quelqu'un dont au top chrono on ne se sent pas irradié
d'atomes crochus et c'est plutôt heureux sinon on s'enfermerait, se
scléroserait en clans/chapelles d'affinités.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, on ne va pas aimer un auteur parce que c'est juste un type gentil ou une
brave fille. J'ai des salauds plein mes étagères et je fais avec.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> : Bah
si pourquoi pas : un type trop « gentil » peut en devenir exécrable
pour cette raison et, par un revirement subtil, on peut à présent aimer ses
écrits.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Vous allez me rendre fou, Thierry ! </span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-79709403979958934582014-02-22T10:44:00.000-08:002014-09-04T02:14:18.454-07:00S 5<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>JE CONSTATE QUE BEAUCOUP D'ENTRE VOUS TRAVAILLENT - DE PRÈS OU DE LOIN, OCCASIONNELLEMENT OU NON - AU SEIN DE L'ÉDUCATION NATIONALE. QUE PENSEZ-VOUS DU PROGRAMME ACTUEL CONCERNANT L'EXPRESSION ÉCRITE ET LA LECTURE ? N'EST-IL PAS SCLÉROSÉ ? QUELLES IDÉES « VOUS MONTENT » PARFOIS POUR QUE ÇA CHANGE ?</strong></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS;"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Mon Dieu, mon Dieu, il y aurait tant à dire, à l'heure où l'école devient de
plus en plus une marchandise comme les autres, où l'évaluation est une valeur
d'ajustement de la </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9vision_g%C3%A9n%C3%A9rale_des_politiques_publiques" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">RGPP</span></a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Par exemple, la liste des auteurs proposés aux élèves n'est-elle pas coincée
aux années 50-60 ? Et très franco-française ? La récitation de poésie en
primaire n'est-elle pas génératrice de répulsion chez l'enfant ? N'est-il pas
triste que beaucoup de professeurs de français ne connaissent aucun poète
vivant ? Dans le livre de français de ma fille aînée (9 ans) je suis tombé sur
la définition très réac du poème : un poème en 2014 serait toujours forcément
rimé... Oui, Dominique, tant à dire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Paul Jullien</strong> : Ce
qui est terrible, il me semble, du moins au sein du professorat des écoles,
c'est l'incapacité à intégrer l'idée de perception qui est pourtant au cœur de
la littérature. Tout comme, il me semble, l'idée d'empathie, un terme qui
semble galvaudé aujourd'hui, et qui est pourtant central dans la compréhension
de l'écriture d'un personnage : écrire un personnage, et ce même jusque dans
les contes pour enfant, c'est surtout pas le juger, c'est l'accepter. C'est
accepter la méchanceté d'un tel pour pouvoir écrire ses profondeurs, et cela
c'est vraiment un point de vue qui me semble propre au vingtième. Je ne
comprends pas comment la littérature peut-être encore analysée quand on sait à
quel point la lecture est une activité métaphysique qui est un tout (à ce sujet
Gracq aura tout dit). Et puis autre chose de désolant, moi-même étant en
formation (mais en cours d'abandon tant il me semble que l'Ecole est le rouleau
compresseur de toute sensibilité), c'est que la plupart des instits n'auront
jamais ouvert plus de dix livres, par goût, par volonté, outre ceux qu'on leur
aura imposés durant l'enfance... Il y aussi dans la définition du mot, quelque
chose qu'on oublie et qui est, je crois, importante, c'est en faire l'écologie
des représentations. Dans un système médiatique aussi fort, qui use les mots
jusqu'à les évider ou les détourner de leur sens, il faut que le prof puisse
faire passer l'idée qu'un mot est une chose puissante, qu'il est au centre de
la communication comme de l'art. Je pensais là surtout au terme de Rom par
exemple qui est aujourd'hui un terme péjoratif (ou bien les termes de
l'économie placés dans le milieu scolaire ou intellectuel : on parle de
compétences des élèves par exemple). Il faut redonner du sens et de la
réflexion à des mots que l'on utilise trop vite, et dans un sens qui tue. Je ne
sais si vous avez lu le sublime essai du philologue </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Klemperer" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Victor Klemperer</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> qui traite
de la langue du troisième Reich : il fait la démonstration éloquente que ce ne
sont pas les discours d'Hitler et des nazis qui ont permis que les allemands
acceptent les barbaries, mais bien parce que jour après jour, des mots très
simples ont été détournés de leur sens, dans les journaux, à la radio, des mots
à usage péjoratif que le régime a utilisé de manière méliorative, et qui ont
mécanisé les pensées, qui ont fait s'infiltrer l'idée administrative jusque
dans le fait de pouvoir foutre des millions de gens dans des wagons et
d'accepter de le faire. Mon résumé est une caricature mais ce livre offre de
nombreux éclairages encore actuels sur des mots du quotidien. Bref, un livre à
lire quand on apprend le français, il me semble, et ce même si les époques sont
bien différentes : il nous faut pouvoir être critique en tout, car la critique
c'est que nous devons transmettre aux élèves au même titre qu'ils doivent se
construire leurs savoirs, littéraires s'il en faut.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, Paul, je suis assez d'accord avec tout ce que vous dites.
L'empathie est pourtant, j'ose encore le croire, salvatrice dans bien des
situations. On apprend à lire, mais jamais à « lire vraiment ». Faire
apprendre par cœur une scène d'une pièce, oui, l'enfant se trouvera confronté à
quelque chose d'excitant en jouant un personnage en compagnie de ses camarades.
Mais un poème par cœur... Le gamin ne sait même pas ce qu'il lit tellement il a
peur d'oublier un mot. C'est ce qui m'a coupé du désir d'en lire jusqu'à dix-sept
ans. Et les profs qui ne connaissent que les Classiques appris durant leurs
études, misère... Heureusement que ce n'est pas généralisé. Merci à ceux qui
ont la force de résister. </span><span style="line-height: 107%;">Je note, cet essai m'a l'air tout à fait captivant. Je suis moi-même toujours
choqué par l'utilisation péjorative du mot « arabe ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Le
jargon de la pédagogie est très agaçant. Un vocabulaire s’infiltre depuis des
années : la « production » d’écrits par exemple. Cependant on a la
liberté de donner â découvrir, à lire, à écrire. La littérature jeunesse est de
qualité, il y a de superbes livres à la disposition des enseignants. Les
instructions officielles... On s’en fout finalement. La « bonne
nourriture », elle s’invente avec la culture et la sensibilité de l’enseignant.
Des passeurs, nous serions cela.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Merci, Brigitte, vous répondez à une question que je voulais poser. À propos de
la liberté de l'enseignant vis-à-vis du programme. Résister, dans l'Education
nationale, c'est peut-être « tout simplement » (guillemets parce que
possiblement quelques obstacles, parfois...) rester l'humain sensible que l'on
est ? Et oui, « passeurs », ce que sont les enseignants, comme les
artistes. Ce qui repousse la bêtise (comme dirait Deleuze). </span><span style="line-height: 107%;">Et puis ce parler de l'économie entré dans les écoles est effectivement une
horreur.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Paul Jullien</strong> : Le
mot « arabe » est un mot, il me semble, qui malheureusement est passé
d'une utilisation péjorative (je me souviens très bien que petit enfant de
campagne, entrant au collège, utiliser un tel mot pour désigner quelqu'un
m'avait choqué jusqu'à ce que à force de l'entendre, je l'utilise moi aussi...)
à une utilisation normative : c'est l'appropriation par la victime du mot de
son bourreau qui est à la fois une libération de la victime mais aussi
l'intégration du bourreau jusque dans sa norme. A cela, à cette honte d'enfant,
et à cette culpabilité dont il faut se défaire aujourd'hui, il y a, il me
semble, une raison qui tient à la laïcité dans la manière dont elle a été
utilisée comme pratique assimilationniste, dans l'école française tout
particulièrement : c'est la haine des peuples qu'a provoqué l'attachement à la
république (qui change aujourd'hui dans la loi et grâce à l'Union Européenne
qui impose d'autres normes avec les langues régionales mais qui est encore loin
d'être la majorité de sa pratique) tout autant le caractère colonial du terme :
« l'arabe », c'est l'étranger de là-bas, dont on ne sait où, du vaste
monde que l'on domine et qui vient faire les tâches que l'on ne veut plus faire
ici... « L'arabe » c'est la double négation : autant celle de sa nation
que celle de sa religion. Cette double-négation, qui étaient une honte pour
leurs parents, certains jeunes qui se nomment ainsi se la sont appropriée pour
marquer leur refus combattif d'adhérer à un système qui les nie (c'est en étant
pion dans un collège de banlieue que, dans ma vie de tous les jours, j'aie
pleinement déculpabiliser de son utilisation, tant les enfants rigolaient en
toute bonne foi de ça, se moquaient gentiment de leur origine - j'ai pris
conscience qu'en niant l'utilisation actuelle de ce terme, c'est aussi nier le
statut de combattant de ceux qui se prénommaient ainsi. Je ne l'aurais
certainement pas utilisé en tant que représentant de l'Etat car au contraire,
il aurait été fort mal pris et à raison !)... Il y a à apprendre d'eux, des
erreurs de l'intégration, et aussi à se souvenir que l'Ecole dans sa volonté
d'homogénéiser a flingué tout ce qui touche de près ou de loin aux idées de peuple.
Actuellement, nous n'avons plus les clefs sémantiques pour comprendre les
fêlures que traversent notre société : nous ne savons pas ce qu'être musulman,
juif, catholique, athée, français. Dans notre frilosité à dire les choses, ces
mots, l'extrême droite se les est appropriés pour y foutre leurs idées
dégueulasse alors que c'est beau d'appartenir à un peuple, d'avoir des
racines... Le mal de ce monde tient au déracinement disait Weil. Le Rom quant à
lui est une victime du peuple qui refuse comme de l'Etat qui inscrit dans la
loi, des lois discriminantes parce que le Rom est celui qui ne veut pas d'un
système stationnaire, sclérosé, purement administratif. Le terme de Rom revêt
une réalité géographique et anthropologique, mais il n'est plus associé qu'à un
problème à se débarrasser, comme des ordures. Sans doute, ces peuples qui
refusent ont beaucoup à nous apprendre, à partir du moment où on accepte leur
différence... Pour le moment, on leur jette de l'acide, on les moque dans les
médias, on viole les femmes en sortie de boîte devant leur mari, on marche
dessus, on en fait des sketchs, l'école les fout dans des </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Section_d'enseignement_g%C3%A9n%C3%A9ral_et_professionnel_adapt%C3%A9" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">SEGPA</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, on s'en
décharge comme des ordures, et cela, sans problème aucun, puisqu'ils sont
faibles, que personne ne les défend.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Il y a quelques années, à propos de la laïcité, un ami avait essayé de me
convaincre qu'un mélange « carnavelesque » des signes religieux
distinctifs pouvait être une bonne chose. Je n'étais pas d'accord avec ça. Mais
je crois changer d'avis aujourd'hui. On sait bien que le « costume »
n'est pas le fond du problème. Je crois que le problème est toujours une
histoire de culpabilité. Du sentiment de culpabilité de l'innocent comme du coupable.
Et au final il n'y a plus vraiment d'innocents. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Allons, allons, le tableau n'est pas non plus aussi catastrophique que le dit
Paul Jullien. Des tas d'enseignants du primaire ont le souci d'éveiller aux
littératures, à la poésie autre que Maurice Carême.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je suis pour le carême de Carême. Quand
ma fille a eu un poème du Maurice à apprendre, je suis tombé à genoux : je
l'avais oublié celui-là (ou refoulé ?). Et non, tout n'est pas noir, j'en
connais beaucoup des comme vous dites, Dominique. Et certains qui ne sont pas
bien loin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> :
Je suis A.V.S. dans un collège et j'ai vu une prof de français faire étudier
une nouvelle de Cortázar à ses troisièmes. Plutôt encourageant ! Dans ce même
collège, une élève de sixième se lance des défis lectures (elle lit un Harry
Potter en deux jours) et elle a toujours un livre à la main à la récré (comme
moi !) alors soyons optimistes. Personnellement quand j'étais en primaire
j'ai beaucoup étudié de Maurice Carême et au collège énormément de Molière. Ça ne m'a pas empêcher d'être aujourd'hui une grande lectrice et d'écrire
également. Il est certain que c'est à l'école primaire qu'on doit donner le
goût de lire aux enfants.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, ça n'empêche pas, Marianne. Puisque j'ai connu le même cursus (Carême,
Molière) pour finalement « sombrer » définitivement, obsessionnellement
dans la littérature à la fin du lycée (ceci dit pas grâce au lycée, plutôt à
cause d'un besoin d'échapper à tout ce qui m'entourait en y plongeant). Mais ça
n'est pas si courant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Je crois que j'aimerais bien éduquer mes enfants chez moi. Ce serait
très bourgeois, comme le fait d'avoir un précepteur, et un peu punk aussi. Il y
aurait un cours de musique et un autre sur les comics. J'aimerais bien faire
cela, en fait. L'école m'inspire un dégoût de plus en plus prononcé.</span><span style="line-height: 107%;"> Le
fait que la qualité d'un enseignement dépende de la bonne volonté et de l'éveil
du prof/du pion/etc., et non pas de la structure qui devrait encadrer l'ensemble
me pose un réel problème.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oh oui, Al, l'idée du précepteur... A cause d'une mauvaise prof (des écoles)
parfois l'idée me vient, une dont on se demande pourquoi elle enseigne en ne
supportant pas (plus ?) les gosses (lassitude ? orientation par dépit ?). Mais
heureusement ma fille aînée garde toujours un très bon souvenir des autres, une
avec qui elle communique encore par mail par exemple. Mais enseigner, c'est un
peu pratiquer la chirurgie dans un hôpital de campagne, j'ai l'impression.
C'est un métier dur et/ou compliqué... En plus aujourd'hui, avec des parents
qui veulent donner des leçons aux profs et des profs qui se mêlent de
l'éducation des parents.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : J'ai
d'excellents souvenirs de nombre de mes professeurs. Ma position de
« précepteur potentiel » est une peu naïve, mais elle est liée au
climat social que je trouve détestable. A mon sens, il y a une forme de
darwinisme social fort qui déteint sur le milieu scolaire. La faiblesse et la
différence y sont piétinées plus durement qu'ailleurs. J'ai du mal à encaisser
que des gamins se pendent parce qu'ils sont roux, ou laids, ou pas assez hype.
Les gouvernements successifs s'en lavent les mains, je les soupçonne même
d'entretenir ce darwinisme. Je suppose que j'aimerais protéger mes enfants
comme j'aimerais me protéger moi-même. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, les protéger est toujours le réflexe qui nous vient. Mais je crois qu'il
est tout de même nécessaire qu'ils se créent des « anticorps » en
société.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> :
Moi j'ai d'excellents souvenirs de mes cours de français (même les classiques !) et même des poèmes appris en primaire (d'ailleurs ce sont ceux que je peux
encore réciter fidèlement aujourd'hui). Je me souviens du livre de lecture avec
juste assez de chapitres pour donner envie ensuite de lire le livre à la biblio.
Avec la médiathèque et les écoles nous travaillons sur le Printemps des Poètes
chaque année, et le résultat est souvent bluffant. Il existe aussi un prix de
lectures (sur une liste d'une dizaine d'ouvrages) qui permet aux collégiens de
rencontrer des auteurs et de leur faire part de leurs remarques. C'est très
enrichissant. Arrêtons d'écouter les journalistes et leurs insipides analyses. Jetons la télé et montrons l'exemple : lisons.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-31828307892888250182014-02-08T09:54:00.000-08:002014-09-04T00:57:22.821-07:00S 4<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><span style="color: #948bc4;"><strong>QUAND VOUS DÉCIDEZ QUE LE TEXTE EST FINI, SENTEZ-VOUS QU'IL Y MANQUE POURTANT TOUJOURS QUELQUE CHOSE MAIS QU'Y RETOUCHER ENCORE LE DÉTRUIRAIT - D'UN PEU À COMPLÈTEMENT ? CHERCHEZ-VOUS UN REMÈDE À ÇA ? VOUS ÊTES-VOUS DEPUIS LONGTEMPS RÉSIGNÉ(E) ?</strong></span></span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>(LORSQUE JE SUIS ARRIVÉ À CE QUE JE PENSE ÊTRE LE BOUT D'UN TEXTE, RÉSONNE SOUVENT EN MOI LA PAROLE DE DUCHAMP À PROPOS DE SON « GRAND VERRE » DÉCLARÉ « DÉFINITIVEMENT INACHEVÉ ».)</strong></span><br />
<strong><span style="color: #948bc4; font-family: Trebuchet MS;"></span></strong><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christophe Bregaint</strong> : Tout texte est le brouillon d'un autre. Je ne sais plus qui disait cela.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> :
Duchamp a raison. Forcément inachevé. Michaux reprenait ses livres après leur
publication. Et pourtant, un jour, on décrète qu'on en a fini avec tel texte,
après l'avoir laissé reposer quelques mois, pour voir si la pâte tient encore le coup.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, et Bonnard reprenait ses toiles dans les musées. Je me souviens souvent
des mots d'un ami de Flannery O'Connor qui lui disait : « On ne termine
pas un livre, on finit par l'envoyer au diable. »</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
Je ne décide pas qu'un texte est fini c'est lui qui me le fait savoir. Ça peut
prendre quelques heures ou quelques mois, voire années.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Voire jamais ? C'est sans doute pour ça qu'ont été inventés les tiroirs. Et
pour les boutons orphelins et les piles dont on ne sait si elles fonctionnent
encore.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> :
Voire jamais, c'est possible.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : J'aime
bien ce qu'a dit Chris Bregaint plus haut. J'ai l'impression de réécrire
toujours le même texte. J'arrête un recueil quand il me sort par les trous de
nez.<span style="mso-spacerun: yes;"> N</span>on, plus sérieusement, j'arrête
quand face à lui je me sens sèche et vide. Bien sûr avec du repos (temps), la
pâte pourrait être malaxée différemment et tout pourrait être modifié à nouveau
(ou en partie), mais je ne suis plus la même personne qui a écrit ledit
recueil, bref à ce moment je passe à autre chose et ne relis plus. Recueil
comme photographie d'un instant X, de la personne Y... </span><span style="line-height: 107%;">Et
aussi, quand il y a une construction formelle, je trouve que le fil ne peut pas
être dévidé indéfiniment (modifs à la marge). J'aime bien les contraintes pour
ça.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Tu
fais donc des photos mais avec un long temps d'exposition, Murièle. J'aime bien
l'idée de strates dans un texte. Comme l'évoque Chris (et je ne sais plus qui
dit ça non plus). Ces brouillons successifs sont les strates d'un thème cher en
permanent devenir. Mais nous avons tous (du moins certains d'entre nous), je
crois, un poème (ou plusieurs ; c'est mon cas) auquel nous tenons, mais
éternellement raté... repris de temps à autre, et raté encore et encore.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :
D'ac avec la photographie, je vois bien aussi ce que tu veux dire, Murièle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> : Un
texte trop achevé ne manquerait-il pas d'opacité ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Trop achevé, c'est l'autre versant. J'aime l'opaque, mais aussi et surtout le
diaphane.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> :
Pour utiliser la métaphore de la peinture, je dirais qu'il y a le risque du coup
de pinceau de trop, à vouloir trop bien faire (l'écueil du débutant) on risque
de tout gâcher. La forme, le style sont importants et il ne faut pas vouloir
aller trop vite et bâcler la réécriture qui va permettre d'approcher du cœur de
ce qu'on veut écrire. La dimension inachevée fait partie de l'œuvre authentique
: l'écrivain n'atteint jamais ce qu'il voudrait (il arrêterait d'écrire si
c'était le cas) mais pour que l'œuvre soit considérée comme terminée et rendue
publique il doit y avoir l'essentiel, à savoir l'âme d'un texte.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Mais il y a toujours un retour en arrière possible quand on écrit (le filet du
brouillon, voir session 2), ce qui est
souvent plus difficile avec la peinture. Et ne sommes-nous pas tous des
débutants, toujours (certes, à des niveaux différents) ? Et je suis assez
persuadé que ceux d'entre nous qui cherchent encore et à tout prix la
perfection - au risque d'être mauvais - sont tout simplement en quête d'un
renoncement à l'écriture. Le style en dit long sur l'état mental.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> :
Oui, en peinture il n'y a pas de droit à l'erreur. Une toile ratée finit à la
benne, un texte peut se reprendre. Quant à la perfection, elle n'est pas de
ce monde, en art comme dans la vie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, mais sa quête, « hélas » (guillemets parce qu'elle permet aussi de
grandes choses), si. Ce que je voulais dire, c'est que cet espoir d'en finir
avec l'écriture en l'atteignant est un état maladif. Après il faudrait pouvoir
discuter de ce désir de renoncer. Autre sujet.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : J'aime
la sincérité dans un texte. On n'en aurait jamais fini de prendre et reprendre.
Mais à un moment, on sait qu'on n'ira pas plus loin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Parfaitement, Brigitte. Pour moi le style, c'est tout simplement l'honnêteté.
Il n'y a pas à réfléchir plus loin. Mais pas si facile. On se croit sincère, et
hop, c'est encore un masque, une fine pellicule de petits mensonges qui se
présente et qu'il faut craquer. Une toute petite zone à vif entraperçue et on
s'y arrête. Si rare.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Je
sais pas si c'est tout pareil, mais c'est un truc essentiel qui fait les veines
et le sang.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, et c'est ce qui fait qu'un texte - même brillamment écrit - sera
émotionnellement anémique s'il est insincère, quand un autre, un peu maladroit
mais sincère touchera, parce qu'il est gorgé de vie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> :
Je rejoins pas mal de ce qui a été dit. Grosso modo, j'arrête quand j'ai la
conviction de pas pouvoir faire mieux du point de vue de ce que je tiens pour
le plus important, savoir la justesse. Ça tient à l'honnêteté, la sincérité,
certes. Mais aussi au respect de ce qui m'a conduit à commencer le texte (idée,
image ou sentiment). Mais quand je dis ça, c'est un peu faux en même temps
parce qu'il arrive, je crois dans le meilleur des cas, qu'un texte
« veuille » dire plus au final que l'intention consciente de départ et
je crois que j'ai le sentiment d'une réussite ou d'un achèvement justement
quand, sans avoir trahi le truc de départ, je me retrouve avec autre chose
d'imprévu mais qui reste avec lui dans le ton, l'harmonie, donc la justesse.
Plus rien à creuser à un moment donné... Après y reste la question de la
reprise avec du recul, l'impression peut-être trompeuse de pouvoir faire mieux
quand le texte a reposé longtemps. C'est une tentation. Parfois ça le mérite et
puis on sait bien que d'autres fois, ça fiche tout par terre d'y céder. On va
peut-être trouver un meilleur équilibre rythmique ou euphonique mais c'était
justement dans sa fragilité qu'il avait une beauté... </span><span style="line-height: 107%;">J'ai pas relu mon recueil à paraître en octobre depuis à peu près deux mois, peu
après que j'ai su qu'il était accepté. Mais je sais qu'il va falloir pour
envoyer la version définitivement définitive à l'éditeur. Et à vrai dire ça me
fiche une trouille bleue d'être tenté de modifier, corriger, rajouter... et de
me tromper.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Je crois qu'on se fixe inconsciemment comme une sorte de délai de prescription
pour la retouche d'un texte. Ça se met en place plus ou moins avec les autres
petites habitudes de travail.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> :
Un texte, c'est comme un objet qu'on fabrique. On sent bien quand il est
terminé. On peut le polir indéfiniment mais ce serait idiot car la première
impulsion est née à un moment précis, dans des circonstances
« précises » et que le faire coller à d'autres moments est une impasse.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> :
Oui, on sent bien à un moment « que la date est passée », et qu'il sera
« comme ça » ou ne sera pas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Néanmoins
quand le texte s'intègre dans une suite, un recueil, on peut tenir un fil (s'y
tenir) je dis ça parce que moi je mets environ un an pour construire
« mes » suites<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>mais en effet
chaque texte correspond à un temps particulier qui ne peut s'étirer
indéfiniment. L'un des moyens (pour moi) pour maintenir la continuité
d'inspiration est la musique (histoire de se mettre dans un état particulier).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> : Je
me sens en bel accord avec ce qu'en dit Murièle en début de session.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-12582626795881579432014-02-02T08:49:00.000-08:002014-09-04T00:35:37.815-07:00S 3B<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>QU'EST-CE QUI VOUS EMPÊCHE D'ÉCRIRE, EN DEHORS D'UN EMPLOI DU TEMPS COMPACT ?</strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : La colère ou bien le désir d'écrire à tout prix.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Jean-Jacques Marimbert</strong> : Rien.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : Écrire (trop, à ne plus sortir de chez moi, jusqu'à n'avoir plus rien de bien concret à dire).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Merci à vous trois. Votre concision provoque chez moi des pensées extensibles.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> : Le bonheur.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> : Mon caractère un peu « fainéant » (passif). J'ai du mal à m'astreindre à une discipline quotidienne d'écriture (pour ainsi dire, j'en suis incapable).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> : Toutes sortes de choses de la vie ordinaire : une visite, un excès de boisson, la fatigue, la langueur, une contrariété. Toutes sortes de choses, vraiment.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : La vie de famille, ça fait partie de l'emploi du temps compact ? Comme c'est chronophage et prioritaire, je dirais oui. Donc comme Thierry Roquet, la flemme parfois, le manque de discipline donc. Savoir que si je me mets à un texte que je porte depuis quelques heures ou quelques jours, c'est parti pour au moins deux heures dans cet état particulier, pas toujours agréable, à creuser, fou(a)iller à l'intérieur. Et pour peu que ça résiste, qui dure bien plus qu'une paire d'heures et peut devenir excessivement frustrant jusqu'à ce que saute le verrou... Je termine mon idée : savoir donc que ça va prendre plus ou moins de temps (mais en général plutôt plus que moins) sur le peu que laisse l'emploi du temps. Alors qu'il serait si simple de l'utiliser à décompresser devant une merde à la télé ou à jouer avec ma fille. Voilà ce qui parfois m'empêche d'écrire... Aussi remarqué que paradoxalement, j'écris moins en étant en vacances. Je crois que plus j'ai moins de choses obligatoires à faire, moins j'ai plus le courage de faire des trucs essentiels. Plus difficile de résister à la vie de famille qu'aux nécessités professionnelles. Feignant donc.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Jean-Jacques Marimbert</strong> : Il faudrait tout de même distinguer les causes superficielles et les causes profondes. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Ah oui... C'est vrai qu'on est dans un séminaire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Christophe Bregaint</strong> : Qu'est-ce qui vous empêche d'écrire (en dehors d'un emploi du temps compact) ? Le manque d'inspiration, la peur de tourner en rond, la peur de faire pire qu'avant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, Rodrigue, la famille, c'est compris dans l'emploi du temps. Jean-Jacques : Je prends toutes les causes, les petites, les grandes, toutes !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Je dirais aussi la crainte d'être mauvais, de se laisser glisser sans même s'en rendre compte sur la pente de la facilité. Donc s'agirait de pas écrire autant que possible, retenir un peu, jusqu'à un point, disons, de nécessité.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui. Bon, j'enlève peut-être deux ou trois de vos raisons à tous et il reste à peu près toutes les miennes.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> : J'oubliais... Facebook !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Ah ben oui... Facebook.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> : Les soucis personnels peuvent m'empêcher d'écrire mais aussi, à l'inverse, des moments de vie agréables avec les autres (et qui sont indispensables). Il y a des moments pour écrire et des moments pour vivre. L'écriture se nourrit de la vie. Par moments, il faut savoir poser le stylo ou éteindre l'ordi et faire autre chose.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : Le bruit, internet, le sommeil, écrire, l'ego, la confiance, la flemme, la télé, le doute, le bruit (et un peu de chacune des sus-réponses).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> : Je m'empêche d'écrire. Parfois je ne me laisse pas faire, et parfois si.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Je rejoins Cédric. Aujourd'hui ce qui me gênerait le plus, ce sont les bruits parasites et l'absence de stimuli. J'ai besoin d'être engagée, sous pression.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je n'écris aussi que quand le couvercle est sur le point de sauter. Pour moi ce n'est pas un métier. Donc je peux me permettre d'attendre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Le bonheur. Déjà dit par Cathy.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Quand je crois avoir trouvé aux jeux d'argent le graal, la <em>money management</em> ou la martingale infaillible, bref quand elle dure un jour ou deux sur de bons résultats la grande illusion de transformer le hasard en dollars.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Quand arrive cette impression que tout est vain, et que je ne vaux pas un clou.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je vois, Brigitte, très bien même, et c'est aussi parfois le moment qui précède directement un regain. Une petite renaissance. Le petit coup de pied au fond qui fait remonter.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Oui, sinon on n'écrirait plus jamais. Et ce n'est pas ce qu'on peut faire de mieux non plus. C'est pas mal je trouve de se sentir vulnérable.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je ne sais pas ce que c'est, se sentir invincible, de toute façon. J'ai jamais dû prendre les bonnes drogues. La vulnérabilité laisse passer un peu de lumière peut-être, quelque chose de très positif en tout cas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Mais c'est très précisément dans cet interstice-là, cette vulnérabilité, qu'elle se glisse la poésie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Rien ne m'empêche. Suffit de s'asseoir, de prendre une feuille, un crayon, ou alors s'emparer d'un clavier. Y a toujours des choses à dire, à raconter. Du moins tant qu'on vit. Rien n'a encore été dit.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Walter Ruhlmann</strong> : Procrastination.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-39587736596963172112014-02-01T08:18:00.000-08:002014-09-04T00:27:09.112-07:00S 3<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>ÊTES-VOUS AGRÉABLE QUAND VOUS ÉCRIVEZ ? VOTRE ENTOURAGE EST-IL RÉACTIF À VOS PÉRIODES D'ÉCRITURE - QU'ELLES DURENT DEUX SEMAINES OU DIX MINUTES ?</strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> : C'est quand il n'écrit pas qu'un écrivain peut être difficile à supporter. Quand on écrit, on a toujours l'esprit un peu ailleurs que dans le réel car on est immergé dans le roman ou le recueil en cours d'écriture mais l'entourage s'habitue. Et les écrivains ne sont pas pires que les peintres par exemple.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Quand il <em>doit</em> écrire et ne trouve pas encore le temps pour, l'écrivain tourne comme un tigre dans sa cage.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Audrey Whynot</strong> : Pareil quand il écrit ou peint, ou sculpte, sauf que ça se voit qu'il tend... un instant. (Et peut-être libère... un instant.) </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> : Ni plus ni moins agréable que d'habitude. Le temps de l'écriture est aussi un temps ordinaire même s'il peut demander une durée plus longue. Quant à mon entourage, c'est-à-dire ma compagne, comme elle écrit aussi. Pas de réaction particulière.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong> : Vivant seul, aucun dommages collatéraux.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Bon, je vais mettre des griffes à ma nouvelle question : Si vous écrivez et qu'on frappe à la porte, vous ouvrez ou vous faites le mort ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : En ce qui me concerne, l'écriture (ma façon d'envisager l'écriture) me sépare du reste de la famille. En phase « d'effervescence », je suis à la fois avec et hors, un peu de surplomb/en retrait (selon), me fais l'effet d'un robinet ouvert qui coule, donc du mal à entendre le monde sous le bruit du flux continu. Ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes parfois. Si quelqu'un frappe à la porte, je réponds (au mieux), ou m'interromps (<i>a minima</i>) mais continue de tricoter dans ma tête.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : A peu près pareil que Murièle. Paraît que j'ai l'air absent. Et c'est sans doute assez vrai puisqu'une partie des événements m'échappent, des conversations dont j'ai quasiment pas de souvenirs mais auxquelles j'ai participé activement. Ça doit être chiant pour les autres.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Merci, Murièle, pour les quelques gouttes reçues de cette belle vision. Je vous rejoins avec Rodrigue, oui, c'est quelque chose de cet ordre. Et j'en profite pour préciser que je parlais de l'entourage « élargi » (foyer, mais aussi amis, collègues de travail, voisins, etc.).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Bah, pour ce qui me concerne, les collègues-amis-voisins grosso modo s'en foutent. J'imagine que dans ces moments-là, j'ai l'air juste un peu plus bizarre que d'habitude, mais la différence doit pas être énorme. Et puis peu savent que j'écris, c'est trop chiant à expliquer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Trop chiant à expliquer, oui. J'évite aussi. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : Ça peut dépendre de ce qui est écrit. Mais écrit de préférence très tôt le matin, entre café, clope, douche et coup de fusil, ou aux insomnies, donc personne pour « subir ». Impossible d'écrire lorsqu'il y a de la « vie » autour, et la vie passe avant.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : J'aimerais être capable de n'écrire qu'à certaines heures. Mais ça fait ce que ça veut quand ça veut.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : C'est un peu comme pisser, je me retiens.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Ah oui, bien-sûr, comme une envie de pisser. Mais comme une envie de pisser ça finit par prendre la tête. Je veux dire par là que les périodes d'écriture, pour moi, ça inclut aussi les moments « entre » ceux où on écrit vraiment avec stylo et clavier.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : En ce cas, oui, les périodes sont longues. Et prises de têtes.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : Quand ça sonne, je réponds toujours. Porte ou téléphone, je réponds. Je n'ai pas l'écriture triste. C'est juste mon truc à moi. Que personne ne peut me prendre. Et puis j'aime bien le soir pour ça. On embête personne quand on écrit. Pourquoi le faudrait-il ? C'est un plus dans la tête qui vit aussi tout seul.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais les autres, eux, le peuvent, nous embêter.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> : Je suis une incomprise...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> : Quand j'écris et qu'on essaye de me déranger, ça me rend sociopathe. Si je voulais écrire et que je dois y renoncer, ça me rend également sociopathe.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Merci, Anna, vous me rassurez ! </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : Je ne suis qu'Amour et Bienveillance.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> : Je ne réponds que rarement au téléphone car je déteste cet engin, que je sois ou non en train d'écrire. Mais j'ouvre la porte quand ça sonne, remettant à plus tard mes griffonnages.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Je respecte aussi les gens qui ont fait le chemin jusqu'à ma porte, et j'ouvre. Cependant c'est vrai que j'ai une sale réputation concernant le téléphone.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais je trouve qu'être appelé c'est un peu comme être sifflé dans la rue. Une forme d'ordre auquel j'ai du mal à répondre </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Pour le téléphone, je dois avoir le même genre de réputation, je déteste ça et ça se sent. Mais ça a pas grand-chose à voir avec écrire ou pas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Bah voilà, on creuse, on creuse, et puis on se rend compte qu'il y en a qui ne sont pas si gentils que ça...<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En tout cas, écrire - pour certains - rend un peu (beaucoup ?) « stoned » - cet aspect présence/absence. Monde parallèle oblige. L'entourage non-averti peut effectivement se faire un peu de mouron.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Audrey Whynot</strong> : « Monde parallèle oblige » ce serait un bon <em>motto</em> - les « services » ensuite n'ont qu'à se placer (comme ça, eux aussi, apprennent un peu de « leur » monde).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Je ne suis jamais agréable, sauf accident. Et ça n'a rien à voir avec l'écriture, malheureusement. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Thierry Roquet</strong> : Je suis concentré quand j'écris et désagréable quand on me dérange.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-20674861996386627832014-01-27T07:40:00.000-08:002014-09-04T00:18:11.613-07:00S 2B<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>PETITE VARIATION-DÉVIATION : ENTRETENEZ-VOUS UN RAPPORT PLASTIQUE RÉEL AVEC LE TEXTE ? ÊTES-VOUS SENSIBLE AU SIMPLE OBJET « POÈME » ?</strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Francesco Pittau</strong> : La plastique du texte est intéressante quand elle est signifiante mais j'ai tendance à croire que c'est rarement porteur, sauf quand on a affaire à un vrai dessinateur. Le reste c'est souvent de l'esbroufe au mieux, du cache-misère au pire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Pas du tout de rapport plastique en ce qui me concerne. Je ne suis pas visuel, et il y a des personnes dont c'est le boulot. Par contre, un fort rapport musical, ou plutôt même en dessous de la musique, auditif. C'est cela, oui, auditif.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Al, du coup, je vous renvoie aux questions de la session 1 : « Pensez-vous être un bon lecteur ou une bonne lectrice de vous-même, ou trouvez-vous toujours plus de satisfaction à entendre vos écrits dits par d'autres ? Ou les « passer à l'oral » est pour vous une hantise et vous avez opté pour l'exclusive et multiple voix mentale ? »</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong> : Non aux deux questions. Et pourtant, ce que disent certains textes se prête au linéaire alors que d'autres disent mieux ce qu'ils disent en vers ou en fragments.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais l'un d'entre vous a-t-il développé une passion pour une certaine forme ? (Je dirais, pour l'exemple, que j'aime beaucoup les distiques, dans un poème pas trop long en général.) Ou encore, trouvez-vous parfois simplement le texte que vous avez écrit « beau » (abstraction faite du sens et de la voix), sa disposition sur la page ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : Beau, j'irais peut-être pas jusque-là mais j'aime que le texte soit visuellement équilibré dans la page. C'est même un peu obsessionnel et je dois parfois me faire violence pour préserver un peu de déséquilibre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, je suis pareil, Rodrigue. D'où ma question. C'est une sorte de TOC, non ? </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : J'imagine que ça s'y apparente. Sauf que c'est quand même pas irrationnel. Comme le dit Dominique, ça reste un choix en fonction de ce qu'on veut faire passer. Parfois, je teste plusieurs versions du même texte dans des disposition différentes. Alors, ça peut être le passage à l'oral qui impose la bonne version.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Non, ce n'est pas anodin.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Audrey Whynot</strong> : Ce qui se trame dans le poème affalé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Ce questionnement est intéressant. Placer le mot dans un espace tridimensionnel comme s'il ne suffisait pas. Lui rajouter des artifices. Mais alors, il ne peut plus passer que par le regard, car hors la mise en place ou la forme donnée sur la page que le souffle, le rythme, l'intonation restituent, comment lire un tel poème ? On le reçoit émotionnellement certes parfois, l'apport (et non l'ajout) d'un support visuel ou musical, en cas de lecture à voix haute (ah, l'ailleurs mathématique d'un </span><a href="http://uneetoiledanslagorge.wordpress.com/extension/oslo-deauville/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Oslo Deauville</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, quel souvenir ! - hélas introuvable sur le net). Et que dire des supports photos « illustrées » si merveilleusement ? En tant que Nouille, j'aime avant tout et essentiellement le mot en poésie comme j'aime le contact de la page écrite. Symptomatique d'une génération à cheval sur le virtuel et le passage à la 3D ? Mon sentiment ? La poésie est évolutive comme tout langage, le lecteur s'adaptera.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Rodrigue Lavallé</strong> : La Nouille, j'ai tendance à penser que la question de la disposition du texte tient en partie à celle de l'oralité en tant qu'elle induit aussi un « rythme » de lecture, au même titre (et peut-être même mieux) qu'une ponctuation, qui peut apporter au sens et à l'ambiance du texte. C'est pourquoi je ne crois pas que cela relève forcément de l'artifice. A condition, comme tu le dis, que ça ne passe pas « que » par le regard et que les mots se suffisent aussi à eux-mêmes.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Audrey Whynot</strong> : Apport c'est très bien trouvé pour le lecteur accommodé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : La Nouille, je me demandais d'ailleurs comment étaient les lectures que faisaient </span><a href="https://www.google.fr/search?q=e+e+cummings+poems&es_sm=122&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=g95kU77JEeHL0AXRq4D4Aw&ved=0CAgQ_AUoAQ&biw=1366&bih=643" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">cummings</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> de certains de ses textes qui semblent impossibles oralement. Et puis je posais ces questions, mais moi-même je ne suis pas très porté sur le calligramme ou autres « expériences plastiques », mais plutôt sur ce dont parle Rodrigue. Et puis bizarrement sur cummings, aussi parce que là la réussite du jeu est complète. La forme apporte au sens. Et je me demandais aussi, concernant encore ce dernier, si certains de ses poèmes (du genre de celui ci-dessus) ne sont pas, par leur impossible « passage à l'oral » (parce qu'ils me paraissent tels), « condamnés » à une lecture mentale et visuelle. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> : Bof. Suis sensible à ce qui passe aussi bien à l'écrit qu'à l'oral. C'est même important la « défétichisation » de l'écrit.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br />
</div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Anna de Sandre</strong> : Pareil que Al Denton, j'écris à l'oreille. Ce qui fait que même en poésie, je fais les césures à l'oreille.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-54717343403906160202014-01-25T17:10:00.000-08:002014-09-04T00:07:36.128-07:00S 2<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4;"><strong><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">QUEL EST VOTRE RAPPORT À LA RATURE ? ÊTES-VOUS UN(E) FÉTICHISTE DU BROUILLON ? </span></strong><strong>
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">(CONFESSION : IL M'EST ARRIVÉ PAR UNE SORTE DE SUPERSTITION DE RECOPIER QUELQUES BIFFURES D'UN FEUILLET MOBILE À UN CARNET...)</span></strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Fétichiste du brouillon, mais plus de la rature, je corrige, copie, colle, enregistre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne Desroziers</strong> : Moi aussi j'écris sur ordi donc les ratures et corrections ne se voient pas. Je pense de plus en plus qu'écrire c'est réécrire, corriger, refaire. C'est là que se trouve le travail de l'écrivain, dans cette sculpture de la phrase pour essayer d'approcher de ce que l'on veut vraiment dire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Autre série de questions pour tous (et qui me vient grâce à votre réponse, Murièle) : A partir de quand considérez-vous tenir une nouvelle version ? Au premier mot changé ? Dès une simple virgule changée en point ? Ou attendez-vous des variations plus conséquentes avant d'affirmer détenir une nouvelle mouture ?... Oui, Marianne. Et puis il y a aussi le raturage mental, le travail de réécriture en amont de l'écriture « physique », l'amorce du premier brouillon encré ou électronique. Je sais que je suis attaché au brouillon papier à cause de deux choses : un besoin de fixer dans l'urgence (car je tape très lentement) ; mais surtout le transfert, peut-être, d'une activité picturale à laquelle j'ai fini par renoncer.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : J'ai des carnets, mais souvent pour noter des bouts de phrases entendus, des extraits de livres lus, mes propres mots aussi bien sûr (mais évidemment quand les mots me viennent, la plupart du temps je n'ai rien sous la main). Le travail mental préalable à l'écriture, la sédimentation est nécessaire avant le papier ou l'ordi... Ce que l'ordi a changé ? Une astreinte d'écriture, de mise en chantier, de maturation, de construction d'un fil.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong> : J'écris sur l'ordi, donc invisibilité de la rature. Mais je ne me passe pas de calepins. Écrire avec un stylo, barrer, biffer, reprendre et autres rognures.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Autre point de vue : </span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Louis Scutenaire</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> dit cela dans <em>Mes inscriptions</em> (Labor, 1990) : </span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">En règle générale, je ne poursuis pas mes inscriptions le doigt sur la plume. Presque toujours, elles s'offrent à moi qui les note sans retouche.</span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Leurs façons me font songer à un colombier, qui serait mon esprit, ménagé tout en haut de la maison, sous les combles, sans porte qui permette d'y entrer de l'intérieur et même sans échelle pour y conduire. </span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Les pigeons y vivant sortent par des ouvertures pratiquées dans le toit et, pendant qu'ils se pavanent dans la gouttière ou sur la pente, mes grands bras les saisissent, les empaillent et, souvent sans lisser leurs plumes, les rangent dans l'armoire : mon carnet.</span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span></em></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<em><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Ces pigeons ne s'envolent jamais. Parfois, mes grands bras occupés ailleurs ou trop lents, il arrive que les oiseaux leur échappent, rentrent au colombier. Plus tard, je suis bien assuré qu'ils en ressortent ; mais pour ne les avoir aperçus qu'une fois, il est bien rare que je les reconnaisse ; peut-être aussi ont-ils un peu changé.</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Belle citation... Je finalise par contre mes textes sur PC. Il n'y a rien de mieux aujourd'hui tout de même pour permettre un recul. Mais j'ai découvert que je me perdais trop vite en travaillant directement sur lui. (Et même s'il faut savoir se laisser dériver.)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Perrin Langda</strong> : Je me suis mis à écrire sur papier depuis peu, parce que trop d'ordi. Mais je finis toujours sur PC. J'écris parfois plusieurs pages Word pour obtenir un petit poème qui ne retient que l'essentiel(enfin selon moi). Le reste part souvent à la poubelle, pas toujours mais un peu au hasard. C'est pas très organisé, j'ai un fichier brouillon où j'empile les ébauches à la suite. Une fois qu'un poème est fini je colle la version finale dans un fichier individuel, ou dans le recueil en cours, et le plus souvent j'efface le reste. Des fois j'oublie. Des fois j'ai l'orgueil de penser qu'il pourrait être intéressant de garder les ébauches.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, c'est parfois intéressant de pouvoir jeter un œil sur les ébauches. Et puis de temps en temps, peut-être un regret quant au choix final ? Même s'il faut bien « finir ». </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Catherine Ferrière Marzio</strong> : J'écris directement sur le PC, je taille dans la masse en effaçant parfois des phrases entières : je ne conserve donc pas les traces de mes tâtonnements.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Question à tous : Vous forcez-vous (au moins un peu) à jeter parfois pour réduire cette plus ou moins grande complication du choix ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Ouais, j'ai un sous-dossier « Archives » les versions définitivement abandonnées finissent là (ouais ne creusons pas plus loin la non utilisation de la corbeille).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Une sorte de faux cimetière pour versions, Murièle, où on peut tout de même revenir chercher un cadavre... au cas où. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(Oui, n'allons pas plus loin.)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> : Que les morts restent avec mes morts.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : J'écris avec beaucoup de ratures et de notes à la marge, essentiellement à la main donc. Et je jette énormément de choses de façon définitive - et encore, pas autant qu'il faudrait.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Nous sommes donc au moins deux à écrire comme ça. Et vos ratures sont-elles insondables ? Ou la zone noircie laisse encore une chance au déchiffrement ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Non, on peut lire derrière, sauf accès de colère.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : J'ai encore quelques fichiers contenant les écrits et brouillons d'ado-adulescence. ça fera peut-être rire ma progéniture à la vieillesse. J'écris beaucoup sur carnet, surtout les « choses courtes », rapides, urgentes (ne pas oublier, perdre). Beaucoup de choses tournent longtemps avant de sortir. Il y a beaucoup de ratures dans la tête, donc parfois peu (mais quand même) sur le texte. Néanmoins, « retaper » le texte sur PC est parfois fastidieux niveau temps, alors j'avoue rédiger de plus en plus directement sur PC. Où ne reste que la version définitive (à contrario, je conserve les brouillons papier et carnets finis)... Et puis l'hybridation : apprécie pas mal imprimer une version en cours, la coller sur carnet, et retravailler ainsi dessus, surtout pour les textes d'une certaine longueur. Meilleure vue d'ensemble (visibilité des changements par rapport aux versions, élagage en « gros », déplacement fléché, etc.). Ensuite, se pose la question (élargissement) du sensible, dans le cadre où certains textes « photographient » un moment donné, un état d'esprit, un quelque chose qui, passé, ne permet plus (pour moi) d'être retravaillé plus tard. (Avez-vous) une sorte d'état d'urgence pour certains textes qui interdisent la rature (une fois « décontextualisé de ») ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Merci, Cédric. De répondre à mes petites questions et d'en poser une (ce qui est non seulement autorisé ici mais vivement souhaité - eh oui, histoire de laisser un peu plus de temps à ma paresse). Et je dirais : non, je ne crois pas. Le haïku ? Peut-être que les ratures sont de petits rochers, de petites couvertures qui me mettent à l'abri de finir.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> : Je me souviens du texte du héron (le premier que j'ai lu je crois). Pas un haïku, pourtant un instant fixé (mais certainement très raturé). C'est là que tu m'as accroché.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : D'un coup de bec ? Oui, de belles ratures pour celui-là, et il en mériterait d'autres. Mais même ce que l'on rate fonctionne parfois. On tenait à ceci mais l'on tient cela, et qui marche, mais l'échec en amont n'a pas disparu sous le gain autrement chanceux.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille Martienne</strong> : Je m'autocorrige beaucoup et ai tendance à ne rien garder mais j'adore (c'est rare mais cela arrive sur des blogs) assister « en direct » à la composition d'un poème. Cela m'apprend beaucoup et me rassure. Je ne suis jamais satisfaite du rendu de mon écriture, ce qui m'a obligée à abandonner les carnets pour un traitement de texte qui prend moins d'espaces. Je suis une maniaque du sens et de l'orthographe. Je trouve que la Poésie exige la précision et donc la rature... Mais qu'est-ce que l'inspiration ? Parfois un premier jet suffit alors que souvent, même repris et raturé, il manque ce quelque chose qui nous échappe Je regrette beaucoup que les forums ne servent pas justement à confronter nos idées nos impressions sans animosité, car comment progresser alors ? J'envie les anciens « cafés littéraires » où les poètes venaient lire leurs écrits et en discuter... tout en buvant un bon coup : gloups.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Mais je souhaite justement qu'ici soit un tel lieu. Mais pour les boissons, ce sera hélas chacun chez soi.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ça s'appelle Séminaire, mais ce n'est au fond qu'une grande table avec plein de chaises de libres autour. Et d'autres prises parfois (un grand merci donc à ceux qui y participent et à ceux qui y participeront).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Fabrice Farre</strong> : Les mots ne sont plus les mêmes, une fois raturés. Peut-être retrouveraient-ils un mystère qu'ils ont perdu, peut-être pas, simplement parce qu'il faut aller les déchiffrer. Sous les ratures, ils sont et ne sont pas : c'est le poème le plus abouti.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong> : Oui, et l'effort de leur déchiffrement déjà change leur valeur. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Audrey Whynot</strong> : C'est la plus grande gentillesse que m'ait fait un ancien « correcteur », de laisser raturer le stylo et de lui pardonner.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"></span><br /></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong> : La rature est devenue invisible avec la transcription à l'ordinateur.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7304594443271657440.post-86846822878124195742014-01-18T09:09:00.000-08:002014-09-03T23:57:06.512-07:00S 1<br />
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>PENSEZ-VOUS ÊTRE UN BON LECTEUR OU UNE BONNE LECTRICE DE VOUS-MÊME ? OU TROUVEZ-VOUS TOUJOURS PLUS DE SATISFACTION À ENTENDRE VOS ÉCRITS DITS PAR D'AUTRES ? OU LES « PASSER À L'ORAL » EST POUR VOUS UNE HANTISE ET VOUS AVEZ OPTÉ POUR L'EXCLUSIVE ET MULTIPLE VOIX MENTALE ?</strong></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Catherine
Ferrière Marzio</strong> : Je crois que qui écrit, se lit et relit, ne serait-ce que
pour écouter la musique des associations de mots. Ensuite, être lue... je ne me
suis pas posée cette question.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Merci, Catherine. Et je pourrais rajouter ces autres questions (qui
s'adressent à toutes et tous) : Aimez-vous votre timbre de voix quand vous
lisez ? Vous paraît-elle étrangère parfois, cette voix qui sort de vous, vous
relisant dans l'intimité ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Catherine Ferrière
Marzio</strong> : Etrangère ? Non, mais je ne l'écoute pas pour elle-même, je l'écoute
en tant que « véhicule » de la musique que je veux obtenir. Peut-être
que si je l'entendais, je pourrais alors éprouver ce sentiment d'étrangeté.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Oui. Je parle de ça, parce que pour ma part, je ne me relis qu'en
« psalmodiant », car plus haute ma voix semble plus lointaine et martiale,
donc un peu déshumanisée.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Catherine
Ferrière Marzio</strong> : Il y a dans votre vocabulaire les mots des prières.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Oui, c'est vrai, je commence à parler comme un curé. Le monacat me guette.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Catherine
Ferrière Marzio</strong> : Par les temps qui courent et viennent, il y a pire comme
destination.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :
Préfère la voix mentale. Lit les autres en silence, et trouve toujours que les
(mes) textes sont mieux lus par d'autres que par moi-même. La voix est-elle
toujours réellement la nôtre quand elle sort d'ailleurs de notre corps,
désincarcérée ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Oui, Cédric, je vois exactement ce que tu veux dire. Et je peux même avouer
maintenant que j'ai déjà donné quelques excuses bidons pour me soustraire à une
lecture de mes textes.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cédric Bernard</strong> :
Je suis. On ne m'a jamais proposé, mais c'est quelque chose que
j’appréhenderai.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Alain Guillaume</strong>
: Ai essayé mais reste mitigé par le résultat. Crois avoir donné la bonne
cadence et de ce point de vue il me semble qu'il n'y a que l'auteur qui sente
bien la cadence telle qu'il l'a écrite, ça reste pour le moins mon impression
me concernant, mais des défauts parfois d'élocution ou d'emphase inutile, des
mots bouffés, demanderaient encore un sérieux travail pour passer du stade de
récitant du dimanche à celui de tous les autres jours de la semaine.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Dominique Boudou</strong>
: Peut-on être un bon lecteur de soi-même, même si on a un peu de talent pour
dire, ce qui est mon cas ? Je ne le crois pas. Je n'ai aucun problème pour lire
en public les autres, mais moi, c'est une autre paire de manches. Comment
pourrais bien lire/dire ce que j'écris alors que je ne sais pas ce que j'écris ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Brigitte Giraud</strong>
: J'aime lire les autres, les textes qui me plaisent. Parfois, me lire ne me
pose pas trop de problèmes. Je bidouille avec mes mots. Mon bricolage. J'écris
aussi à la voix. Et que d'autres me lisent, c'est du cadeau. Cela m'est arrivé
quelquefois et je pense surtout à la mise en voix d'un de mes textes par le
</span><a href="http://www.theatredestafurs.com/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Théâtre des Tafurs</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">, voix et musique, et le talent de François Mauget : émotion
émotion.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Oui, Alain, le pathos est toujours là, à l'affût. Et c'est un sacré
travail que de parvenir à s'entendre « sur soi-même »... Oui, les autres, c'est toujours un plaisir. Par exemple chez Williams, ce qui
me plaît, c'est de déchiffrer (dans ses <em>Tableaux de Brueghel</em> par exemple) cette
sorte de parcours de flipper que suggère sa voix écrite - et qui doit bien
évidemment allumer chaque lampe et faire sonner chaque champignon à l'oral.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Murièle Modély</strong> :
Je corrige souvent à haute voix. J'aime lire à haute voix, mes textes (sans
doute pas la mieux placée pour cela), les textes des autres : avoir les textes
en bouche pour la « ouie-ssance » (</span><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Verheggen" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">JP Verheggen</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Merci, Murièle. Pas mal cette « ouie-ssance ».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Marianne
Desroziers</strong> : Ecouter ses textes lus par un autre, c'est une expérience très
enrichissante et un peu déstabilisante : on redécouvre le texte dès qu'il est
lu à haute voix par un autre que soi. Je me souviens avoir été très étonnée par
une jeune femme lisant un extrait d'une de mes nouvelles - qui était très
sombre - de façon très gaie : j'en ai été troublée. Cela a modifié ma façon de
lire un autre extrait de cette nouvelle quelques minutes plus tard (j'ai lu de
façon beaucoup plus légère, moins grave). J'aime beaucoup lire les textes des
autres et écouter les autres lire mes textes. J'envisage aussi de lire des
extraits de mes textes et les mettre sur mon blog prochainement. La voix de
l'auteur accompagnant ses mots, cela peut intéresser les lecteurs !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: On est toujours effectivement surpris (au moins un
peu) par l'autre. Et le plus souvent très positivement. Sinon, pour ceux qui ne
connaissent pas, la Revue </span><a href="http://ruesaintambroise.weebly.com/-a-eacutecouter.html" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Rue Saint Ambroise</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> (nouvelles) met en ligne la voix de
ses auteurs (ceux qui acceptent l'exercice). On y trouve notamment </span><a href="http://entre-sort.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Perrine Le Querrec</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"> et </span><a href="http://albanlecuyer.weebly.com/" target="_blank"><span style="color: #948bc4; font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">Alban Lécuyer</span></a><span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;">.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>La Nouille
Martienne</strong> : Je lis toujours la poésie à haute voix (au moins une fois) mais je
crois que la Lecture (avec majuscule) doit être faite par un professionnel.
C'est un métier (une passion) qui n'est pas inné. La voix donne chair et rythmes
(d'ailleurs on peut redécouvrir une œuvre en l'écoutant, et lui offrir ainsi
un autre visage). Je pense cependant que nos moyens techniques actuels rendent
la lecture beaucoup plus charnelle, beaucoup moins artificielle qu'avant.
L'émotion est alors plus présente et transmissible. Quant à la tonalité de la
voix, c'est toujours un choc de s'entendre dans un enregistrement car nous
percevons l'émission de nos sons à travers notre corps (ce qui lui donne de la
profondeur) et pas seulement par une vibration de l'air.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: L'habitude des enregistrements a contribué à ce progrès d'une lecture moins
artificielle, oui. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Al Denton</strong> : Je
ne me suis jamais lu à haute voix. Je me murmure, uniquement dans ma voiture,
certaines strophes en boucle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
</span></div>
<div style="margin: 0cm 0cm 8pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Un truc qui nous rapproche. Comme je dis plus haut, je psalmodie mes
textes plus que je les dis. Et la boucle façon mantra je connais aussi un peu.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Justin Delareux</strong>
: Hantise de la lecture à voix haute. Impression d'un timbre étouffé passant
par le nez retenu par la gorge. Impression étrange par l'articulation de la
bouche et mouvement de la mâchoire incertain. Aucune présence vocale. Lecture
plate... En revanche possible amitié avec le dictaphone (ce n'est plus moi).</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Le fait de se lire avec une voix hybride - car celle
intérieure (avec laquelle on écrit) se mêle à celle quotidienne (avec laquelle
on parle tout le jour) - est toujours assez décevant. On ne se reconnait pas.
La voix poétique, oralisée, doit, je pense, être une voix libérée des deux
autres habituelles. Je me souviens souvent de ce que nous disait notre prof de
musique quand j'avais onze ans : « Dans la discussion, très peu utilisent
leur vraie voix. Parce que nous avons reproduit les intonations, les tics
vocaux de ceux qui nous ont appris à parler. Mais c'est cette voix intime que
nous devons trouver en nous pour chanter. » </span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Cathy Garcia</strong>
: Voir autre réponse, passage par l'oral quasi incontournable, par d'autres,
c'est encore mieux.</span></div>
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><br />
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<span style="font-family: "Trebuchet MS", sans-serif;"><strong>Stéphane Bernard</strong>
: Oui, là-dessus je crois qu'on est tous d'accord : l'autre, c'est toujours un
apport.</span></div>
Stéphane Bernardhttp://www.blogger.com/profile/12488728247762873339noreply@blogger.com0